« Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé ; il le continue »

Auguste Rodin

C’est lourd d’un bagage rempli de surprises glanées à travers leur monde que débarque enfin devant les yeux ébahis du public la nouvelle exposition de messieurs Lionel Le Néouanic et Christian Olivier alias Les Chats Pelés (ne vous fiez pas au jeu de mots phonétique!).

Prenez une profonde inspiration, car pour vous immerger pleinement dans leur univers, c’est à la veille du vernissage, dans la salle Jacques Prévert à Blanzy, que les deux créateurs, alors en plein travail d’installation, nous reçoivent…

Odeur de peinture fraîchement appliquée, outils divers parsemés ça et là sur la bâche en plastique recouvrant le sol, œuvres appuyées sur les murs ou reposants sur des tréteaux, poste-radio désireux de se faire entendre malgré les bruyants coups de marteau… La salle Jacques Prévert a tout de l’atelier d’artiste tel que l’on se l’imagine.

A la recherche des duettistes, nous déambulons précautionneusement parmi le maelström de créations.
Sans le savoir, le voyage a déjà commencé!

De minuscules personnages en pâte à modeler ou terre-cuite nous observent dissimulés derrière des rouleaux de papier-bulles ou depuis une gamelle en métal. La sensation d’être des géants nous envahie alors. Ici, des rochers de toutes tailles à visages humanoïdes sont empilés, avec un équilibre défiant les lois de la gravité, jusqu’à plus de deux mètres de hauteur! Là, c’est un véritable mur qui s’impose à nous mélangeant sculptures, peintures et dessins. Notre sensation de gigantisme disparaît alors subitement!
Alliant subtilement des matériaux qui ont vécu, les deux hommes réussissent haut la main à donner corps et âme à leurs créations. Toile de jute, carton, papier-mâché, bois, etc…, leur préférence se porte à l’évidence sur ce qui se dégrade, ce qui vit.

« Nous sommes en retard pour demain, ça se voit non? » nous lance dans un sourire Christian par l’encablure de la porte qui mène à une petite pièce adjacente.

Le chanteur des Tête Raides nous convie à le suivre et nous présente à Lionel qui, à ce moment, tire tant bien que mal une rallonge électrique récalcitrante.

« Nous ne pouvons pas nous arrêter, le temps presse! » lâchent-ils à l’unisson.

C’est donc dans cette conviviale ambiance de travail que nous découvrons le sympathique duo.
Les deux artistes se sont rencontrés en 1985 lors de leur enseignement à l’Ecole Estienne (établissement réputée en art graphique). Leurs points communs et leurs affinités les rapprochèrent à l’époque. Depuis ces facteurs se sont mués et c’est à présent de complicité et d’osmose qu’ils parlent. Il ne peut en être autrement lorsque l’on sait que l’un peut commencer une œuvre et l’autre la finir !

« C’est une évidence, à deux nous sommes bien plus forts ! »

Depuis des années, les amis s’appliquent à construire un univers évoluant au fur et à mesure de leurs rencontres avec les gens et les matériaux. Ces invétérés du travail ne s’interdisent aucun vecteur ni aucun support qui les feraient progresser dans leurs envies. Même s’il ne connaissent pas le matériel ou le matériau, ils n’en sont pas moins créatifs et performants.

« C’est un véritable jeu pour nous ! » nous confie Lionel.

« Et puis tant qu’on se fend la poire ! » surenchérit alors Christian.

C’est cette dynamique qui aujourd’hui encore motive ces deux acharnés de l’originalité pour concrétiser le projet d’un livre illustré suivi d’un film d’animation composé de multiples petites histoires.

Résidents de régions différentes, les passionnés se retrouvent fréquemment à Paris dans un atelier non-loin de la galerie « La Niche » appartenant à Christian (rue Faidherbe).

Doucement, la porte d’entrée s’ouvre. Monsieur Mazurek Hervé (adjoint à la culture, à la communication, aux sports et aux associations sur Blanzy) rend visite aux Chats Pelés afin de s’assurer que tout aille pour le mieux.

Avant de repartir, les yeux brillants de plaisir,  monsieur Mazurek, aussi conseiller pédagogique, parcourt la salle du regard. Ayant organisé cette manifestation culturelle, il peut se féliciter de recevoir Les Chats Pelés et de citer que, déjà, quatre-vingt classes d’enfants (allant même jusqu’au delà de la CCM) vont venir découvrir cette magnifique exposition d’ici la fin du mois de novembre.

Propice aux divagations de l’imagination, cette exposition prononcera sans nul doute leur goût pour la découverte, l’art et la création.

N’oublions jamais que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain…

Texte et photos : Sam Soursas