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vendredi 15 novembre 2019 à 07:09

Montceau-les-Mines : à l’Embarcadère avec plus de 400 personnes

Conférence de Christian Bobin Le matin du monde



 



 

 

Ce jeudi soir, plus de 400 personnes ont assisté à la conférence de Christian Bobin à l’Embarcadère.

 

 

 Michèle Simoninprofesseur de philosophie a joué le rôle de la « questionneuse. »

En préambule, elle se livre à une évocation de Christian Bobin et de son œuvre avant d’entamer les échanges.

« Le sourire, signe de notre passage sur terre,

comment présenter un poète avec les mots ordinaires, ce poète qui parle de la vie et de sa fragilité, en marge, au-dessus, au-delà !

Le monde est précieux mais précaire. Dans ce monde où la marchandisation domine, entendre la voix du poète n’a pas de prix ! Tout est confié au silence.

 Lançons-nous dans cette improvisation joyeuse ! »

 

Dans un premier temps, Christian Bobin évoque Kafka, lorsqu’en fin de vie, « incapable de parler, il écrivait des petits mots pour les personnes présentes pour qu’elles s’occupent des fleurs. C’est l’inverse de ce qui se passe dans notre monde qui nous emmène à ne nous tourner que vers nous-mêmes. »

 

« Je ne respecte pas les murs de Berlin entre les vivants et le morts. Je pense et je ressens. Le poète, le saint, le guerrier ont le devoir de toujours surprendre mais c’est un devoir pour tous de sortir en douceur des conventions. »

 

 

Michèle Simonin reprend deux pistes : la simplicité qui révèle la profondeur et « je pense je ressens, qui se rapprocher de « je pense avec le coeur » ?

 

« La simplicité, c’est la grande affaire, la grande porte qui nous ouvre à nous-même. Nous craignons l’abîme et nous ne voyons plus la simplicité.

Ecrire c’est enlever des mots. Il faut de l’air entre les mots. « L’ange du simple » relance les dés dont toutes les faces sont des 6.

Penser et sentir , c’est l’autre versant de la simplicité. La pensée seule, c’est une méthode, du formalisme. Le coeur seul, c’est le Titanic dont nous avons tous fait l’expérience du naufrage à un moment ou un autre.

L’intelligence… Les personnes les plus intelligentes que je connaisse sont les oiseaux !

Ils font dix bonds pour récupérer une miette de pain alors que deux suffiraient.

Les moineaux sont lamentables au niveau de l’économie libérale !

Ils mêlent le jeu à la vie au-delà de leurs simples besoins. Les huit bonds non nécessaires servent à la joie, au rêve !

Penser, Aimer, Ecrire, Respirer : sur la même ligne

 

« En automne, je suis milliardaire ! »

Les indiens donnent des noms de parents aux choses de la nature auxquelles les technologies font passer des interrogatoires forcés.

 

L’écriture est une des dernières réserves indiennes.

Tous les amoureux sont des poèmes, les visages sont des alphabets, les boucles de cheveux sont les lettres… Le poème est l’anti-machine, le langage taillé comme un roseau. Le poème est une énigme qui éclaire toutes nos énigmes. »

 

Et l’amour… « C’est une catastrophe splendide. La matière de la pensée c’est tout simplement l’Humain.

Aimer et souffrir, épouvantable et merveilleux », le bal des oxymores !

 « On ne naît pas humain, on le devient et on a à le devenir ! »

 

En réponse à une question sur l’enseignement de la poésie, Christian Bobin répond qu’il ne dira rien contre l’école, « ce lieu où il y a des gens qui donnent tellement. Les vraies leçons ne sont jamais données par un maître. La poésie ne s’enseigne pas. On n’enseigne pas, on ne donne pas des cours d’amours.

Qui va enseigner le vent ?

Le souvenir évoqué ?

La collision entre le vent et la main de la mère ?

Le professeur peut apporter l’amour de ce qu’il aime, pour peu que l’institution lui laisse de la marge et ne le dévore pas. »

 

 

Christian Bobin est  en 1951 au Creusot, d’un père dessinateur à l’usine Schneider et d’une mère calqueuse.

Il est l’auteur d’une œuvre fragmentaire où la foi chrétienne tient une grande place, mais avec une approche distanciée de la liturgie et du clergé.
Après avoir étudié la philosophie à Dijon, il a travaillé pour la bibliothèque municipale d’Autun, à l’Écomusée du Creusot et a été rédacteur à la revue Milieux ; il a également été élève-infirmier en psychiatrie.


Sa forme de prédilection est le fragment, une écriture concentrée faite de petits tableaux représentatifs d’un moment. Ses ouvrages tiennent à la fois ou séparément du roman, du journal et de la poésie en prose.



J.L Pradines

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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Un commentaire sur “Montceau-les-Mines : à l’Embarcadère avec plus de 400 personnes”

  1. jr dit :

    « Le mystère de ce qui finit mais ne meurt pas ».
    Peut-être s’explique-t-il par le manque, ou le besoin d’émerveillement.
    Si la vérité est dans l’instant, dans le naturel dans l’inattendu, le végétal, l’animal, le sonore, le vide ou le mélodieux alors la beauté est éphémère car instantanée, elle est brutale car soudaine et ne prévient pas quand elle nous saute aux cœur. La vérité est chose de la vie mais volatile, en suspend, irréelle, elle est présente dans le souffle, dans l’esprit et n’est comprise que par le cœur, perceptible par nos sens.
    Alors l’intelligence est dans l’inexplicable et l’intelligent dans le ressenti.
    Merci Christian pour ce doux moment de remise en cause de soi ou de moi