Djamila Hanafi à l’Embarcadère (Montceau-les-Mines)
Un univers à part, polymorphe, à découvrir jusqu'au 23 juin 2012
Depuis le samedi 31 mars et jusqu’au 23 juin, l’on peut découvrir à la galerie de l’embarcadère une installation et des œuvres réalisées par l’artiste Djamila Hanafi ; cette artiste, diplômée des Beaux-arts, a aussi exercé le métier de tailleur de pierre en Allemagne et a travaillé à la restauration de bâtiments anciens.
Invitée à exposer son œuvre, Djamila Hanafi n’accroche pas aux cimaises des toiles exécutées auparavant. Elle investit plutôt l’espace d’exposition dans lequel elle va placer une œuvre polymorphe, créée sur place, mêlant dessin, architecture et technique de bâti traditionnel, sculpture et vidéo en une installation éphémère.
Elle a d’abord, à Montceau, pris possession de la grande halle des Ateliers du jour encore marquée des traces du labeur des hommes de la mine. Elle étale sur le sol de grandes plaques en journaux recyclés, encollés et blanchis et y dessine des figures géométriques, en de mystérieux assemblages. Elle les accrochera dans la galerie aux côtés d’autres dessins, des têtes, des visages, des paysages : souvenirs de voyages extérieurs ou paysages intérieurs ?
Et puis, elle se fait livrer de la terre d’ici, issue d’un chantier en cours, plus « noire » dit-elle que celle de la « Drôme », et selon une technique de bâti ancestral, à la main, elle va créer des murs, et des volumes et aménager l’espace.
La terre est omniprésente dans sa démarche créatrice et son ambivalence l’intéresse, on peut la creuser pour extraire de la richesse, cela résonne bien dans notre pays minier, mais elle est aussi sépulture et la grosse tête qui y repose de tout son poids dans un étrange sommeil évoque ce pouvoir de la mort, aboutissement « du destin d’une espèce qui vit à l’écoute d’un trop plein de rêve »
Elle peuple cet univers qu’elle a créé dans la galerie d’une série de figurines, les Eugènes déclinés en bronze, têtes vissées au torse tronqué au regard lointain, figures cependant expressives, nous renvoyant à nous-mêmes.
Plus loin, à la porte de l’installation, une conférence de Golems, humanoïdes artificiels doués de vie dans la tradition hébraïque, conçus pour servir leur créateur mais capables de se retourner contre lui : « dilemme de la force du pouvoir créateur et de la force de la créature »
Les vidéos et la bande sonore qui parachèvent cette installation évoquent les pas de notre passage sur terre et le cheminement de l’artiste dans l’histoire des arts.
Les dessins, images, volumes de terre, sculptures, la présence d’êtres ambigus dans cet espace réinventé, orientent notre réflexion sur les thèmes universels.



