À l’occasion de la Journée des Artistes de Mont-Saint-Vincent, nous avons rencontré Arnaud Dubarre, peintre installé à Limoges. Infirme dès sa naissance se déplaçant en fauteuil roulant, il a appris très tôt à utiliser sa bouche pour accomplir des gestes du quotidien. Aujourd’hui, c’est aussi avec elle qu’il donne vie à ses toiles.

« J’ai toujours été attiré par le dessin, beaucoup plus que par l’écriture. Je fais partie d’une association internationale regroupant 800 peintres à travers le monde dont une vingtaine en France, l’APBP – Artistes Peignant de la Bouche et du Pied – qui m’a permis de suivre des cours, acheter du matériel adapté et avancer dans ma pratique. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ma peinture, de pouvoir employer quelqu’un, en clair de ne plus dépendre de la société, », raconte-t-il avec un brin de fierté.

Pour Arnaud, peindre n’est pas seulement une activité artistique, mais aussi un moyen de rencontrer des personnes et de voyager. « J’ai découvert des paysages incroyables, fait trois fois le tour de la France, voyagé à l’étranger… Tout cela grâce à la peinture. Honnêtement, c’est peut être un peu utopique mais je me dis parfois que j’ai la chance d’avoir été un fauteuil pour découvrir tout ça. »

En parallèle de ses expositions, il intervient régulièrement dans les écoles et les entreprises. Son approche est participative : après une démonstration, il invite les participants à dessiner et colorier à la bouche. « Les gens se découvrent capables de choses qu’ils n’imaginaient pas. C’est ce côté-là qui est magnifique. Avec les enfants, l’handicap disparaît très vite. Ils posent des questions simples au début, puis ils se concentrent sur l’essentiel : la créativité. »

Son témoignage et son art ouvrent un champ d’inspiration puissant : celui de transformer une contrainte en force, et de rappeler qu’« au-delà du regard porté sur le handicap, chacun est capable de créer et de s’accomplir ». Une belle leçon de vie.

Nicolas Gidaszewski