Démocratie, mon amour : une soirée qui bouscule nos certitudes
Un spectacle participatif et éclairant à L’Embarcadère
Ce mercredi 20 novembre à 20h30, la salle de L’Embarcadère a accueilli le spectacle « Démocratie, mon amour », qui a rassemblé près d’une centaine de personnes, dont de nombreux lycéens. Une soirée participative, vive et terriblement actuelle.
Aux commandes de cette proposition : les deux acteurs Antoine Linguinou et Leïla Déaux, tous deux très justes et très drôles, formant un duo d’une grande complicité. Ils échangent les rôles en permanence, passant tour à tour d’un registre à l’autre avec une fluidité remarquable, n’hésitant à remonter jusqu’en Grèce antique pour étayer leur propos. Tantôt démonstrateurs, tantôt commentateurs, parfois complices, parfois contradicteurs, ils jouent à deux une partition vive, inventive et parfaitement rythmée.
Avant même le début du spectacle, le public est invité à classer cinq légumes par ordre de préférence. Un exercice anodin en apparence… jusqu’à ce que, une fois la représentation lancée, les artistes modifient le mode de scrutin. Et là, surprise : à chaque nouveau système, un légume différent devient « vainqueur ». Entre rires et étonnements, cette démonstration aussi drôle que subtile révèle à quel point la démocratie est un mécanisme délicat, où le résultat dépend parfois autant de la règle que du vote lui-même.
Le spectacle trouve un écho particulier dans un moment où l’on s’interroge beaucoup sur nos démocraties, où nos systèmes semblent arriver à bout de souffle, et où le populisme s’invite dans les prochaines élections. En France, on vient de changer de Premier ministre plusieurs fois en un an, symbole d’une instabilité qui interroge la fiabilité même du système. Dans un pays où, de surcroît, le budget national sera péniblement voté en cette fin d’année, la fragilité institutionnelle se fait sentir encore plus clairement. Ici, on prend le temps de réfléchir autrement, de regarder ce que l’on croyait évident… et de découvrir que rien ne l’est vraiment.
La pièce soulève également une question essentielle : sommes-nous réellement armés pour comprendre la démocratie ? Avec seulement une heure d’éducation civique au collège pour beaucoup de jeunes, le doute s’installe. Les lycéens présents n’ont d’ailleurs pas manqué de réagir : amusés, surpris, parfois interpellés par ce qu’ils découvraient sur les systèmes électoraux et leurs nuances.
Et puis vient une interrogation qui bouscule autant qu’elle fait sourire : est-il finalement logique que les moins de 18 ans ne votent pas, alors que les personnes très âgées, parfois éloignées des enjeux qui concernent les jeunes générations, votent toujours ? La question n’a rien d’anodin et ouvre un espace de réflexion rare, apaisé et accessible.
Bref, un souffle revigorant et un questionnement précieux sur des sujets que l’on ne questionne plus — et que l’on devrait pourtant interroger bien davantage.
Nicolas Gidaszewski















