Les objets de la vie quotidienne prennent vie et se montrent sous un jour nouveau
Sous les doigts de Gilbert Legrand
On aura beau dire qu’internet est la porte ouverte à toutes les dérives, mais quelquefois, il faut bien reconnaitre qu’on y fait de belles découvertes. Ainsi, au hasard d’un envoi destiné à faire rire, on se retrouve devant un travail d’artiste qui nous laisse bouche bée. Et encore, il ne faut pas le dire trop fort car Gilbert Legrand est bien capable de transformer votre bouche en lampe design ! Ou plutôt le contraire…
Et Gilbert est le roi du détournement. De fonds, de mineurs ? Pas du tout, bien évidemment. Ce grand artiste détourne tout simplement les objets de la vie quotidienne pour les transformer en œuvres d’art. Au grand dam de son épouse qui aimerait bien retrouver ses ustensiles de cuisine chaque jour là où elle les a rangés. Hélas, trois fois hélas ! Son créateur de mari fait régulièrement une razzia dans son domaine réservé. Pour la bonne cause certes, mais tout de même.
Né en région parisienne il y a quelques décennies, Gilbert Legrand vit et travaille à Toulouse depuis une vingtaine d’années. L’homme est diplômé des arts appliqués de Paris en arts plastiques et design. Après cinq ans passés dans une agence, il devient au début des années 80, illustrateur indépendant pour l’édition et la publicité. Ainsi, nous devons à l’artiste de nombreuses illustrations de pub telles que celles pour Candia, Crunch, Carolin et autre plaquette pour la CPAM.
Mais au fil des années, Gilbert sent bien que sa vocation est ailleurs. A ce jour, il cumule donc deux activités qui font appel à son imagination débordante et galopante. En effet, il pratique l’infographie pour des commandes spécifiques comme les couvertures de livres, les montages numériques et la création de personnages pour les hypermarchés et autres structures commerciales. De plus, il excelle dans la réalisation d’illustrations en volume, avec comme point de départ des objets du quotidien. Objets détournés de leur usage habituel et transformés en personnages poétiques et/ou humoristiques.
Ainsi, son public ne s’étonne plus de trouver balais, cintres, robinets, râteaux, pioches, presse-citron et autres râpes à fromage transformés de telle façon qu’on ne peut que saluer le travail du toulousain. Madame doit même cacher ses boites à œufs vides, ses fermetures éclair, ses tire-bouchons et même ses boites de mouchoirs en papier. Bref, tout ce qui tombe sous les yeux de son mari est déjà destiné à être méconnaissable dans les heures qui suivent.
Et de fait, depuis 10 ans, Gilbert Legrand fabrique et expose ses quelques 500 pièces dans les centres d’art à Toulouse, mais aussi dans toute la France (Lyon, Paris, Bordeaux etc). Pour le plus grand bonheur des municipalités et des écoles qui s’arrachent le privilège d’admirer son travail. Ses expositions restent en général un mois sur place et font le plein de visiteurs.
En fait, l’aventure a débuté lorsque les éditions Milan lui ont demandé d’illustrer des livres destinés à la jeunesse.
De fil en aiguille, au gré des personnages, il a crée ses drôles d’objets et depuis cette époque, l’artiste s’est fixé un objectif : dégager des mots et de la poésie et toucher les gens avec ses créations. Toutes sont faites de bric et de broc et comme Gilbert le précise : « En général, je récupère des emballages qu’on jette habituellement, des ciseaux, des scies, des brosses, mais il m’arrive également de chiner sur les brocantes et si par hasard je trouve par exemple une scie ouvragée, j’achète ! ».
Et lorsqu’on demande à Gilbert Legrand s’il vend ses œuvres (toutes des pièces uniques) il sourit et répond qu’il en a vendu pas mal, mais qu’en ce moment, il se concentre sur la publication de son second ouvrage et qu’il n’aurait pas le temps de renouveler son stock. Le premier opus s’intitule « Le grand show des petites choses » et le second (à paraitre en 2013) « Les petites choses à New-York » publiés aux éditions Sarbacane. Et comme il le dit : « Dans le premier livre j’ai mis en scène mes objets-personnages et dans le second, je leur ai donné vie car les voici maintenant aux States en quête d’une vie meilleure ».
Gilbert avoue que depuis tout jeune, il entretient un rapport particulier avec les objets. A tel point que, tout petit garçon, il jouait avec l’aspirateur de sa maman, le transformant pour l’occasion en vaisseau spatial ! Quant aux outils de son père, ils n’ont pas échappé à l’œil acéré du futur artiste. Et c’est ce qui lui fait dire en conclusion : « J’ai attendu d’être adulte pour me livrer à cette passion, mais je ne le regrette absolument pas. Je suis heureux d’avoir commencé tardivement car à créer trop jeune, on s’épuise vite ! ». Il n’empêche que Gilbert s’inquiète un peu tout de même : et si demain, son imagination se tarissait ? Allez, Gilbert, aucun risque. Nous sommes mêmes prêts à parier qu’à l’heure qu’il est d’autres objets détournés sont en gestation. Pas vrai ?
En tous cas, une telle exposition mériterait sa place dans notre ville. D’autant que l’artiste n’est pas gourmand. Il crée et c’est déjà beaucoup dit-il.
3 commentaires sur “Les objets de la vie quotidienne prennent vie et se montrent sous un jour nouveau”
Splendide.
Vous avez vraiment de grandes capacités artistiques et je vous félicite.
Amitiés
Article très interéssant ! Merci à son auteur(e) !
Effectivement une expo à montceau ce serait super !!!
superbe magnifique et quel imagination bravo a ce futur artiste et que ces objets soit vus par bcq d’entre nous continué a nous épatés