Lac Saint-Louis (Montceau-les-Mines)
Ou l'histoire de la mine et de quartiers enfouis sous les eaux !
Ou l’histoire de la mine
et de quartiers enfouis sous les eaux !
Le paysage n’a pas toujours ressemblé à celui que l’on peut admirer-découvrir aujourd’hui. « Sous les pavés la plage » disaient les soixante-huitards mais ici c’est « sous l’eau, l’histoire » !
Il n’y a guère que ses riverains et les habitués du stade des Alouettes ou de la pyramide qui peuvent contempler ce vaste lac de Saint Louis qui s’étend depuis la parking de la pyramide jusqu’au parking du stade en longeant d’un côté le quartier des Alouettes et celui de la Sablière et de l’autre les nouvelles rives de la rivière la Sorme, qui vient du barrage et se jette dans la Bourbince près du Mémorial d’Afrique du Nord. Même du sommet de la pyramide, il est difficile de le voir à cause de la végétation qui a envahi son pourtour.
L’histoire de ce plan d’eau remonte à la fin des années 60 lorsque l’on décida d’exploiter les gisements du charbon à ciel ouvert. En effet, à la place du lac, existaient, autour du puits Saint Louis des quartiers vivants, peuplés de familles de mineurs, ces quartiers avaient pour nom : Les Alouettes, Saint Marguerite, la rue de Soissons, les Estiveaux, le Stand, la Sablière, l’Impasse de la Sorme..…. On délogea puis relogea les familles, on détruisit ensuite toutes les habitations et l’on commença l’exploitation à ciel ouvert. Lorsque cette exploitation cessa, au tout début des années 80, l’eau commença à s’installer dans le « trou ». Aujourd’hui, le niveau de l’eau, d’après les services techniques de la ville, aurait atteint son maximum (de l’ordre de -90m). Pour l’anecdote, sachez que dans les années 80, une convention d’utilisation du site aquatique fut signée entre le club de plongée Thalassa et les Houillères dans un premier temps, puis avec la ville dans un 2ème temps (lorsque celle-ci l’eut acquis). Ensuite, cette convention s’éteignit lorsque la DRIRE (Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’ environnement), découvrit des risques de siphonnage. Les « parapluies » ainsi ouverts, le lac St Louis semble couler des jours heureux comme décor non vu, comme plan d’eau non utilisé… même son eau trop minérale ne peut être distribuée au bétail en temps de sécheresse. Croisons les doigts pour qu’aucun accident écologique ne vienne perturber son sommeil.
Parallèlement à l’exploitation du charbon, le site a fait l’objet de recherches de fossiles qui lui ont permis d’obtenir une notoriété mondiale. A ce sujet, nous vous invitons à consulter le site très documenté de Daniel Sotty : www.sotty.com et celui (entre autres) de la Physiophile : www.physiophile.fr .
Intéressons nous maintenant à la vie qui existait à l’emplacement de ce lac.
Bien sûr, tout tournait autour des puits engloutis qu’étaient « Saint Louis » et « l’Ouche ». Le charbon extrait de ces puits était acheminé par la voie ferrée jusqu’aux Chavannes (tri, lavage, boulets, exportation etc…).
Ce train déambulait prés du stade, passait par la cité Ste Marguerite et terminait son chemin après la Maugrand.
Existaient aussi de part et d’autre de la rue de Soissons, appelée également rue des acacias, les carrières St François et des Estiveaux.
La rivière la Sorme, après être passée sous le pont du même nom (route de Blanzy au Bois du verne), après quelque méandres et son « grand tournant », passait sous le pont de chemin de fer (St-Louis – L’Ouche), longeait l’Impasse de la Sorme, passait sous le pont de la route Blanzy – Montceau (par la Sablière), traversait le « Stand » avant de se jeter dans la Bourbince. Après les terribles inondations de 1965, la construction de son barrage et avant l’exploitation à ciel ouvert, son cours fut détourné, les ponts détruits et tout ce qui lui était riverain également.
Que de souvenirs d’enfance sont également ensevelis pour ces gamin(e)s qui jouaient à côté et sur cette rivière calme et poissonneuse, sur leurs radeaux confectionnés de bidons ou encore qui pêchaient le goujon près du caniveau du déversoir des douches du puits ou encore, les moutelles, à la main, après les cascades du pont, sous les cailloux près du stand. Le chevenne se laissait parfois prendre au « meuron » ! Par temps de pluie, ils y étaient quand même près de la rivière, dans leurs luxueuses « cabanes » construites en ossature et charpente de bois de verne et dont les murs et le toit étaient tressés de « balais » ! Oui, c’était le Paradis et ces moments passés dans celui-ci, vont rester à jamais gravés dans leur mémoire.
Et puis tous ces quartiers également engloutis avec leurs souvenirs, la Cité Ste Marguerite, le Stand, les Estiveaux, les « baraques » de la rue de Soissons, la Sablière…. Savez vous qu’avant 1968, à la Sablière, dans les seules rues du Creusot, de la Pépinière et de la Sablière il y avait :
– 6 épiceries dont 3 avec « tournées) dans le quartier (Casino, Docks, Coop)
– 2 boulangeries (dont une polonaise)
– 4 boucheries charcuteries (dont 1 polonaise)
– 1 coiffeur
– 2 cafés
– Etc…
Aujourd’hui… ???… même les écoles sont fermées, s’il nous voit, l’abbé Gay qui officiait aux Estiveaux, dans son chalet et qui permettait aux enfants de voir « Rintintin » à la télé, le jeudi après midi, même s’il sait, lui aussi, comme nous tous, qu’il faut vivre avec son temps, doit être bien triste…
Oui, tous ces quartiers disparus et tombés dans l’oubli (sauf pour ceux qui les ont connus) étaient pourtant bien vivants, et aujourd’hui, il est très difficile de trouver des photos de cette époque. Pour les Estiveaux par exemple, pour les baraques, nous n’avons rien trouvé, alors si vous en possédez, n’hésitez pas à nous les faire parvenir.
Nous publions avec cet article une carte postale légendée d’une partie de ce qui a été englouti après destruction dans le lac.
Nous remercions Daniel Sotty et Georges Bialas pour leur aide à la confection de ce reportage, qui en toute modestie, veut montrer aux gens de passage et aux jeunes générations qu’avant ce trou d’eau, ce lac, une vie très sociale était présente à cet endroit.
Nul doute que nos lecteurs qui souhaiteraient faire revivre des quartiers disparus de notre bassin minier, ne manqueront pas de nous contacter afin que nous les aidions à exaucer leurs vœux sur ce site.
Jean Michel LENDEL
14 commentaires sur “Lac Saint-Louis (Montceau-les-Mines)”
merci à toi Jean Mi, à Daniel et à Georges pour ces souvenirs qui nous ramènent à notre jeunesse et à de bons ou tristes souvenirs de bons souvenirs avec l Abbé Gai a la baraque des Estivaux ….bises à Arlette ,Josiane Tutus et aux autres de la rue Edith Cawell et du Creusot
Les photos sont chouettes. Comme je suis jeune j’arrive pas à me faire à l’idée qu’il y avait un quartier ici !
J’aime me balader dans ce parc (surtout depuis qu’on ne peut plus aller des anciennes rues du Bois du Leu à cause des entrainements de paintball …).
Mais y’a toujours quelque chose qui me turlupinne ! L’eau monte de plus en plus. Comme visiblement il n’y a rien pour en retirer un peu, comment va-t’on faire dans les mois à venir pour éviter qu’il déborde avec les pluies de l’hiver ? Le lac, de l’autre côté vers la ferme, va monter sur les chemins à certains endroits. Quand on pense qu’à l’époque, sur les papiers, on pensait faire une plage ! Maintenant y’a plus la place ! 🙂
Au moins on ne peut plus dire que les plans d’eau soient artificiels. La nature a repris ses droits, ce qui n’est pas plus mal.
Y’aurait-il une possibilité de puiser de l’eau dans le lac et de la transvaser (d’une manière ou d’une autre) dans le canal du centre en été quand il manque de l’eau pour les bateaux ?
Sinon dans un autre registre, il est triste que la fontaine en montant vers la pyramide soit dans cet état. Pas entretenue depuis des années, les maçonneries n’ont pas tenus les gels et dégels successifs. La mettre en eau pendant l’été serait également sympa. On a plein d’eau partout alors ça devrait pas couter cher. Ca reste quand même encore le symbole de la ville avec la pyramide en arrière plan ! D’ailleurs c’est la photo la plus utilisée sur les cartes postales de Montceau (avec celles de la mairie qui sont quand même moins pittoresque, il faut le dire).
superbe article …je me souviens encore du puit st louis ..ou c est monte une chaine de restauration a la place…je voudrais en savoir + sur la mine de montceau et ses environs pouvez vous me guider sur un livre cordialement david
Bel article sur un quartier qui n’est plus. C’est en lisant ce genre d’articles que je trouve que Montceau News fait un bon travail de journal local. C’est dans ce sens qu’il faut aller!
Encore un superbe article merçi Jean Mi moi je n’étais pas de la Sablière mais des Gautherets et celà fais plaisir de voir les quartiers de notre enfance quand on voit se qu’ils sont devenus,détruits ou bien plus de commerces,plus de gamins qui courrent dans les rues,encore merçi et j’éspère qu’il y en auras d’autre.
Merci à M.N pour ce très intéressant reportage qui ravive bien des souvenirs et fournit des données.
Concernant la montée de l’eau dans le lac Barrat-Lucy, j’avais posé la question au Bureau de Recherches Géologiques et Minières.
Leur réponse de l’époque avait été que le niveau ne montait plus (si peu !!!) Il existerait un conduit d’évacuation…..
Quelques autres questions me turlupinent aussi, mais peut être M.N pourrait mener une enquête ?
La pêche serait interdite en raison des risques d’effondrements miniers.
Ouaille !!! Mais alors les promeneurs ne seraient pas en sécurité non plus ?
Et pire, si le canotage est interdit pour la même raisons, c’est la puissance des moteurs de jet ski que j’ai vu tourner dans le second étang derrière Lucy qui leur permettrait d’échapper à l’aspiration ?
J’ai également entendu dire qu’en fait, ces interdits seraient justifiés par le niveau de pollution de l’eau dont l’origine serait les matériels et produits issus des exploitations minières.
Des réponses peut être ?
Amitiés
Quel magnifique reportage qui nous ramène quelques années en arrière…
De très loin d’où je suis ,je te félicite Jean Mi et on se donne rendez-vous pour une visite du lac du BOIS DU LEU et de son histoire…
Amitié..
Concernant Saint Louis, il est presque à son niveau maximum, il y a un exutoire près du parking du stade pour emmener le trop plein dans la Bourbince (cet exutoire comprend d’ailleurs un clapet anti retour pour éviter que le de la Bourbince ne remplisse le Lac)
Concernant le lac Saint Pierre (vers la ferme), il est à son niveau maximum et ne montera pas plus car l’exutoire est à l’affleurement et permet d’envoyer l’eau vers le Lac de Barrat et vers la Bourbince.
je remercie d’abord jean michel pour ce très bel et très complet article sur le lac St Louis et son histoire, et je suis entièrement d’accord avec alexreptar pour dire combien il est dommage que la municiplaité actuelle n’ai rien fait depuis des années pour entretenir cette magnifique casacade l les abords , les pierres qui s’effritent continuellement , le mobilier urbain completement pourri , et la pyramide qui se rouille , qui n’a jamais ete repeinte , je pense que l’on attend que tout s’effondre pour dire » vous voyez dans l’état ou c’est , il vaut mieux tout rasé « .Que fait la municipalité , que font les membres d el’opposition pour réveiller la majorité socialiste pour lui dire , « il est temps de commencer à donner une nouvelle vie à ce lieu si beau ».Mais on sait comment cela se passe , silence radio comme d’habitude .
Montcellien
Bien souvent,je suis d’accord avec vous sur vos commentaires souvent pertinents..!!!!
Par contre,ce qui m’interpelle un peu,c’est que vous ramenez tout à la politique..!!!!
Ce qui est dommage pour ce magnifique sujet….!!!!
Laissons nos idées politiques de côté et apprécions le travail de notre ami Jean Mi..
Cordialement tout de même…
Merci M. Sotty pour cette réponse sur l’actuel niveau des lacs.
Amitiés
Vraiment très interessant ce reportage.Bravo aux personnes qui font revivre ce montceau du temps des mines et des quartiers ouvriers.Cela ne fait pas de mal de se plonger dans le temps.
je me posais simplement la question de savoir pourquoi laisser pourrir un si beau lieu de promenade , mais sachez que j’apprécie énormément le travail de Jean Michel.
il est vrai que les montcelliens oublient vite le pourquoi de la décision de « creuser » pour trouver le charbon, à ciel ouvert , peut être qu’un jour un historien local comme M.Sotty pourra nous l’expliquer