La centrale de Lucy fermera le 31 mars 2014 …
"sauf si élus, citoyens, collectivités et syndicats s’unissent." dit la CGT
En réponse au communiqué d’E.ON, la CGT nous a fait parvenir ce texte :
« Qu’organisation syndicale et direction d’entreprise ne partagent pas la même vision de stratégie industrielle est une chose. Mais qu’un industriel, sous des prétextes économiques, réglementaires ou techniques plutôt discutables, participe à son niveau à créer une pénurie dans un secteur comme celui de l’énergie n’est pas acceptable. La Cgt de Lucy alerte depuis des mois état et collectivités sur les conséquences réelles de la libéralisation du secteur de l’énergie, et des effets négatifs pour nos départements et notre région.
Si aujourd’hui, épaulée par une organisation syndicale minoritaire et catégorielle la Direction estime que le processus d’information et de consultation est terminée il en est tout autrement pour la Cgt de Lucy.
En effet, les élus du comité d’établissement de Lucy n’ont pu valablement en l’état, et comme l’exige la loi, rendre d’avis motivés sur l’ensemble du dossier lié à la fermeture de la Centrale de Lucy. Dès lors, la Direction est passé outre les résolutions, notamment en se refusant d’apporter les informations complémentaires demandées, de transmettre l’avis du C.H.S.C.T., de prendre en compte les observations et interrogations des élus sur le plan présenté, mais également en mettant en œuvre le projet et le mesures d’accompagnement présentées.
La Direction a préféré le passage en Force. De là, le CE de Lucy s’autorise à d’engager une action judiciaire pour faire constater l’irrégularité du processus d’information et de consultation et de faire annuler purement et simplement le PSE.
Si Eon se comporte éventuellement comme un énergéticien en Allemagne, en France il se comporte comme un financier. Sur 2012, Eon dégage plus de 4 milliards d’euros de bénéfice net mais se refuse à tout investissement.
E.On considère que ses tranches Françaises sont mal adaptées au marché actuel. Mais la réalisation d’un moyen moderne, même rentable, est refusée pour des raisons de stratégie de groupe. « Pour Eon, L’électricité Française n’est pas assez rémunératrice ». Le projet de réorganisation de la SNET fait fi des besoins actuels et futurs du Pays, des entreprises et des citoyens. E.On préfère se développer, entre autres, en Russie et en Pologne car le bénéfice est à 2 chiffres dans ces pays.
De plus, il faut savoir qu’E.On France a bénéficié de subventions de plusieurs centaines de millions d’euros à travers les allocations gratuites de quotas de CO2 mis en place par l’union Européenne suite aux accords de Kyoto et destinés à permettre aux émetteurs de CO2 d’investir dans la dépollution de leurs sites de production. La totalité de ces quotas ont soit été facturés aux clients, soit été revendus sur les marchés financiers. Lucy a largement participé depuis 2005 à tirer de gros profits de ce système. Malheureusement, cette allocation n’a pas été utilisée sur notre site pour préparer l’avenir, mais uniquement pour désendetter le groupe E.On. Aujourd’hui, il est donc normal que salariés, élus et syndicats demandent des comptes à cet industriel Allemand, et il est également normal d’exiger qu’E.On mette les moyens pour assurer un avenir industriel sur le site de Lucy, et si possible dans le secteur énergétique.
Concernant la réduction de l’impact environnemental d’un outil comme Lucy, pour la Cgt il est or de question d’opposer environnement et énergie. Lucy 3 respecte largement les valeurs limites d’émissions autorisées jusqu’au 1er janvier 2016. Ce délai entre aujourd’hui et 2016 nous est nécessaire pour réfléchir à un projet alternatif à la fermeture du site. Si nous continuons à fermer toutes nos industries où travaillerons nos enfants demain ?
D’un point de vue technique, les installations du site de Lucy sont fiables, et affichent un taux de disponibilité dépassant largement les 90%, et ce avec un fonctionnement soutenu par rapport aux deux dernières années.
Pour ce qui est du rendement de l’installation, notre « vieille dame » de Lucy n’a pas à rougir, puisqu’elle se situe largement dans la moyenne de ce type d’installation nécessaire à la sécurité du réseau. Il faut savoir qu’en France, d’ici 2016, entre l’arrêt des centrales thermiques type charbon et fioul, et la fin des concessions du type cogénérations, c’est l’équivalent de la puissance d’une dizaine de tranches nucléaires qui risque de disparaître du paysage énergétique. RTE le signale dans ses divers rapports, mais s’appuie beaucoup sur les capacités d’échanges transfrontaliers pour faire face à la pénurie qui nous guette. La France est aujourd’hui régulièrement dépendante de l’Allemagne, de l’Angleterre et de l’Espagne principalement, surtout au moment des pointes de consommation Française, et lors des périodes d’extrêmes climatiques (grand froid ou canicule).
E.On veut la fin du marché régulé en France et l’explosion des tarifs de cette énergie vitale. E.On participe à la création d’un marché bien plus attractif financièrement, où l’énergie de pointe sera bien plus chère dans les années à venir. Voilà leur stratégie, et en plus Eon l’avoue (site www.AFIEG.fr)!
Comme nous avons déjà pu l’exprimer, notre combat va au-delà de la sauvegarde de notre site. Lucy est le dernier site de production électrique de Bourgogne. A défaut de nouvelle unité de production, la Bourgogne restera la région de France produisant le moins d’électricité, et persistera dans le trio de tête des régions de France présentant le plus gros déficit entre production et consommation électrique (avec la Bretagne et l’Ile de France). Ce n’est pas en plantant des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, qui par leur intermittence, ne garantissent qu’un quart de la puissance totale installée, que nous garantirons la sécurité du réseau Français. La Cgt ne s’oppose pas à telle ou telle énergie, mais revendique une mixité des moyens de productions. Or aujourd’hui c’est en réponse au chant de la sirène « CSPE », que les collectivités territoriales répondent en implantant massivement et uniquement de la production type éolienne et photovoltaïque. Mais au final qui payera la facture et qui garantira la fourniture d’électricité ? Chaque citoyen est il averti de ce va lui couter ce type d’énergie si on ne développe que çà !
Si à cela nous ajoutons aujourd’hui le débat sur la transition énergétique qui se focalise beaucoup sur la régionalisation de la production électrique, notre région sera encore plus pénalisée. Nous sommes sincèrement inquiets des conséquences industrielles qui se dessinent pour notre région et pour notre département.
C’est quand même surprenant, alors même que nous disposons d’un site propice à une installation de production thermique, que nous avons un appui extraordinaire des citoyens et des politiques toutes tendances confondues, et enfin que le secteur démontre qu’il y a des besoins, que nous n’arrivions pas à se donner le temps, par l’exploitation de la tranche charbon jusqu’en 2015, de trouver ensemble une solution alternative à la fermeture pure et simple de ce site, avec les drames humains qui en découleront. Plus globalement, la communauté urbaine Le Creusot/Montceau se verra de nouveau durement touchée si E.On poursuit son plan.
Lucy a un vrai potentiel pour développer un projet qui ne s’oppose pas à l’environnement et qui réponde aux besoins de production. C’est dans ce cadre que nous avons une nouvelle réunion en Préfecture le 1er mars prochain pour réfléchir avec l’ensemble des acteurs locaux au potentiel de ce site.
La Cgt est porteuse d’un nouveau pôle public de l’énergie. Pourquoi ne pas réfléchir à réintroduire la SNET dans le giron public de l’énergie ? Ou alors réfléchir au rôle que pourraient avoir les collectivités territoriales dans un projet type Lucy 4 biomasse ou autre ?
Seuls nous n’y arriverons pas. Les élus de notre communauté se battent depuis des années, mais c’est toute la région et l’état qui doivent s’unir pour défendre le dernier site de production électrique de Bourgogne, et infléchir la décision purement financière de cet énergéticien Allemand. »
Pour la Cgt Lucy,
Claude MARTIN
2 commentaires sur “La centrale de Lucy fermera le 31 mars 2014 …”
on va bien voir si notre Arnaud va redresser productivement Lucy III.
En 2014 son mandat ne sera pas terminé, ce ne sera pas la faute à Sarkozy, cette fois
Vous écrivez : »les élus de notre communauté se battent depuis des années… »je n’ai pas cette impression , depuis des années , c'(est à dire ; 1,3,5,10 ans ? je serais cureiux de connaitre ces élus , merci de bien vouloir me donner une réponse
amicalement
jcrey