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vendredi 26 septembre 2014 à 05:53

Blanzy

La mobilisation industrielle dans les mines de houille



 

 

La mobilisation industrielle

dans les mines de houille

 

Passionnante conférence sur l’effort de guerre demandé aux mines pendant la Première Guerre mondiale ! Ou comment le conflit a durablement modifié l’extraction du charbon et toute son économie locale

 

Le musée de la Mine de Blanzy a fait salle comble mercredi pour sa conférence sur la mobilisation industrielle dans les mines de houille. Devant 80 personnes très attentives, dont beaucoup d’anciens mineurs, Jean-Philippe Passaqui, docteur en histoire contemporaine, et Frédéric Lagrange, président de l’association La Mine et les Hommes, sont intervenus pour décrire la situation des mines du bassin de Bourgogne-Nivernais et du bassin de Blanzy pendant la Première guerre mondiale. Et leurs exposés ont été riches d’enseignements !

 

Car si la Guerre a considérablement freiné l’extraction de houille début 1914, du fait de la mobilisation des travailleurs pour se rendre au front, celle-ci a dû très vite reprendre, face à la demande grandissante de matière première à la fois pour produire de l’acier, mais aussi pour faire fonctionner les chemins de fer qui étaient indispensables au transport des troupes et du matériel.

 

On ne parle ici pas que du charbon. En effet, en autunois, l’exploitation des schistes bitumineux, qui était en fort déclin car considérée comme non stratégique en 1914, a fait l’objet de recherches car on cherchait des alternatives au pétrole. Si le rail est toujours le moyen de transport le plus utilisé, on voit de plus en plus de camions sur les routes du front (que se serait-il passer à Verdun sans eux ?). Le pétrole importé des Etats-Unis étant bloqué par l’ennemi, on cherche des ressources locales comme l’huile de schiste pour les faire fonctionner. Mais les études sont trop lentes, et les exportations reprennent à la fin de la guerre, fermant définitivement la porte à cette exploitation.

 

Le charbon, lui, est déjà exploité et vital pour l’effort de guerre. Rappelons qu’à la veille de la Première Guerre mondiale, la Compagnie de Blanzy était la 9ème exploitation française. 12 puits d’extraction et de service, 7 ateliers de criblage, 4 ateliers de lavage… Le bassin était dimensionné pour extraire 2 millions de tonnes de charbon par an. D’autres houillères, jusque-là déficitaires, en ont profité pour se moderniser (comme à Epinac) et ont relancé des extractions de couches de surface. Celles-ci étaient plus facilement exploitables, à une époque où l’on manquait de personnel et de matériel. Cette extraction rapide, a cependant eu un revers : les couches de surface n’étaient pas de bonne qualité, et celle-ci n’a par la suite jamais été retrouvée. Sur le domaine Schneider, dans la Nièvre, La Machine qui a été surprise par la mobilisation à la veille de sa modernisation, va elle aussi exploiter les filons proches du sol et mettre de nouveaux moyens techniques en place, pour arriver à une extraction à la fin de la guerre de 250 000 tonnes. La mécanisation des mines avait été nécessaire pour augmenter le rendement : les ateliers tournaient à plein régime pour fabriquer pelles, pioches, mais aussi locomotive !

 

Mais dans chaque mine, il a d’abord fallu trouver des bras.

 

L’un des principal problème rencontrés en 1914 était en effet lié à la mobilisation. Il faut du monde pour le fond ! Sur Blanzy, qui fournissait 10 % de la production française en 1915-1916 (les mines du Nord Pas-de-Calais étant occupées), 1 666 hommes sont partis lors de la mobilisation du 2 août 1914, le chiffre se portant à 1 900 à la fin de l’année. Il fallait donc remplacer les piqueurs, les ouvriers, les ingénieurs… rapidement, car Blanzy doit fournir des tonnes de charbon, en particulier à la Compagnie des chemins de fer de l’Est où part 40 % de la production. On va donc chercher du personnel, au début parmi les retraités (mais pas anciens grévistes !) et les réfugiés du Nord, ensuite parmi les exemptés, ceux qui reviennent des combats, les prisonniers de guerre. En 1917, on retirera même des mineurs du front pour retourner à la mine, tant le charbon est primordial pour l’effort de guerre ! Quid des étrangers ? La mine ne voulait pas y avoir recours au début du conflit. Ce n’est qu’en 1919 que l’on embauchera des Polonais, après quelques essais infructueux auprès d’autres populations étrangères. Les effectifs explosent pour arriver à près de 11 000 personnes en 1917. Le maximum sera atteint en 1919 avec 13 247 mineurs embauchés, pour redescendre à environ 9 000 en 1920. Car la fin de la guerre n’a pas signifié la fin du régime de guerre. La destruction de toutes les installations du Nord Pas-de-Calais ont conduit le bassin a poursuivre sa modernisation pour répondre à la demande.

 

La mobilisation industrielle pendant cette guerre a donc eu un impact bien plus important que ce que l’on pourrait penser au premier abord. Si le conflit a pu constituer une source de désordres au sein des établissements miniers bourguignons, il a aussi créé certaines conditions favorables à la croissance ultérieure de la production. Nos mines « modernes » en ont été le plus criant résultat.

 

Reste à savoir, au-delà des chiffres, quelles ont été les conditions de vie de ces mineurs arrivés pour augmenter le rendement : où logeaient-ils ? comment se nourrissaient-elles ? quelles étaient les conditions de vie au sein des villages alentours ? Ce sont ces différents points que Frédéric Lagrange abordera lors de sa prochaine conférence, qui se déroulera le 23 octobre prochain à la salle Jacques Prévert, à Blanzy, sur le thème « Les mineurs de Blanzy dans le Grande Guerre ».
La soirée s’est terminée autour d’un verre offert par la mairie, qui a été l’occasion pour d’anciens mineurs ou enfants de mineurs d’interroger les conférenciers sur leur propre histoire…

 

Pour plus de renseignements sur les prochaines conférences : http://www.ecomusee-creusot-montceau.fr ou 03 85 73 92 00

 

Véronique Décrenisse-Kieny

 

 

 

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