Documentaire sur Gerbe, vendredi 17 mars 2017, à l’ECLA (19h30) à Saint-Vallier
Chez Gerbe, c’était comment avant ?
Monique, Yvette, Georgette, Jeannine et Suzanne sont d’anciennes bonnetières. Elles ont passé entre trois et dix ans chez Gerbe. Aujourd’hui, toutes ont élu domicile aux Tilleuls à Saint-Vallier. Toutes gardent d’excellents souvenirs. Toutes évoquent leur emploi chez Gerbe avec nostalgie. Et pour bien situer l’époque, « nous étions des jeunes filles » rappelle Monique. C’était dans les années 1940. Loin et pourtant si proche pour ces femmes qui pendant une bonne heure ont replongé allègrement dans ce passé si présent dans leur esprit.
Chez Gerbe dès 14 ans
Elles ont été invitées par la municipalité de Saint-Vallier à la projection du documentaire « Gerbe, les mailles du temps » vendredi 17 mars 2017 à 19h30 à l’ECLA (documentaire qui sera diffusé le 20 mars après le Grand soir 3). « On va peut-être nous donner une prime ! » lance Yvette en forme de boutade.
Avant de s’implanter à Saint-Vallier, Gerbe a démarré son activité à Montceau-les-Mines, près de la gare. La main-d’œuvre y était essentiellement féminine et très jeune. « A 14 ans, nos parents nous présentaient chez Gerbe, nous n’avions rien le droit de dire ». La mine pour les garçons, Gerbe pour les filles car il fallait subvenir aux besoins de la famille. « Non seulement nous donnions notre paie aux parents mais après le travail, un autre nous attendait à la maison, notamment le ménage » atteste Yvette.
Dans cette France « en noir et blanc », la bonneterie Gerbe a tricoté au fil des décennies une belle réputation dans le collant. Mais avant le collant, il y eut d’abord les chaussettes puis les bas. « A Saint-Vallier, on faisait des bas nylon, des bas-jarretières » énonce Georgette. Pour certaines, les images d’antan restent parfois floues. « Mais si, les bas-jarretière avec un caoutchouc très large en haut de la cuisse ! » affirme Yvette. Et selon le poste occupé, ces jeunes filles gagnaient convenablement leur vie, surtout celles qui étaient payées à la pièce. « Je ramenais un salaire supérieur à celui de mon père. Il travaillait à la mine mais ne descendait pas au fond » soutient, pensive, Monique.
« Pas le droit de regarder le patron dans les yeux »
Quant aux conditions de travail, elles étaient ce qu’elles étaient en ce temps-là. Les femmes à la journée, les hommes en poste. Jeannine : « On bossait entre 8 à 9 heures par jour, souvent le samedi de 5h à 13h et parfois le dimanche matin ». Des avancées salariales ? Yvette : « Chez Gerbe, j’ai apprécié les douches. A l’époque c’était important. « Quand on se mariait, on recevait un service de table et une prime ». En revanche, aucune pause n’était autorisée, le bavardage interdit. Georgette : « Nous n’avions pas le droit de regarder le patron dans les yeux quand il passait dans l’atelier ». Monique : « Les contremaîtresses étaient assez sévères. Il ne fallait pas traîner aux toilettes ».
Si certaines femmes ont fait carrière chez Gerbe, nombreuses quittèrent l’établissement quand le mariage sonnait. Yvette : « Une fois mariée et avec un enfant, nous restions à la maison. Il n’y avait pas de crèche, pas de nounou ».
Monique, Yvette, Georgette, Jeannine et Suzanne, encore aujourd’hui, ne se plaignent pas. Elles n’eurent pas une enfance dorée mais appréciaient ce qu’elles avaient. « Nous n’avons pas été malheureuses » disent-elles en chœur. « Gerbe, c’est ce qu’il y avait de mieux ! »
Jean Bernard
Sur la photo de gauche à droite et avec le nom de jeune fille, elles y tiennent :
Monique Prost née Marmorat (rebrousseuse et pointeuse) ;
Yvette Langlois née Guichard (raccoutreuse) ;
Georgette Guichard née Tavernier (raccoutreuse) ;
Jeannine Delaye née Desbrosses (plieuse au magasin) ;
Suzanne Buratto née Gautheron (magasinière et a aussi été trésorière du club de basket, la Gerbe de Montceau)
Un commentaire sur “Documentaire sur Gerbe, vendredi 17 mars 2017, à l’ECLA (19h30) à Saint-Vallier”
Merci pour ce reportage et à ces dames qui ont accepté de témoigner