Un café scientifique chez Horizon Télécom à Montceau-les-Mines
« Un savoir-faire… la robotique »
Après avoir tenu un premier café scientifique au sein de la bibliothèque universitaire du Creusot puis à Pause Café, bar associatif du Creusot, l’association avait choisi une nouvelle fois d’organiser cette manifestation dans un lieu atypique pour parler de sciences dans des lieux ne s’y prêtant pas ou boire un coup dans un lieu de s’y prêtant pas.
Horizon télécom « de la conception à la fabrication d’un monde plus connecté »
Créée en 1988, l’entreprise montcellienne accueillait ce soir des chercheurs et toutes personnes intéressées par la robotique. En propos introductifs, l’entreprise a présenté l’évolution de ses activités depuis sa création. En effet, entre 1988 et 2000, l’entreprise a d’abord développé son activité dans les transmetteurs d’alarmes. Puis avec l’arrivée d’internet dans les foyers, elle s’est intéressée aux objets connectés. Aujourd’hui, elle a développé son savoir-faire sur de très petits objets qui communiquent sur les réseaux déjà existants.
Spécialiste du domaine électronique, l’entreprise reste de taille humaine avec 30 salariés. Sur le même site, l’entreprise possède les études et la fabrication. Le bureau d’études œuvre à l’élaboration du cahier des charges du client, la rédaction des spécifications techniques, la conception logicielle, la conception matérielle, le routage de la carte, le test prototypes etc.
L’atelier de fabrication travaille notamment sur le câblage traditionnel, la pose CMS, le soudage sélectif, le test in situ, le test par inspection optique, le test fonctionnel et le dépôt de vernis sur les cartes électroniques.
Les ateliers étant très sensibles à l’électricité statique, nous n’avons pas été en mesure de photographier les produits réalisés dans l’atelier.
Il faut tout de même noter l’importance du site dont le bâtiment s’étend sur 2900 m² pour une activité dans le domaine de l’électronique, domaine peu développé sur le bassin de la CUCM.
Un chercheur explique la robotique
David Fofi, enseignant-chercheur, Directeur-adjoint d’un laboratoire labellisé CNRS au Creusot et travaillant au sein de l’équipe vision et robotique de son laboratoire a animé ce mercredi soir le café scientifique.
L’objectif de la soirée était de développer la robotique mobile. En quoi s’agit-il d’un savoir-faire ? De nombreuses sciences reposent en effet sur la recherche de la compréhension des phénomènes. « Quand on est roboticien, on doit le faire et pas seulement comprendre » a-t-il expliqué. Ils font donc des petits morceaux de robots.
Dans l’imaginaire collectif, force est de constater que de nombreuses définitions se bousculent sur le sujet représentées par les images des films « Terminator » ou la « Guerre des étoiles ». On perçoit souvent le robot comme un conquérant.
Au cours de la soirée, il a été question d’intelligence artificielle mais aussi d’éthique.
Le conférencier a également expliqué que « plus un robot ressemble à un humain, plus il génère de l’empathie. Puis on voit les différences et cela fait peur. » C’est ce que certains nomment la courbe de la peur.
Mais au fait, qu’est-ce qu’un robot ?
Il s’agit d’un dispositif mécatronique accomplissant des tâches automatiques se substituant à l’humain sur des tâches pénibles au départ. Au départ, il est donc plutôt défini comme l’esclave de l’humain. Il allie systèmes mécaniques, électroniques et informatiques.
On retrouve la trace d’un premier robot en 1495, date à laquelle un certain Léonard De Vinci aurait créé son premier spécimen de robot humanoïde.
L’automate, quant à lui répète des actions de manière répétée. La frontière entre robot et automate est toutefois difficile à délimiter.
Au 20e siècle, de nombreuses avancées voient le jour dans le domaine de la robotique avec dès 1920 l’apparition du terme robot. Puis en 1950, le premier robot apparaît avec des composants analogiques. Il est alors capable de se recharger. C’est le premier robot mobile. En 1960, naît le premier robot fabriqué à partir de transistors. Et en 1970, à Stanford, le premier robot basé sur l’intelligence artificielle voit le jour. Il est équipé de caméras. L’intelligence artificielle sera intimement liée à la progression de la robotique.
Le laboratoire français de Toulouse, LAAS, inventera le robot Hilare. La robotique créative naît. Il s’agit de la capacité pour le robot de répondre à des stimuli.
Puis les années 2000 voient l’essor de la robotique mobile. On découvre alors qu’un robot doit être un minimum autonome. Dans ce sens, il doit être équipé de capteurs afin de lui assurer toute perception. Il doit rouler ou être en mouvement dans l’espace. Et il faut qu’il soit capable de gérer une étape de « décision » (intelligence artificielle).
Des robots humanoïdes
Poursuivant son propos, le conférencier revient sur la notion d’humanoïde qui définit les robots à forme humaine, c’est-à-dire des robots ressemblant un peu à l’homme, avec des yeux, bras et jambes par exemple.
Autre terme souvent employé : androïde. Il désigne ce qui est de forme humaine, étymologiquement ce qui ressemble à un homme.
Enfin le terme cyborg désigne l’alliance de la cybernétique et d’un organisme. On le fait quand on équipe des hommes de prothèses mécaniques et/ou électroniques.
Mais à quoi ça sert qu’un robot ressemble à un homme ? Selon le conférencier, à développer de l’empathie.
Il explique donc que le robot doit ressembler juste ce qu’il faut pour créer de l’empathie et avoir assez de dissociation avec l’homme. Il peut servir à l’apprentissage, à soigner l’autisme ou à accompagner des personnes âgées par exemple.
Mais ajoute-t-il « un humanoïde est très complexe. Faire un humanoïde est coûteux. Cela marche rarement. Il ne sert que dans la situation d’empathie.
Perception, décision et action, les trois piliers de la robotique
Le robot possède des capteurs qui captent les postures du robot et d’autres qui permettent d’aller collecter des informations sur son environnement.
L’information est perçue. Elle doit ensuite être traitée par l’ordinateur. Pour envoyer un robot sur une route, il faut lui apprendre énormément de choses sans parler de l’aspect mécanique à prendre en charge, nous explique le conférencier.
La salle est intéressée et pose des questions, cherche à comprendre la complexité de la robotique.
Et les échanges vont de plus belle lorsqu’il s’agit de chercher à définir l’intelligence artificielle car il faudrait savoir alors comment définit l’intelligence. La tâche est ardue ! Sans doute la transformation de la perception en action.
Le chercheur rappelle que l’intelligence humaine se crée par des interactions. Le robot pour être intelligent doit être mis en interactions, ce qui n’était pas le cas des systèmes experts créés dès les années 1940, lesquels devaient intégrer un grand nombre d’informations avant de pouvoir éventuellement être opérationnels.
Autre constat : le robot n’est pas capable d’apprendre tout seul, contrairement à l’être humain.
Le robot ne gère pas l’implicite. Mais il est capable d’avoir une connexion et est capable d’accumuler des connaissances. Toutefois l’information manquante restera manquante là où les humains iront la créer.
Au cours des échanges, des questionnements, l’assemblée a pu comprendre que la vision issue de romans ou de films était loin d’être atteinte à ce jour. Des robots tombent parce qu’ils n’arrivent pas se maintenir debout. Ils peuvent certes gérer des tâches plus complexes, mais les plus simples leur échappent.
Pour le conférencier, la robotique a encore de nombreux chantiers face à elle. Et il est encore loin de le temps où l’intelligence artificielle prendra le pas sur l’intelligence naturelle de l’être humain.
Les discussions se poursuivies à l’issue de la présentation entre le public et le chercheur. Puis l’entreprise Horizon télécom a proposé une visite de ses locaux.
L’association The Fablab a remercié l’entreprise de son accueil pour une soirée café scientifique inédite et originale. Où se déroulera le prochain café scientifique de l’association ? A suivre !
EM