Montceau-les-Mines : Déjeuner festif chez Eolane
100 ans, toutes ses dents et pour longtemps.
C’est un déjeuner festif particulier qui a eu lieu ce vendredi midi devant l’usine Eolane. En effet, l’entreprise est menacée et l’on assiste à une mobilisation des salariés visant à conserver leurs emplois. Ce déjeuner était ainsi l’occasion d’actionner plusieurs leviers permettant de montrer l’importance de ce qu’est et a été Eolane.
Eolane Montceau existe depuis 2010 ; auparavant l’entreprise s’est appelée Bosch Telecom, Jeumont Schneider…Auparavant le site de ces entreprises se situait dans le quartier Salengro ; c’est en 1992 qu’est déplacée l’usine vers la zone Sainte-Elisabeth. Sans faire un historique exhaustif on remarque les premières traces de l’entreprise en 1920 ; à l’époque appelée usine Cheveau. L’entreprise est donc centenaire.
Pour Alain Schleich, représentant des salariés d’Eolane, il s’agit là de la preuve qu’Eolane fait partie du patrimoine industriel et social du bassin minier. Cent ans d’existence ça n’est pas rien. Cent ans d’existence et de multiples changements de noms, d’activités, prouvent bien la capacité des salariés à s’adapter voire se reconvertir. Fermer cette usine c’est fermer une partie d’histoire.
Ainsi, cet anniversaire était également l’occasion de mettre en lumière la bibliothèque d’Eolane ; ou plutôt des syndicats d’Eolane. A une époque, les bibliothèques municipales n’existaient pas et la culture ; l’éducation étaient des enjeux majeurs pour les ouvriers. Les entreprises et les syndicats organisaient donc des formes de « bibliothèques privées » accessibles aux salariés. Qu’il s’agisse d’un héritage du paternalisme du XIXème siècle ou d’un fondement politique de l’éducation populaire ; les faits donnaient la possibilité aux ouvriers d’emprunter des livres qui ne pouvaient être achetés par la majorité des travailleurs. Pour certains la lecture retardaient l’organisation de la révolution, pour d’autres lire et se cultiver participait à l’organisation de la future révolution.
Quoiqu’il en soit, aujourd’hui avait lieu une opération « livres ouverts ». Chaque habitant était invité à venir se servir en livre.
De plus ; le déjeuner était l’occasion de parler du transfert des archives du CE à l’IHS71 représenté par Gérard Burtin. En effet, les archives syndicales participent à une écriture historique. Le syndicat d’Eolane transfert donc ces milliers de documents à l’institut d’Histoire Sociale qui se chargera du tri, du classement et qui les confiera ensuite aux archives départementales afin de les rendre disponibles aux historiens.
Evidemment, cette fête est aussi l’occasion de mettre en avant le site dans le cadre du combat pour le maintien des emplois sur le territoire. Alain Schleich se félicite de la participation de la population à cette manifestation. Le soutien populaire permet aux salariés de garder l’énergie et l’espoir nécessaire à la poursuite du combat social.
Ralph Blindauer, avocat en charge du dossier était présent. Il explique à quel point l’enjeu d’Eolane est particulier. Il s’agit à la fois d’un dossier local quant au maintien d’emplois industriels sur le territoire ; mais également un enjeu national considérant que le secteur de l’électronique est stratégique dans le cadre d’une forme d’indépendance économique et industrielle. Pour lui, c’est autour de l’industrie que se construit un bassin. Il rappelle que toutes les forces, dans ce dossier, travaillent dans le même sens. La situation est pourtant « grave » nous dit-il. L’objectif du combat est « personne à pôle emploi ». Les salariés envisagent donc plusieurs étapes dans leur combat.
Premièrement il s’agit de maintenir l’emploi chez Eolane ; sinon de trouver un repreneur crédible ; sinon d’envisager une reconversion du site et des salariés. Pour l’avocat, les trois solutions peuvent être valables. Le discours de l’entreprise s’est orienté vers la recherche d’un repreneur. Le PDG, Mr Juin dit avoir des pistes crédibles mais laisse les salariés et l’avocat dans l’ignorance du dossier. Maitre Blindauer craint que la stratégie ne soit d’une inexorable route vers le redressement judiciaire qui aboutirait presque nécessairement vers la liquidation judiciaire. Certaines procédures techniques permettent d’envisager un redressement judiciaire en cas de présence d’un repreneur sérieux. Cette solution pourrait satisfaire l’avocat mais ce dernier veut des certitudes.
En cas de mise en redressement judiciaire, Maitre Blindauer dit avoir les armes légales pour mettre tout le groupe Eolane dans cette procédure. La subtilité du groupe industriel est d’avoir partagé son activité en plusieurs entités juridiquement indépendantes. Pour l’avocat, la pratique prouve l’inverse et Eolane Montceau ne peut être considéré comme totalement indépendant. Ainsi, si un redressement judicaire intervient, il estime qu’il serait logique qu’il impacte l’ensemble du groupe.
Ralph Blindauer félicite les salariés pour leur courage. En effet, il dit trouver ici des gens attachés à leur outil de travail et prêts à se battre pour faire valoir leur envie de travailler et leur volonté de faire valoir leurs compétences.
Marie-Claude Jarrot tient à réitérer le soutien absolu de la Mairie de Montceau dans ce long combat. Elle affirme que les pouvoirs publics ; à tous les étages sauront soutenir les salariés.
A 10h lors de l’installation des différents barnums, il y avait de l’orage, une pluie diluvienne. A la fin des discours un soleil sans nuages brillait sur la zone Sainte-Elisabeth. Donnons-nous le droit de la superstition, de nombreuses batailles se sont gagnées sous les auspices.
Un commentaire sur “Montceau-les-Mines : Déjeuner festif chez Eolane”
Dans de nombreuses entreprises en voie de liquidation, le « repreneur » sont les salariés eux même: ce sont les Scop (sociétés coopératives participatives), les SCIC (sociétés coopérative s d’intérêt collectif) et les CAE (coopératives d’activité et d’emploi). Scop, SCIC et CAE ont fait et continuent à faire la démonstration de leur solidité, de leur pérennité, de leur efficacité, et plus encore de leur démocratie, du respect de l’humain, salariés, clients ou fournisseurs, de leur attention croissante à l’environnement…