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mardi 17 novembre 2020 à 05:42

Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap

Les professionnels témoignent



 

 



 

 

Dans le cadre de la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, plusieurs personnes ont accepté d’apporter leur éclairage sur l’accueil de personnes en situation de handicap en milieu ordinaire.

L’occasion aussi de parler des différents handicaps qui peuvent toucher les personnes : du handicap mental à différents types de handicap physiques.

 

Sylvie Puech, gérante d’un commerce à Montchanin n’en est pas à sa première expérience avec ces publics. Elle était à la recherche d’un employé polyvalent quand elle a été contactée par le PDIP 71 (le pôle d’insertion sociale et professionnelle 71). Elle raconte : « On m’a proposé une personne que j’ai eue en stage en février. Après, on l’a eu en mise à disposition. [cela signifie que cette personne qui travaillait en ESAT, allait en réalité travailler dans le commerce et l’ESAT facturait les heures effectuées]. Son embauche est prévue en début d’année prochaine. »

 

Et de poursuivre sur son expérience avec les travailleurs en situation de handicap : « Notre employée de ménage était en situation de handicap. Elle est partie en retraite cet été. C’est compliqué pour retrouver un travailleur en situation de handicap. On a eu une proposition pour un autre porte. Mais cela n’a pas fonctionné. Avec Karine, cela fonctionne bien. A terme, elle devrait être au service drive. »

 

Sylvie Puech explique ainsi qu’elle accepte des personnes avec un certain niveau d’autonomie. Elle ouvre la porte et permet aux personnes de faire des essais. Tous ne sont pas concluants que ce soit pour la personne en situation de handicap comme pour la commerçante.

 

Pour elle, il y a une vraie plus-value et des avantages à avoir un travailleur en situation de handicap. Ces personnes sont suivies tous les mois par le PDIP71. « On voit s’il y a des besoins d’adaptation. » ajoute-t-elle.

 

Du personnel impliqué

 

Pour Karine, âgée de 38 ans, elle est traitée comme les autres employées. Touchée par un handicap léger, elle s’ennuyait à l’ESAT et c’est elle qui a demandé à travailler en milieu ordinaire.

Sylvie Puech reconnaît pour sa part la nécessité d’adapter parfois les explications.

Les qualités de Karine ? Elle n’est jamais absente. Pendant la première vague du confinement, elle était là et a joué le jeu. Avec le personnel, cela se passe très bien. « C’est une collègue tout à fait normale. » ajoute la commerçante.

 

Elle reconnaît de son côté la difficulté de trouver des personnes en situation de handicap : « On ne sait pas à qui s’adresser. On devrait pouvoir en intégrer, quels que soient les handicaps. Quand on parle de handicap, ce n’est pas que le handicap mental. On avait une personne qui avait un handicap  physique mais qui pouvait utiliser une autolaveuse.

Et de conclure au sujet de sa nouvelle recrue : « Karine est super contente de travailler avec nous. Elle attend d’avoir son CDI et de déménager pour pouvoir se rendre au travail à pied ! ».

 

L’entreprise adaptée de St Eusèbe accueille 27 salariés

 

Coralie Kulik est coordinatrice socio-professionnelle à l’entreprise adaptée de St Eusèbe. Cette entreprise est considérée comme faisant partie du milieu ordinaire.Toutefois elle y accueille un effectif minimum de travailleurs handicapés. Coralie Kulik accompagne les travailleurs mis à dispositions par d’autres structures, parfois des ESAT. Il peut s’agir de travaillant souhaitant réaliser un stage en dehors de l’ESAT pour découvrir des métiers en milieu ordinaire. Coralie Kulik va ainsi définir avec le travailleur l’objectif du stage, son déroulement et son bilan.

 

L’entreprise adaptée de St Eusèbe – Le Vernoy est constituée de trois secteurs : un atelier couture-ameublement pour réaliser des housses de canapés par exemple ; bâtiment second œuvre pour réaliser papier peint, peintures, faïence. L’entreprise adaptée intervient régulièrement pour le compte de l’OPAC du bassin minier. Enfin le troisième secteur d’activité est le nettoyage sur différentes structures : Mecateam, Novium, des structures collectives, le foyer Bourgogne, l’école Lucie Aubrac ou encore le centre de loisirs de Blanzy.

 

L’entreprise adaptée compte 27 salariés, deux personnes à l’encadrement, un coordinateur entreprise, une coordinatrice socio-professionnelle, un chef de service, une directrice adjointe et un directeur.

 

L’adaptation des conditions de travail

 

Dans l’entreprise adaptée, on évoque aussi l’adaptation des conditions de travail suivant les possibilités et difficultés de chacun : éviter les charges lourdes pour les uns, mettre en place des outils pour d’autres, rédiger des supports papiers pour les rappeler les méthodes et l’ordre des tâches pour encore d’autres etc.

 

Et Coralie Kulik d’expliquer : « Quand les personnes sont recrutées, cela va être l’occasion de voir les capacités de la personne et voir ainsi si on va poursuivre. On peut adapter le temps de travail selon les personnes. Il y a beaucoup de temps partiel chez nous notamment dans l’équipe nettoyage (une équipe du matin et une autre de l’après-midi). »

 

Et de poursuivre : « Pour certaines personnes, le handicap ne se voit pas. Il n’y a pas de signes apparents. Les travailleurs handicapés apportent une richesse dans l’entreprise, une ouverture d’esprit. »

 

Sur la question de la spécificité de l’entreprise adaptée par rapport aux autres, Coralie Kulik explique : « On se doit d’être vigilants au niveau du bien-être des salariés. On a ainsi un budget pour le bien-être au travail. L’année dernière, les salariés ont ainsi bénéficié de séances de massages assis. Cette année, c’est en réflexion. Nous sommes en train de récolter leurs avis sur le sujet. »

 

Depuis 2019, l’entreprise adaptée doit comporter un minimum de 55 % de travailleurs handicapés contre 80 % auparavant.

Pour Coralie Kulik, le recrutement de personnes handicapées est assez aisé. Les travailleurs en situation de handicap sont orientés par les partenaires : Pôle emploi, Cap emploi, parfois le pôle d’insertion départemental.

Ce dernier reste un interlocuteur important pour l’entreprise qui peut ainsi bénéficier de ses connaissances des personnes recrutées, de leurs situations, aussi de ressources juridiques si nécessaires.

 

Pour les travailleurs handicapés, la nécessité du milieu ordinaire

 

Si certains travailleurs handicapés peuvent avoir de vrais freins à aller dans le milieu ordinaire, d’autres au contraire souhaitent s’intégrer pleinement dans celui-ci. Frédéric Dureuil, 29 ans, salarié de l’ESAT du Prélong y travaille à un poste de maintenance.

 

Il a fait plusieurs stages ces dernières années en milieu ordinaire. Pourquoi ? Cela fait 8 années qu’il travaille en ESAT. Il y a assuré plusieurs postes et aujourd’hui souhaite voir autre chose.

Il voulait ainsi essayer la mise en rayon, ce qu’il a pratiqué dans deux magasins de la région montcellienne. Il attend un nouveau stage dans un magasin de bricolage prochainement.

 

Il apprécie le milieu ordinaire car il se sent plus autonome. D’ailleurs en ESAT, son moniteur l’y prépare en lui donnant de moins en moins de consignes et lui permettre ainsi d’accroître son autonomie.

 

Frédéric Dureuil espère cette fois-ci que ce stage donne lieu ensuite à une mise à disposition « mais chaque chose en son temps » dit-il.

 

Ses choix il les fait seul. Et sa famille respecte parfaitement ses orientations professionnelles.

Il se rappelle ses derniers stages, celui qui ne lui plaisait pas à cause des horaires ou un autre qui au contraire lui avait plu mais qui n’a pu déboucher en l’absence de besoin de main d’œuvre chez l’employeur.

 

S’il reconnaît avoir parfois besoin d’un peu plus de temps d’adaptation au départ que les autres travailleurs, il le répète : il s’adapte ! Et avec les autres travailleurs ? « On est tous différents, des caractères différents. Je m’adapte très bien selon les personnes. »

 

Pour lui, le milieu ordinaire c’est plus qu’une envie, c’est un besoin !

 

De l’avis de tous, l’insertion des travailleurs handicapés en milieu ordinaire apporte une vraie plus-value pour l’entreprise, les salariés et les travailleurs handicapés. Ils présentent de vraies qualités de travail et humaines. Si les mentalités évoluent progressivement, il reste encore du chemin à faire pour que les regards évoluent et que davantage de portes d’entreprises puissent s’ouvrir pour accueillir les travailleurs handicapés.

 

EM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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