Montceau-les-Mines : quel avenir pour l’Atelier du Coin ?
Une assemblée générale extraordinaire décisive ? Pas de dissolution ! Un projet ?
Ce jeudi soir dans la salle de réunion du centre nautique, les adhérents se sont prononcés contre la dissolution de l’association en fin de réunion après une longue et mouvementée assemblée générale extraordinaire.
Il a fallu rajouter des chaises car en effet, les présents (salariés, permanents, anciens salariés, administrateurs, bénévoles, adhérents, partenaires, acteurs institutionnels, élus, intervenants, …) furent nombreux à participer à cette assemblée générale de l’association Arc-en-ciel qui gère l’Atelier du Coin dont l’avenir est en jeu, faisant face à de grosses difficultés financières.
Le bureau de « transition »validé par l’AG du 12 avril 2024 (Corinne MAILLET – présidente, Mireille LAFORET – trésorière et de Georges SIMON – vice-président), s’était engagé pour une durée de 6 mois, durée nécessaire aux négociations qui devait permettre le redressement de l’association.
Dans un premier temps, la présidente a annoncé que « depuis le 2 avril, beaucoup de choses se sont passées, de nouvelles difficultés. On a fait ce qu’on a pu. On a participé à des réunions avec la DDETS, la CCM pour trouver des solutions pour améliorer la situation financière.
La trésorière Mireille Laforêt a enchaîné avec les projections financières pour les mois à venir : « il restera 28 000€ fin septembre, on sera à -13 689€ en octobre, -115 000 fin décembre et – 160 000€ fin janvier. Les ventes ont baissé de 10 %. Il reste 42 du chiffre d’affaire à réaliser pour 2024. Les ventes pour Noël à Leclerc sont estimées à 8 000€.
Corinne Maillet poursuit : « On a reçu une alerte du commissaire aux comptes qui nous a contraint à envisager différents scénarios et discussions avec les partenaires. Tout ceci a nécessité de nombreux échanges avec les régies, les mairies, les acteurs du territoire ».
Puis la parole est donnée aux porteurs de projets pour une présentation à l’assemblée.
Deux administrateurs, Jean-Jacques Liodenot et Barbara Semet ont présenté le projet dit « alternatif ».
« Bien conscient des difficultés et du travail effectué, c’est un projet qui s’est monté depuis plusieurs mois avec 7 administrateurs, 5 permanents et des salariés qui est l’émanation d’un groupe qui lui donne une légitimité. On veut un outil d’insertion qui puisse durer », précise J.J Liodenot.
« Un projet articulé autour de 3 axes : restructuration, direction, rentabilité.
En conservant les activités spécifiques, fédératrices, artistiques : imprimerie, céramique, menuiserie, des marqueurs forts de l’originalité de l’Atelier du Coin.
On souhaite capitaliser sur ces marqueurs forts, les renforcer. L’Atelier du Coin a fait ses preuves avec un taux de retour à l’emploi important. Il répond à un besoin. Les prescripteurs nous sollicitent de plus en plus (France Travail, Agire, Mission locale, Cap Emploi, …) »
Ce projet repose sur un audit réalisé par JJ Liodenot sur un an et propose un plan d’actions : 56 actions à entreprendre. Dans un premier temps, 15 ont été retenues.
Pour l’heure, les priorités :
-le pilotage : évolution du système de gouvernance. « On n’a pas de direction. Les encadrants font tout ».
-les ressources humaines : clarifier la situation et les missions : fiches de postes, accompagnement socio-pro à formaliser, …
-la situation financière : trouver un autre local, réduire les charges externes ( 30 000 à 50 000€), mettre en place le plan d’actions, une nouvelle tarification des productions, multiplier les chiffe d’affaire par 2, …
« Pour cela, il est nécessaire de porter le projet au niveau de l’association, remplacement du bureau démissionnaire le 30 septembre 2024, l’accueil de nouveaux membres au sein du CA et validation du projet associatif par l’assemblée générale.
Il faut l’accord des tutelles, la DDETS, le CD71 et le soutien de la CCM et de la ville de Montceau ».
Cette présentation est généreusement applaudie par l’assistance.
Puis Gérard Gronfier, 1er adjoint à la ville de Montceau prend acte. « On a fait différentes propositions : la mise à disposition de locaux, à l’ancienne Carmi, rue de la Fontaine pendant 3 ans, la mise en place d’un comité de suivi avec la ville, la CCM et l’Etat, l’aide d’un cadre territorial sur un temps défini, caution pour emprunt, …
Daniel Meunier 1er vice-président délégué aux finances et aux transports a rappelé que la CCM porte une attention particulière à l’insertion et au travail effectué par l’association Arc-en-ciel au sein de l’Atelier du Coin. Il assure que la CCM respectera la décision de l’AG et poursuivra son accompagnement.
Michel GOMEZ directeur du service économique et de l’insertion à la Communauté Urbaine a poursuivi en présentant le projet recyclerie.
On a contacté les partenaires pour une offre de services, on souhaitait avoir une structuration. On a proposé à l’Atelier du Coin de rejoindre ce projet, un projet d’envergure pour Montceau pour avoir une réelle pérennité en staffant une direction et en ne changeant pas l’accompagnement socio-pro.
Georges Martins-Baltar, directeur départemental de l’emploi, du travail et des solidarités de Saône et Loire ( DDETS) a tenu à préciser que « jamais il a été dit que l’on allait supprimer les financements. Le côté artistique, c’est très bien, c’est de l’insertion professionnelle économique. L’idée n’est pas de vous dire que vous n’avez pas bien fait. L’insertion des personnes vulnérables est une préoccupation de la DDETS. Présentez-moi un projet écrit. Si en octobre pas de paiement de charges, pas la même. C’est une très belle structure et c’est assez exemplaire avec un bureau très impliqué. Rien n’est supprimé, vous avez l’agrément ».
« Si aucune solution n’était trouvée, on a préconisé la dissolution. S’il y a dissolution, on peut accompagner contrairement à une liquidation.
Puis se sont succédé plusieurs interventions dont la lecture d’une lettre des salariés ; des témoignages d’anciens salariés qui vantent les qualités et les bénéfices de la spécificité de l’Atelier du coin qui s’appuie sur l’artistique avec des retombées thérapeutiques, le retour de la confiance, renouer avec les liens sociaux, la solidarité, des encadrants au top, une renaissance ; « des reconstructions humaines par l’action artistique pour l’association Antipodes, …
Après la présentation de ces deux projets et les propositions de la mairie de Montceau, Corinne Maillet a indiqué : « au vu de la situation, nous avons besoin de temps pour nous positionner. Nous pourrions refaire un CA en octobre et on serait prêt à rester jusqu’au 31 décembre ».
« On ne peut pas voter ce soir. Il y a trop de questions ».
Après un temps de flottement, un vote est proposé à l’assemblée : voter pour ou contre la dissolution de l’association.
Le résultat est sans appel : sur 70 bulletins, 4 pour, 62 contre, 2 nuls, 2 blancs.
S’en suit un appel à candidature pour le nouveau Conseil d’administration :
3 candidats validés par la présidente : Sandra Auclair, Joannie Kaag et Charlie Mathey.
Le bureau est démissionnaire.
Le conseil d’administration devra se réunir au plus vite pour élire son nouveau bureau. Une nouvelle assemblée générale devra être convoquée pour valider le projet de poursuite de l’activité de l’Atelier du Coin et l’implication des différents partenaires du territoire.
Le temps presse, il y a urgence …
J.L Pradines
Lettre des salariés :
Objet : lettre adressée à la présidence de l’association Arc-en-ciel ainsi qu’aux financeurs et partenaires de l’Atelier du coin.
Mesdames, Messieurs,
Nous salariés en contrat à durée déterminée d’insertion de l’Atelier du coin, sommes collectivement inquiets de la situation actuelle.
Nous avions perçu beaucoup d’agitation au vue des réunions improvisées sur des coins de tables de certains membres du bureau de l’association au sein de l’Atelier lorsque nous y travaillions.
Un article de Montceau News parlait de grosses difficultés avant même que nous ne soyons au courant. Ce qui nous a tous perturbés. Les visites du propriétaire de notre lieu de travail il y a quelques semaines, à de multiples reprises, faisant visiter de potentiels locataires ou acheteurs et ce, en notre présence, a scellé nos inquiétudes. N’ayant pu rencontrer notre nouvelle présidente, Mme Corinne Maillet, nous avons interpellé le vice-président Mr. Georges Simon qui a confirmé nos craintes le 23 juillet. ; nous expliquant que des difficultés financières sérieuses étaient en jeu ainsi que nos emplois, et que finalement une fermeture définitive de l’atelier du coin était possible.
Nous souhaiterions rappeler à tous et à toutes le trésor qu’est l’Atelier du coin dans tout ce qu’il a d’humain, d’artisanal, d’historique et de touristique. À l’heure où le monde se rend compte de l’importance de la production locale et de la richesse du patrimoine, rappelons-nous ce qu’est l’Atelier du coin.
Un atelier chantier d’insertion créé en 1992 qui a cette particularité assez exceptionnelle d’insérer les personnes par des activités créatives et artisanales (la gravure sur bois, l’impression, la typographie, la menuiserie, la céramique) avec un savoir-faire qui un jour se perdra si on ne soutient pas cette structure unique. Nous y apprenons la rigueur, la minutie, le respect des délais de commandes, l’exigence du travail artisanal, …
Nous, les salariés en CDDI de l’Atelier du coin, réalisons une production de qualité et reconnue en tant que telle puisque nous avons des clients tels que la villa Perrusson, Michelin Macif, la Bibliothèque de Saône et Loire, … Nous avons aussi le plaisir d’animer des ateliers, dans les locaux ou à l’extérieur, pour faire découvrir les techniques anciennes de gravures et d’impression ainsi que la céramique.
Nous, les salariés en CDDI de l’atelier du coin, qui faisons les visites aux particuliers avons régulièrement des clients qui viennent de partout en France et de l’étranger pour visiter l’atelier.
L’Atelier du coin participe activement à l’âme de la ville et de la communauté urbaine et est un point fort touristique.
Nous sommes donc très surpris de cette éventuelle fermeture et des financements qui s’arrêtent.
Nous nous interrogeons donc collectivement sur le futur et regrettons que la situation de nos derniers collègues arrivés à l’atelier n’ait pas été assez prise en compte dans les décisions présentes et passées, les laissant dans des situations précaires avec des contrats qui pourraient s’arrêter en septembre suite aux décisions qui se feront lors de la prochaine réunion le 30 juillet. Nous pensons particulièrement à nos collègues qui viennent d’arriver et qui étaient en pleine recherche d’immersions professionnelles, de financement pour l’accès au permis de conduire, ou encore dans un parcours de soins suite à un cancer parallèlement à leur travail à l’atelier.
Nous aimerions aussi mettre la lumière sur le travail indispensable et exigeant de l’équipe de salariés permanents : nos 3 encadrants techniques et socio-professionnel Thomas Héritier, Gaël Decure, Christophe Cognard, ainsi que Stella Bonin, assistante administrative et Josette Girard, comptable, qui ont toujours été à la hauteur pour nous accompagner, nous former, nous orienter et nous aider à lever des freins réels d’accès à l’emploi en nous mettant en lien avec différentes structures qui nous étaient parfois inconnues. Nous les remercions pour l’intelligence des recrutements permettant à nous salariés de travailler ensemble malgré nos différents chemins de vie (personnes en situation de handicap, , cadres en reconversion, mères célibataires, …). Nous les remercions unanimement pour leur implication et leur humanité qui a joué pour beaucoup d’entre nous à reprendre confiance sur beaucoup d’aspects liés au travail.
Nous remercions aussi globalement les bénévoles de l’association qui oeuvrent afin que la structure perdure.
Nous pensons à nos anciens collègues qui ont trouvé un emploi grâce au travail réalisé par les encadrants et les partenaires de l’Atelier du coin : le PLIE, Agire, Apor, la mission locale, Cap Emploi, France Travail.
Nous pensons aussi à ceux qui n’ont pas pu trouver un emploi stable mais dont le passage à l’Atelier a pu réamorcer des emplois en intérim ou une formation.
Nous espérons collectivement qu’il y ait un avenir pour les salariés actuels et futurs à l’Atelier du coin. Nous souhaiterions des explications claires qui justifient les prises de décisions menant à cette éventuelle fermeture.
Nous nous battrons jusqu’au bout pour la survie de l’Atelier du coin et alerterons toutes les forces à même de nous épauler pour que l’Atelier du coin et l’ensemble de ses salariés soient sauvés.
Cette lettre a été écrite et signée collectivement par l’ensemble des salariés en CDDI de l’Atelier du coin présents :
Nous comptons sur vous pour accorder toute votre attention à ce courrier et à notre démarche et y donner suite.
Dans cette attente, nous vous prions d’agréer Mesdames, Messieurs, nos salutations.