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jeudi 26 septembre 2024 à 04:38

Montceau-les-Mines : Clap de fin pour Géant Casino

La soixantaine d’employés oscille entre déception et tristesse



 

 

Le compte à rebours a commencé pour le supermarché Casino, situé au 5 Boulevard de Lattre de Tassigny, à Montceau. Dans 5 jours, le lundi 30 septembre prochain, ce sont soixante employés qui vont se retrouver sans emploi, suite à la fermeture définitive du magasin.

C’est un sentiment de gâchis et de tristesse qui animait ce mercredi 25 septembre, le peu de personnel présent dans le supermarché, en fin de journée. Une envie de pleurer dans cette grande surface déjà vidée de la plupart de ses rayons. Seuls des rayons de bocaux d’olives regorgent de produits. Pour le reste, c’est le vide sidéral…

Finir notre carrière dans ce magasin

Sur place, seules quatre hôtesses de caisse sont encore présentes auprès des (rares) clients. Pour Corinne, Diane, Marie et Hélène, presque des piliers du magasin, le pire sera la journée de lundi, où elles vont quitter ce bâtiment pour ne jamais y revenir. Dur, dur, la réalité !

Et pourtant, elles y étaient bien dans ce Géant Casino (ex Mammouth). « C’était presque un magasin familial, dans la mesure où nos clients nous connaissaient par cœur. Certains étaient même devenus presque des amis. Et cela, les clients adoraient, ils étaient heureux de nous retrouver chaque jour, fidèles au poste » disent-elle en chœur.

Une moyenne d’âge de 55 ans pour tous les employés

Géant Casino, certains y ont fait toute leur carrière. C’est dire que la maison était bonne ! A l’époque…

Ainsi, Corinne, 57 ans, a intégré l’enseigne en 1988. Employée de rayon, puis hôtesse de caisse, elle avoue avoir pris l’annonce de la fermeture « plutôt mal ». Même si elle voyait bien que depuis le Covid et l’augmentation des prix, le bateau commençait à prendre l’eau…

« Je pensais finir ma carrière ici, mais malheureusement, il me manque cinq années avant de partir à la retraite » dira-t-elle. Corinne réfléchit à sa reconversion, mais retournerait-elle dans le commerce ? Pas sûr…

Marie, 55 ans, travaille à Géant depuis 1989. « Je suis entrée l’année de mes vingt ans à Casino. Trente-cinq ans de ma vie, partagés entre la caisse et la station-service. Je m’attendais à cette issue, mais pas aussi vite ! ».

Marie réfléchit à la suite, mais ne veut plus retravailler dans le commerce. « C’est triste tout cela » soupire-t-elle.

Hélène, 54 ans, a été engagée à Géant, il y a 34 ans, en septembre 1990. Elle a occupé des postes divers : caisse, station-service, caisse centrale, accueil, gestion du personnel. Elle aussi a envie de pleurer devant cet immense gâchis. Pourtant, elle reste positive, considérant cette fermeture comme « Un mal pour un bien ». Car Hélène sait ce qu’elle souhaite faire pour sa reconversion. « Au final, je pense que c’est pour moi l’opportunité de faire autre chose » se réjouit-elle.

Elle veut devenir secrétaire dans une petite mairie et se sent prête à se former pour ce faire. Sereine, elle déclare que « ce n’est pas une page qui se tourne, mais carrément une encyclopédie ! ».

Hélène avoue qu’elle a hésité très longtemps avant d’acquérir sa maison, car elle avait peur de perdre son emploi, tout comme son mari. Prémonition ? Elle saute le pas il y a trois ans et quelques temps plus tard, son époux est licencié, tout comme elle aujourd’hui !

Message à Marie-Claude Jarrot

Et puis, un peu grognon, Hélène souhaite envoyer un message à notre maire, Marie-Claude Jarrot : « Mme le Maire, vous n’êtes pas sans savoir que toutes les personnes âgées, handicapées et sans moyen de locomotion, vont se retrouver bloquées dans quelques jours. Où vont-elles aller faire leurs courses, à pied ? A Leclerc ? Intermarché ? Lidl ? Comment ? ».

Ajoutant : « Je propose que la municipalité mette en place un service de minibus dans ce quartier et aux alentours, pour emmener toutes ces catégories d’habitants fragilisés, faire leurs courses. De plus, l’hiver approchant, le problème va se présenter très vite ».

Diane, 60 ans, est entrée à Géant en 1993. Elle a travaillé deux ans au petit Casino, au centre-ville, avant d’en partir et de revenir à Géant comme hôtesse de caisse, puis employée au rayon pâtisserie, produits frais etc.

Pour elle aussi, cette fermeture de magasin est une opportunité pour avancer. Elle a choisi le reclassement formation et a déjà rencontré ses conseillers.

Derniers jours éprouvants pour le personnel

Ces derniers jours sont éprouvants, car le magasin a été littéralement vidé de toutes ses marchandises. Jour après jour, les rayons disparaissaient, tout était bradé et il ne restait que quelques produits frais. A ce jour, il ne reste pratiquement plus rien : un petit rayon pâtisserie, un autre de légumes, même les magazines ont disparu…

Et le plus écœurant : les vols qui sont montés en flèche durant cette période de grand déstockage. Certains ont compris que liquidation était égal à chapardage !

« Certains très anciens clients nous ont déçus… ». Pas vraiment de quoi pavoiser !

Des victimes collatérales

Outre les 57 employés dont la moyenne d’âge est de 55 ans, trois jeunes (entre 23 et 26 ans) se retrouvent également sans emploi.

Mais ce ne sont pas les seuls : l’équipe de sécurité, de gardiennage, même si elle ne travaillait pas directement pour Géant Casino, a perdu elle aussi le contrat, travaillant uniquement dans ce magasin.

La société de nettoyage a également perdu le contrat.

Et que dire des salariés qui travaillaient en couple à Géant ?

Mais qu’à cela ne tienne : tous sont bien décidés à rebondir. Nous leur souhaitons bon courage, ainsi qu’à l’équipe dirigeante et son directeur Romaric Pierrichon.

Paroles de clients de très longue date

Christiane

« Je suis très déçue de cette fermeture. J’aimais la proximité de ce supermarché, les promos, le personnel. Je venais ici depuis environ dix ans. Et je profitais des produits à bas coût, car ma retraite n’est pas grosse. Dommage… ».

Frédéric

« C’est une page qui se tourne. Je viens dans ce magasin depuis de nombreuses années. Alors certes, on voyait bien depuis un certain temps que ça ne tournait plus très rond, mais je pensais que c’était juste une mauvaise passe. Cette fermeture nous prouve le contraire ».

Patricia

« Moi, j’aimais bien venir faire le plein de ma voiture à la station-service. C’est pratique, on a la place pour se servir, contrairement à d’autres stations de supermarchés. Mais depuis plusieurs mois, on sentait un laisser-aller : il n’y avait même plus de gants en plastique pour protéger les mains ! ».

Henriette

« Je suis complétement perdue. Je n’ai aucun moyen de locomotion, mais j’habite à côté de Géant. Je ne sais pas comment je vais faire maintenant. Et puis, j’aimais bien l’ouverture du dimanche, toute la journée. Je m’y rendais, juste quelquefois pour un litre de lait. Mais je voyais du monde. C’est triste ! ».

Clap de fin

Le rideau est à deux doigts de tomber, les lumières vont s’éteindre et employés et clients vont faire un dernier tour de piste.

Toutefois, un repas d’adieu aura lieu ce samedi au restaurant du bord du lac du Plessis, pour les personnels et les encadrants. Pas sûr que ce repas ressemble aux repas de caissières qui ont rythmé ces trois dernières décennies…

Bon courage à tous.

Nelly Desplanches

 

 

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3 commentaires sur “Montceau-les-Mines : Clap de fin pour Géant Casino”

  1. Pascontent dit :

    Dommage.
    C’était le contre poids à Leclerc qui dégraisse ses rayons des roduits de qualité, car trop chers.
    On avait pris l’habitude de partager nos courses entre ces 2 magasins. Et maintenant on va arriver à manger ce que J.P. Koff appelait de la m……et surtout pas chère comme dit l’Edouard.

    Autres réflexions: Pourquoi les autre magasins, qui embauchent actuellement, ne font-ils pas preuve de solidarité en reprenant les licenciés? A quoi servent tous ces organismes créé pour le reclassement? Pourquoi les syndicats, arborant un esprit de solidarité (humour!), n’agissent-ils pas positivement en favorisant les reclassements locaux? C’est vrai qu’entretenir le malheur des gens est plus porteur que l’entraide.

  2. DARLING dit :

    Un grand MERCI à nos clients (les vrais!!! ils se reconnaîtront …) de nous avoir soutenus jusqu’au bout, jusqu’à venir tout simplement nous dire au revoir et nous souhaiter bon courage pour la suite avec des larmes dans les yeux ! Quelle tristesse !
    Je ne garderais que les bons souvenirs de 40 années passées avec de bons collègues, à se soutenir, s’entraider, se remonter le moral, pleurer et surtout rire dans la bonne humeur d’une entreprise familiale et conviviale !

  3. ANEMONE71 dit :

    Oui, très triste de vivre cette situation, personnels et fidèles clients. En colère aussi de voir depuis le milieu de la semaine dernière, les parkings complets. Vendredi AM, en entrant dans le magasin comme chaque semaine faire mes courses du WE, je n’ai pas su si j’étais triste ou en colère devant le spectacle : des nuées de clients, avec un ou deux caddies regorgeant de produits de toutes sortes, et des rayons vides. Même les revues et les livres que je voyais depuis des semaines, avaient disparu. Les vautours avaient sévi. Je n’ai pu trouver aucun des articles que j’achetais habituellement, en tant que cliente depuis près de 40 ans. Je m’étais promis d’y aller jusqu’au dernier jour, mais ce n’est plus la peine. Je compatis au désarroi des personnels, surtout ceux au contact direct des clients.