Montceau : 1er mai, fête du travail
Baguettes en pause : les boulangers face aux restrictions du 1er mai
Le 1er mai, connu comme la Fête du Travail, est un jour férié célébré dans de nombreux pays pour honorer les travailleurs et leurs droits.
Cette journée trouve ses origines dans les luttes ouvrières du XIXe siècle, notamment aux États-Unis, où les syndicats revendiquaient la journée de travail de huit heures.
En France, le 1er mai est devenu une journée de revendications sociales dès 1890, et il a été officiellement reconnu comme jour férié en 1948.
Particularité pour les boulangers
Pour les boulangers, ce jour revêt une particularité : bien qu’ils soient habitués à travailler de longues heures pour assurer la production quotidienne, la législation française impose que le 1er mai soit chômé pour une grande majorité des professions.
Les boulangeries sont souvent perçues comme des entreprises essentielles, surtout dans des villages, où elles jouent un rôle vital. Cependant, le 1er mai, même les commerces alimentaires ne peuvent ouvrir librement. En effet, seuls les hôpitaux, transports publics, forces de l’ordre, médias, certains hôtels et restauration peuvent travailler le jour de la Fête du Travail.
Les boulangers doivent donc jongler entre leur passion pour le métier et le respect des contraintes légales.
Les salariés des boulangeries ne peuvent pas travailler…
Si les boulangeries peuvent rester ouvertes le 1er mai, seul le boulanger qui est entrepreneur peut travailler. Ses salariés n’ont quant à eux pas le droit de travailler.
Sous peine d’une amende de 750 € par salarié
Si le boulanger fait travailler ses salariés ou apprentis quand même, la loi prévoit qu’il paye une amende de 750 euros par salarié qui travaille ce jour-là et 1500 euros s’il s’agit d’un apprenti.
Une situation que déplore la profession, considérant qu’il est quasi impossible d’ouvrir une boulangerie sans salariés. Ils demandant donc de faire partie des métiers concernés par la dérogation permettant de travailler le 1er Mai.
Comme le déplore un boulanger montcellien : « Nous aurions le droit de travailler avec un salarié si par exemple, nous faisions du pain pour les Ehpad ».
Certaines boulangeries montcelliennes seront fermées ce 1er mai
Boulangerie Jaillet, située au 52 rue Barbès
« Nous n’ouvrirons pas le 1er mai, car la loi nous interdit de faire travailler nos salariés. Cela devient lourd, car ceux-ci auraient été satisfaits de travailler une journée payée double. Cependant, mon mari et moi préférons fermer la boutique et profiter d’un long week-end » indique Mme Jaillet.
Quant au « patron », il ne comprend pas que la loi empêche les gens de travailler s’ils le souhaitent. « C’est aberrant » déplore-t-il.
Boulangerie Arnody, 12 rue du 11 novembre
La boulangerie sera fermée pour le 1er mai. « Je n’ai pas envie de risquer une forte amende » dira la boulangère.
L’Epi de Lucy, 20 rue Jean Didier
La boulangerie sera fermée.
Marie Blachère
Les boulangeries Marie Blachère de Montceau et du Bois du Verne, seront également fermées
D’autres ouvriront leurs portes
O ’Délices de Marmiz, 18 rue de Mâcon
Dans cette boulangerie, le patron va faire le pain seul et son épouse tiendra la caisse. « On empêche les gens de travailler, alors qu’on nous a tellement rabâché qu’il fallait travailler plus pour gagner plus ! » dit-il.
Le Code du Travail français stipule que le 1er mai est un jour férié chômé, avec peu d’exceptions. Cependant, l’article L3133-7 prévoit que certains commerces de première nécessité peuvent demander une autorisation préfectorale pour ouvrir ce jour-là.
« Et nous ne sommes pas considérés comme des commerces de première nécessité, alors que les restaurants le sont… Cherchez l’erreur ! » indique l’artisan.
Ajoutant : « Et en plus on prive des salariés qui sont très souvent d’accord pour travailler le 1er mai avec un salaire doublé. C’est la France… ».
Boulangerie Peguesse, rue de la Coudraie
Là encore, la boulangerie sera ouverte de 6h à 12h30, avec uniquement les patrons, sans employés.
Le Fournil de Sophie, 50 avenue des Alouettes
La boulangerie ouvrira ses portes de 6 à 13h.
Boulangerie Guinot, 16 rue des Oiseaux
Ouvert de 6 à 13h, sans salariés. Les patrons ne comprennent pas cette loi, comme la plupart de leurs confrères.
La boulangerie Rizet
Elle sera fermée à Gourdon et ouverte à Blanzy, avec uniquement les patrons.
Ce que cette loi implique pour les boulangers
Tout d’abord une perte économique : la fermeture au moins partielle des boulangeries, peut entraîner une baisse de revenus pour ces artisans.
Une organisation anticipée : beaucoup préparent des stocks la veille, pour permettre aux clients de profiter de leur baguette ou croissant, même en l’absence de personnel le jour férié.
Certains boulangers revendiquent la liberté de travailler le 1er mai, pour répondre à la demande locale et éviter des pertes économiques. Ils estiment que la loi, bien qu’importante pour protéger les droits des travailleurs, devrait offrir davantage de flexibilité dans les secteurs essentiels comme celui de la boulangerie…
Ce débat met en lumière un paradoxe : la France célèbre ses travailleurs tout en restreignant le droit de certains d’entre eux à exercer leur métier. C’est à n’y rien comprendre !
Pour conclure, le dilemme des boulangers face aux restrictions du 1er mai illustre parfaitement l’équilibre complexe entre la législation, les droits des travailleurs et les besoins des communautés.
Ces artisans peuvent-ils espérer une évolution de la législation ? A voir…
En attendant, mieux vaut faire sonner le réveil jeudi 1er mai, si vous tenez vraiment à consommer du pain frais.
Nelly Desplanches