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jeudi 14 mai 2020 à 06:08

PENSE FOREST !

Réouverture des écoles : des questions.





 

Aujourd’hui c’est la rentrée ! Un parfum particulier, des sensations étranges, des questions qui n’en finissent pas, des images de classes et de cours d’école métamorphosées…

 

 Les Maires ont appris, comme tout le monde, lors du dernier discours du Président de la République que les écoles rouvriraient un mois plus tard. Il leur a fallu, en un temps record, penser à une somme de détails infernale. Préparer une rentrée demande du temps et les municipalités et les équipes enseignantes en ont manqué.

 

En effet, le peu de temps et la logistique démentielle demandée par les nouvelles consignes n’ont permis que d’appuyer la dimension sanitaire de cette rentrée de crise. Or, on le sait, l’Ecole n’est jamais qu’une question sanitaire. L’Ecole, si tentée qu’elle puisse être un groupe unitaire, est un agrégat de dimensions chacune d’importance égale dans l’optique d’un enseignement de qualité. Les Mairies du Bassin Minier ont donc réussi un challenge logistique incroyable avec le temps et les moyens dont elles disposaient. La mobilisation des agents a été là et leur travail est à souligner. Pour autant, qu’en est-il de la dimension pédagogique ? Qu’en est-il de la dimension psychologique ? Qu’en est-il de la dimension sociologique ? Si nous voulons assurer à notre jeune génération une égalité d’enseignement, c’est à nous, en tant que citoyens, parents, acteurs, d’être attentifs à cette rentrée.

 

La dimension pédagogique :

Comme dans le discours présidentiel sur la culture où il était question « d’inventer un nouveau rapport au public », le discours institutionnel ne chercherait-il pas à « inventer un modèle pédagogique se substituant au modèle actuel qui aurait « vécu » ». Mais de quel modèle pédagogique parle-t-on ? Le présentiel des élèves ? Se dirige-t-on vers un nouveau monde où les élèves alterneront entre cours à la maison et cours en classe ? Là aussi de nombreuses limites sont à poser. Le bilan des enseignants est trop frais pour obtenir de réelles conclusions quant à la mise en place de ce qui a été appelé « la continuité pédagogique ».

 

La dimension psychologique :

Il existe un débat de praticiens sur la question de cette rentrée. Fera-t-elle autant de bien qu’escompté ? Ne créera-t-elle pas plus d’angoisses chez les enfants ? Les scientifiques sont en désaccord. Pourquoi le principe de précaution n’a-t-il pas eu cours concernant cette dimension ? Pourquoi les impératifs économiques ont-ils pris le pas sur le questionnement psychologique ? Affaire de choix. Il n’est jamais question d’un hypothétique bon sens collectif qui n’est en réalité qu’une succession de choix politiques.

 

 

La dimension sociologique :

Enfin l’Ecole s’insère dans une société. Elle n’est pas éthérée. Les conséquences sociales et sociologiques de l’instruction publique sont étudiées depuis longtemps. Ainsi nous savons depuis longtemps que nous sommes face à des formes de déterminisme social et que l’Ecole ne comble pas les inégalités sociales voire qu’elle peut contribuer à les creuser. Le versant facultatif de cette rentrée pose ainsi question. Quels seront les profils qui mettront leurs enfants à l’école ? Quelles familles auront assez confiance dans l’institution pour assurer la sécurité des enfants ? Là aussi, la sociologie nous donne des éléments de prédiction. Les familles les plus en difficulté ont plus tendance à ressentir de la méfiance envers un système scolaire qui ne tiendrait pas ou plus ses promesses.

 

 

Ainsi, en période de crise, il semblerait probable que ces familles maintiennent leurs enfants au domicile. Or les enseignants devront faire double cours : en présence et à distance. On sait également que les cours en présence et en petit groupe sont beaucoup plus efficace que des cours en grand groupes ou à distance (large consensus dans le monde enseignant). Or si les familles en difficulté peinent à refaire confiance à l’institution, ces enfants souffriront encore plus de cette situation. Les enjeux de l’école primaire et de l’école maternelle sont immenses. Comment analyser le fait que les enfants de maternelle ne pourront plus se donner des crayons, des livres, ne pourront plus expérimenter le partage. Comment analyser le fait qu’ils puissent rester dans des « zones » pendant les cours de récréation ?

 

C’est à nous d’être attentif, d’avoir conscience des impensés et de toujours se centrer sur l’intérêt global des élèves. Car en fin de compte, il ne devrait y avoir que cela qui compte.

 

FOREST.

 

 



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