Ei si l’hybridation était la grande tendance du monde qui vient ?
Gabrielle Halpern, philosophe, a proposé sa vision au technopôle sud Bourgogne
A l’occasion de l’inauguration du technopôle sud Bourgogne hub&go au Creusot, Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie, était invitée, ce jeudi, à venir présenter une conférence sur le thème de l’hybridation. L’amphi du technopôle était rempli. Et c’est aussi à l’extérieur de l’amphi que la conférence était retransmise sur grands écrans.
Elle a débuté son propos en partageant l’histoire d’un caméléon capable de changer de couleurs, sauf sur un tissu écossais. Nous comparant à ce caméléon qui éclate en cherchant à changer de couleur sur le plaid écossais, elle explique que nous sommes remplis d’injonctions contradictoires.
Pour autant, la philosophe se veut positive : “Il y a des choses que nous pouvons réconcilier. Il y a des signaux faibles d’hybridation : le mariage improbable de métiers, de secteurs, de matériaux qui semblent contradictoires.” Cela passe aussi par la création de nouveaux lieux, de nouveaux modèles; de nouveaux mondes.
Et d’expliquer en quoi le technopôle constitue l’un de ces lieux à travers : une hybridation de publics, d’usages. Elle évoque des hybridations de métiers, dans les formations, des sociétés coopératives hybrides publics/privés qui sont à l’origine de nouveaux modes de gouvernance.
Le paradoxe de l’hybridation
Cette hybridation est porteuse d’un paradoxe, sa connotation péjorative. La racine latine du terme évoque quelque chose de bâtard ou de sang mélangé.
Et pour développer la suite de son propos, la philosophe revient sur le mythe du Centaure, mi-homme, mi-cheval. “Nous avons du mal avec l’hybridation à cause de la rationalité. Notre raison s’est rigidifiée au cours des siècles. Toute la journée, on range les gens, les métiers dans des cases, les jeunes, les seniors. On fait ça avec les quartiers. On passe notre temps à découper et créer des frontières, renforçant ainsi les fractures”. ajoute-t-elle.
Et de poursuivre : “La bonne nouvelle, c’est qu’il y a peut-être quelque chose en train de changer. Il serait peut-être temps de réinventer le mythe du Centaure”.
Et pour appuyer son propos, elle évoque ses recherches, ses observations dans différents types d’établissements. Elle évoque que rien n’est banal, qu’il faut le courage de quelques-uns, qu’il s’agit de transgresser les barrières physiques, mentales. Elle évoque la responsabilité territoriale qui incombe à chacun d’entre nous.
“Demain, on évaluera les acteurs selon cette capacité d’hybridation. Nous sortirons ainsi peut-être d’une société de service pour entrer dans une société de relation” ajoute-t-elle, avant de redéfinir la relation. Ce lieu, la relation où chacun peut entrer et être impliqué.
Revenant alors sur la figure du Centaure, elle développe : “juxtaposition ? Fusion ? Relation d’assimilation?” Pour elle, le Centaure ne tombe dans aucun de ces trois pièges. Il inaugure une quatrième voie : la métamorphose réciproque. “Chacune des deux parties se métamorphose au contact de l’autre pour créer un tierce figure. L’enjeu d’un lieu comme celui-ci est la métamorphose réciproque.” précise-t-elle.
Se rencontrer vraiment
Gabrielle Halpern relève les freins à la rencontre : les préjugés et la méconnaissance qui est à l’origine de ces préjugés.
Elle revient enfin sur l’importance des lieux : “On ne se rend pas compte de l’importance des lieux. Je pense que c’est une grande erreur. Les lieux jouent un rôle. Selon les images qui vous composent, votre existence prendra un tour tout différent.”
Avant de conclure sur l’importance de la proximité et sur le terme d’hybridation en tant que véritable projet de société.
“Que nou apprenions tous à être des Centaures” encourage-t-elle avant de répondre à plusieurs questions.
A l’issue de sa conférence, la philosophe a laissé la place à un groupe de quatre étudiants qui ont présenté un projet intitulé Cohoma III, projet de robotique visant à permettre la collaboration entre machines et humain en situation de combat.
Ces présentations ont su rencontrer leurs publics et interroger sur le présent et l’avenir de ce nouveau site hub&go.
EM