Le périmètre du site « Natura 2000 » de l’étang « Pierre Poulain » de Pouilloux élargi pour protéger une tortue rare

 

 

Parmi les dossiers abordés par les conseillers communautaires, réunis ce jeudi soir à Montceau, figurait une question environnementale. Une question qui nous a permis de découvrir que vivait, dans le bassin minier, une espèce rare de tortue : la cistude d’Europe. Explication.

 

 

 

La nature présente partout est le gage de sites privilégiés pour la biodiversité, et notamment l’étang de « Pierre-Poulain », car, très discrète et difficile à observer, la cistude d’Europe, rare tortue qui a valu à ce site l’appellation Natura 2000 dans les années 90, aime la tranquillité de cet endroit caché derrière un rideau d’arbres.

 

Cette tortue, dont la Société d’histoire naturelle de la faune de Bourgogne , d’après la découverte de fossiles, date l’existence vers -2000 à -2500 avant JC, en Bourgogne, et confirme sa présence dans les années 80, vit dans les canaux, les tourbières, les bras de rivière, les étangs, les eaux saumâtres et dans tous les autres milieux aquatiques où elle trouve des végétaux. Elle a besoin d’un sol meuble ou sableux et de zones ensoleillées pour déposer ses œufs. Elle est fortement menacée de disparition.

 

De petite taille, (14 à 22cm), sa carapace plate et légèrement bombée rappelle la forme d’un galet. Elle est essentiellement diurne, surtout active aux heures les plus chaudes de la journée et, craintive et méfiante, elle passe la plus grande partie de son temps sur des troncs émergés ou à la surface de l’eau sur laquelle elle se laisse aller à flotter.

 

À l’automne, la cistude s’enfouit dans la vase qui la protège du gel, pour redevenir active au printemps.

 

 

 

 

 

C’est à partir de mai – juin, que débute la saison des amours chez la cistude. L’accouplement des cistudes se déroule généralement sous l’eau et se passe normalement assez rapidement. C’est quelques semaines plus tard que la femelle pond ses œufs dans un lieu sec et généralement éloigné de l’eau (jusqu’à 800m de la rive). Ces œufs sont blancs et très fermes et de forme elliptique, et sont au nombre de 3 à 16 mais le plus souvent de 5-6. Elle les dispose dans un trou de six à douze centimètres de profondeur qu’elle creuse dans la terre meuble avec ses membres postérieurs. L’éclosion se produit trois mois environ après la ponte : les nouveau-nés pèsent cinq à six grammes et meurent souvent dans le nid en frayant leur chemin vers l’air libre où ils sont chassés par nombre de prédateurs dont les putois, les hérons ou les corbeaux par exemple. Après trois mois environ, généralement en août et en septembre, les petites tortues sortent du nid. Elles ne sont aptes à se reproduire et adultes qu’au bout de 10 à 12 ans.

 

 

Adulte, la cistude n’a plus guère d’ennemis, que les installations humaines…

 

 

 

Les Cistudes de l’endroit sont observées par capture, puis marquage (encoches), et pose d’émetteurs sur les femelles. Ainsi, les scientifiques dont Damien Lerat, animateur du plan régional d’action en faveur de la Cistude d’Europe, peuvent nous faire connaître comment elles vivent, quel est le rythme de leurs déplacements, comment se passe leur reproduction, la ponte etc…

 

Nicolas Varanguin, de la même Société histoire naturelle  nous a indiqué que les lieux de vie en Bourgogne se situent à la limite nord du territoire occupé par la Cistude d’Europe qui est plutôt une espèce méridionale.

 

Il a été dénombré 7 nidifications en 2012à Pouilloux, 44 tortues sont porteuses d’émetteurs.

 

 

 

La norme « NATURA 2000 » obtenue pour ce site (avec d’autres) dans ce même secteur (complexe d’étangs du Baronnet, du Rousset etc…) est donc élargie en superficie pour, justement, permettre aux tortues de pouvoir organiser la nidification plus au large des rives de l’étang dans des lieux protégés. Cette appellation est obtenue grâce à la concertation intelligente entre les communes concernées (Pouilloux, Le Rousset, Martigny le Comte, La Guiche, la CCMU, La Communauté de communes de Palinges), les propriétaires des terrains et les exploitants de ces terrains. Ensemble, ils travaillent à ce projet depuis 2009 et c’est grâce à leur entente que le résultat est aujourd’hui positif. « La superficie du territoire ainsi normé passe de 59ha à 133ha. » nous dit M. Tondoux Maire de Pouilloux.

 

 

 

 

 

L’étang « Pierre Poulain » a une superficie de 7ha en eau et de 9ha avec les herbiers (joncs entre autres). Il est exploité par une association de pêche : « La Perche de Torcy » qui l’utilise pour faire l’élevage de poissons servant au rempoissonnement de l’étang de Torcy. Nous avons d’ailleurs surpris ce jeudi matin, deux membres de l’association y déversant des brochetons. Le Président, Michel Gauthier, nous indique que l’étang est « pêché » tous les 2 ans. Cela est fait en novembre lorsque les cistudes sont envasées. Au bout de  2 ans, c’est la pêche miraculeuse avec environ, entre autres, 1 tonne de carpes et 1 tonne de gardons.  

 

 

 

Christophe Gauthier, voisin de l’étang, passionné par le site, organisateur de cette pêche bi- annuelle, ne cache pas son admiration et sa passion pour le site autour duquel il peut observer une multitude de sortes d’oiseaux, « ce dernier week end, j’ai vue 2 grues de passage », dit-il, et puis…. sur les abords … les chevreuils, les faisans (oui, nous en avons croisé) etc….   

 

Nous voulons remercier pour leur disponibilité toutes les personnes qui ont bien voulu nous parler de cet endroit enchanteur, Christophe Gauthier, M. Tondoux le Maire de Pouilloux et sa secrétaire, Nicolas Varanguin, Michel Gauthier et nous leur promettons ainsi qu’à nos lecteurs de revenir voir les Cistudes lorsqu’elles se feront « bronzer » et ainsi reparler de cet endroit enchanteur que la concertation entre gens de bonne volonté permet de préserver.

 

Jean Michel LENDEL