Rubrique du vendredi par « Michel Du Jardin »
Les pesticides
Quand j’éto gamin, combien de foè que j’l’ai pidé faire, le pèpère, avec sa machine dessu son dos…. è pis…. son teuyau dans la mimine, ah ! ô leur mèto quèque chose,… ô les aspergeot ben les treuffes,… l’avint pas belle les doriphores !
Ô diso : « ah !… mon homme… ! si t’traite pas…. t’a ren ! », alors ô traito dru, l’père ! é pis çà donnait des patates qu’étint bonnes à marander en fricassée, en purée, à la pate, en frites, à l’eau é pu n’importe comment, vois-tu ! y étin tout l’temps bonnes ! j’te jure !
è pi le Michel du Jardin, qui qu’ô l’en dit, le zigue?
JML
Et bien il en dit ceci :
« Nous venons de vivre la « semaine du développement durable » organisée par des associations proches de l’environnement et du respect de la nature. Un des thèmes abordés un peu partout a été « la non utilisation des pesticides ». Qu’en est il pour le jardinier amateur ? Nous allons essayer de faire le point et de clarifier un petit peu toutes les convictions qui animent telle ou telle tendance.
Essayons tout d’abord de définir ce que l’on entend par pesticides. Eh bien il faut savoir que c’est un mot inventé il y a une dizaine d’années qui ne recoupe aucun concept scientifique précis. Il vient de l’anglais « pest » qui veut dire ravageurs et, donc, il désigne toutes les substances qui ont pour fonction d’éloigner les ravageurs des plantes. Mais ceux-ci sont nombreux et peuvent être de nature bien différentes : les fongicides luttent contre les champignons, les insecticides luttent contre les insectes, les herbicides combattent les plantes parasites dans les cultures, et ceci pour ne citer que les plus courants. Donc, si on résume, les pesticides sont des substances chimiques qui sont utilisées pour soigner les cultures malades d’ailleurs, quelques années en arrière, on les considérait comme des produits phytosanitaires qui soignaient les plantes On peut donc nécessairement se demander pourquoi s’en passer ?
Toutes ces substances sont composées d’une molécule active, on dit principe actif, et d’un habillage de substances chimiques différentes suivant les marques, qui a pour fonction de rendre la molécule active plus soluble et donc mieux absorbée par la plante. Suivant le produit utilisé la molécule active est d’origine organique ou minérale, ce qui veut dire que soit on la trouve telle qu’elle dans la nature ou soit qu’elle provient d’une synthèse de minéraux réalisée de manière artificielle. Mais, qu’elle qu’en soit l’origine, cette molécule est du point de vue chimique strictement identique et surtout elle a besoin du même circuit pour être assimilée par la plante. Donc pourquoi opposer les produits organiques et les produits de synthèse puisque la plante elle-même, ne fait pas de différence dans leur assimilation ?
Pourquoi en sommes-nous arrivés à préconiser l’absence d’utilisation de ces produits ?
Il faut bien reconnaître que c’est beaucoup plus l’utilisateur de ces produits que les produits eux-mêmes qui sont en cause. En effet, la première cause de problèmes est le surdosage des traitements. On ne dira jamais assez que les doses indiquées par les fabricants sont à respecter scrupuleusement, même si devant les petites quantités le jardinier, sceptique sur l’efficacité a tendance à en rajouter. La deuxième cause est sans doute due à l’utilisation de produits inappropriés qui ne sont pas utilisés par les végétaux, je pense en particulier à ce qu’on appelle des traitements totaux qui doivent tout résoudre et qui ne font rien. La troisième cause est due à la période où le traitement est effectué, trop tard et l’action est inefficace, trop tôt et ce n’est pas le même produit qu’il faut utiliser.
Que se passe-t-il dans ces cas-là ? Le produit chimique non utilisé par la plante va se retrouver intégralement dans le sol avoisinant et le risque de transport de celui-ci par les eaux de ruissellement jusqu’aux nappes phréatiques n’est pas négligeable. Les résidus ainsi véhiculés peuvent se retrouver là où personne ne les attendait et en particulier entrer dans la composition de notre alimentation et c’est en ingérant ces substances, au départ prévues pour soigner nos plantes, que nous risquons des intoxications plus ou moins graves. C’est donc pour cette raison que nous allons aborder le thème suivant. Alors que le produit utilisé par la plante est totalement décomposé au bout de deux à trois semaines !
Donc, comment utiliser le moins possible de pesticides ?
Nous disons « le moins possible » car pour nous, il n’est pas envisageable de refuser de soigner une plante malade sous prétexte que les produits utilisés peuvent être toxiques, mais plutôt de se poser les bonnes questions : quelle maladie diagnostiquée entraîne quel substance à utiliser, de quelle manière cette substance agit-elle et quelle dose est compatible avec l’ampleur de la contamination ? Toutes ces questions doivent être résolues avant même que de sortir le pulvérisateur.
Toutefois nous allons rappeler un certain nombre de précautions de cultures qui ont pour fonction d’éviter le plus possible les attaques des prédateurs sur les plantes cultivées. Car si nous refusons de ne pas soigner une plante malade nous préconisons des techniques pour éviter que les plantes soient contaminées. C’est pour nous le seul moyen de limiter l’utilisation des pesticides. Voici un petit rappel de bon sens pour les jardiniers respectueux de la nature et des plantes.
Mildiou de la tomate
1- Cultiver des plantes adaptées à notre climat et au sol du jardin. Ne pas se lancer de façon démesurée dans des cultures non adaptées à notre région (plantes du soleil par exemple).
2- Favoriser la bio diversité et éviter les cultures intensives mono variétales qui favorisent la propagation des maladies.
3- Entretenir la fertilité du sol, si le sol nourrit la plante il ne faut jamais oublier de nourrir le sol qui s’épuise autrement.
4- Bien gérer l’arrosage et les quantités d’eau utilisées, si possible de l’eau de pluie. Le paillage du sol qui évite l’évaporation est à conseiller de manière systématique.
5- Limiter la prolifération des plantes parasites, et rien ne vaut l’éradication mécanique, avec un petit peu « d’huile de coudes ».
6- Adopter la rotation des cultures et ne jamais recultiver au même endroit une plante qui avait été malade l’année précédente.
7- Associer les plantes compagnes qui favorisent la défense des autres légumes. Le poireau éloigne la mouche de la carotte et la carotte éloigne la mouche du poireau, donc c’est très simple d’alterner les semis de poireaux et de carottes.
8- Utiliser des produits éliciteurs qui renforcent les défenses naturelles des plantes comme les purins d’orties par exemple.
Voici, traité de manière la plus simple possible le point que l’on peut faire actuellement sur un phénomène médiatisé à outrance qui touche à la défense de notre environnement. »
Signé Michel du Jardin
doryphores
chancre sur arbre fruitier