» Plan sécheresse : rien de neuf sous le soleil «
S'inquiète Thierry Grosjean (CAPEN 71)
« A l’occasion de la réunion du « comité sécheresse », la ministre de l’écologie a annoncé un objectif de réduction de 20% de la consommation d’eau d’ici 2020 « à répartir selon les secteurs »…
Personne ne croyait à une prise en mains sérieuse du dossier par le gouvernement, dès lors que toute mesure remet en cause l’agriculture intensive. En la matière, la devise a toujours été : faire économiser les pauvres pour pouvoir fournir aux riches. Les représentants de la FNSEA ( Chambres d’agriculture ) ont fait savoir à l’unanimité qu’ils refusaient les règles, comme si les automobilistes refusaient d’appliquer le Code de la route…Le président de la République s’était d’ailleurs déplacé dans le Tarn & Garonne en mars 2011 pour rassurer les irrigants sur le fait que les mesures prévues en 2008 ne seraient pas mises en œuvre !
Les réserves en eau s’amenuisent ( cf carte du BRGM ) mais les préfets sont sommés de ne pas faire appliquer les lois par certains gaspilleurs patentés. NKM déclare que « la sécheresse concerne tous les usagers ». On aimerait la croire. Pour la CAPEN et France Nature Environnement, tous les secteurs devraient effectivement prendre leurs responsabilités à la hauteur des impacts qu’ils génèrent. Or l’irrigation agricole représente 80% de la consommation d’eau en été. Rien n’est donc possible sans une adaptation des cultures.
La répétition des épisodes de sécheresse – et les changements climatiques – révèlent les limites physiques de la ressource en eau d’une agriculture industrielle déconnectée de ses terroirs. Il est devenu évident qu’il faille se reconvertir vers une agriculture plus diversifiée, plus proche des besoins des consommateurs, moins consommatrice d’intrants et d’énergie ;( eau d’irrigation, mais aussi engrais, pesticides, aliments importés…).
Cette agriculture réduisant ses gaspillages devrait alors pouvoir bénéficier d’un statut « d’intérêt général » lui donnant une priorité sur les golfs, les piscines privées et autres lavages de voitures…Mais la priorité reste bien l’alimentation en eau potable de nos concitoyens pour leur vie quotidienne, tout en les incitant aussi à économiser. Ils le feront d’autant mieux quand on les assurera d’une égalité de traitement, du respect des lois par tous, bref, en donnant l’exemple. La manière la plus efficiente de garantir l’eau potable, sans passer par de coûteuses installations, est de préserver des pollutions les milieux naturels. Le Val de Saône, en étiage, concentrera les pollutions chroniques ( pesticides, PCB etc..).
Pour le reste des besoins, rappelons que les centrales nucléaires ont besoin de refroidissement ( se souvenir de 2003 ! ) et qu’il va falloir envisager la fermeture de nombreux réacteurs. »
Pour la CAPEN 71, Thierry GROSJEAN