Nécrologie
Pierre MOREAU fondateur de la compagnie Golmus nous a quittés
Pierre MOREAU, ce nom là parle bien sûr à tous les amateurs de théâtre mais aussi à tous les collégiens de Jean Moulin qui ont eu la chance de l’avoir comme professeur de français.
Et Dieu sait s’il y en eu en 35 années de carrière.
Une chance ? Un miracle car bien peu savent que Pierre MOREAU, après avoir passé un bac « math élém » au lycée Henri Parriat de Montceau s’inscrit en fac scientifique à Dijon.
Une expérience de courte durée, puisqu’après deux mois il se réoriente en fac de Lettres dont il sort agrégé de lettres Modernes.
Tout au long de sa carrière professionnelle il continuera de mener en parallèle son activité théâtrale commencée en 1962 sous les marronniers de la cours du lycée où avec quelques camarades, il répète des scènes de Molière. La compagnie s’appelle alors « Le Masque » et deviendra « Golmus » quand les élève sortiront du lycée.
Artisan inlassable de l’éducation populaire qu’il place au premier rang de ses préoccupations, Pierre Moreau ne transige pas sur la qualité des spectacles qu’il met en scène. A l’instar de Jean Vilar qui déclarait « Le théâtre est un service public comme l’eau, le gaz et l’électricité », il engage la compagnie GOLMUS a créer et à diffuser un théâtre accessible qui emprunte à la fois au répertoire classique (Molière, Shakespeare), Tchékov, Musset …) , aux auteurs moderne (Audiberti, Vitrac, Arden) mais aussi aux créations collectives dont la compagnie s’est fait une spécialité notamment en portant à la scène les œuvres de Pierre, car c’est une facette du personnage que les gens connaissent moins, mais Pierre Moreau fut également un auteur prolixe.
On ne peut évoquer ce qu’il a apporté au théâtre et plus généralement à la vie culturelle de Montceau, sans rappeler qu’il fut l’instigateur des Rencontres Européennes de théâtre dont les 3 éditions ont réuni à Montceau de jeunes comédiens venus d’Allemagne, d’Italie, de Pologne, de Hongrie, d’Espagne, du Danemark, de Slovaquie.
Comment également passer sous silence, l’importance qu’il a donné à la formation tant à travers l’exemple qu’il donnait aux jeunes comédiens de la compagnie, qu’en engageant celle-ci à mettre en place des ateliers de formation d’acteur dès les années 80. Ateliers qui perdurent encore aujourd’hui avec les ateliers enfants.
Ce parcours exemplaire deux fois distingués, en juin 1991, quand Pierre Moreau fut fait Chevalier des Arts et Lettres par M. Didier Mathus alors député et en 2016 lorsque la ville de Montceau donna son nom à une des salles de répétition des Ateliers du Jour, ce long parcours s’est achevé samedi 24 mai.
Cette même année, il publie en collaboration avec Thomas Héritier Le journal d’Albane à Montceau-les-Mines, carnet de voyage, journal intime, découverte poétique et esthétique de la ville et des gens rencontrés.
La Compagnie GOLMUS qui est actuellement en cours de préparation d’un prochain spectacle gardera encore longtemps en mémoire cette déclaration d’amour au théâtre que Pierre Moreau fit un jour :
« J’aime le théâtre. J’aime le Théâtre avec un grand « T », celui des monstres sacrés de la scène, qu’ils soient auteurs, acteurs, metteurs en scène ; celui des maquillages exotiques, de la machinerie, des costumes flamboyants, des clairs-obscurs, des contre-jours et des luminescences.
Le Théâtre avec un grand « T » m’enchante.
Mais à pressurer le théâtre pour en faire un objet esthétique, ne l’affaiblit-on pas ?
C’est pourquoi j’aime également le théâtre avec un petit « t », celui que l’on voit en marge des circuits culturels ; dont les signes extérieurs de richesse sont discrets ; dont les acteurs, metteurs en scène, auteurs, régisseurs sont la plupart du temps inconnus.
On rechigne à s’intéresser au théâtre avec un petit « t », parce qu’on craint de prendre des risques inutiles. On a tort. »