Tribunal
Comparution immédiate Montceau
D. B. est un homme de taille moyenne, il porte des lunettes, un court collier de barbe, il est habillé de façon très courante. Ce passe-muraille a cependant mis en émoi les forces de l’ordre sur Montceau il y a 3 jours : il fait l’objet d’un mandat d’arrêt, les policiers l’ont donc interpellé, il a trouvé le moyen de leur fausser compagnie en blessant l’un des leurs (21 jours d’ITT, blessé à l’épaule), et en escaladant le grillage d’enceinte du commissariat de la ville.
Hélicoptère, chiens, branle-bas de combat : on remet rapidement la main sur le fugitif le jour-même, le 6, il est placé en détention provisoire le 7, et traduit en comparution immédiate ce jeudi 9 novembre. D. B. le passe-muraille est poursuivi pour « évasion par violence », « dégradation de bien destiné à l’utilité publique » (le grillage), « vol », et acquisition, transport, détention et usage de stupéfiants (2 boîtes de Méthadone sans ordonnance), soit 6 préventions.
Le jeune homme demande un délai pour préparer sa défense, le tribunal va devoir décider s’il est maintenu en détention ou placé sous contrôle judiciaire jusqu’à son jugement.
Qui est D. B. ? Une sorte de passe-muraille on l’a dit, aussi banal dans son apparence que dans son mode de vie. Côté face, il réside chez son père et sa belle-mère, il a une copine depuis 2 ans, il n’a pas d’enfant, et il a même un travail plutôt bien rémunéré, qu’il a trouvé la dernière fois qu’il s’est trouvé sous contrôle judiciaire, (et c’est là qu’on passe au côté pile) dans le cadre d’une enquête pour infraction à la législation sur les stupéfiants, cette même enquête qui a conduit le juge de la détention et des libertés du TGI de Mâcon à ordonner un mandat d’arrêt contre lui, mandat en cours d’exécution à Montceau quand il s’est fait la belle, avec violence. La boucle est bouclée, et lui aussi.
Ces audiences de renvoi donnent assez peu d’éléments, mais le casier judiciaire de D. B. donne un contexte. Le côté pile ne date pas d’aujourd’hui : 4 condamnations déjà, et que des peines fermes, pour vol aggravé, transport d’armes de catégorie 1 ou 4, recel (récidive d’escroquerie), et refus d’obtempérer lors d’une conduite sans permis, le tout en 4 ans, entre 2012 et 2016. Pour sa 5ème année, et sa future 5ème condamnation (car si la présomption d’innocence existe quant aux faits de vol, de stups, elle est d’ores et déjà pliée en ce qui concerne l’évasion), il fait fort.
Dans l’hypothèse où le tribunal déciderait de le placer sous contrôle judiciaire, quelles garanties apporterait-il ? « Les mêmes que lorsque vous m’avez déjà placé sous contrôle judiciaire : hébergement, travail. Mais, ajoute le prévenu, je sais que ça ne joue pas en ma faveur, que je me sois évadé du commissariat. » Il a raison. Comme quoi même si la logique de certains de ses actes doit lui échapper, il a bien compris quelque chose des logiques sociales et judiciaires.
Aline Saenz-Cobo, substitut du procureur, requiert également avec logique : son mandat d’arrêt court toujours, donc si on le laissait repartir, il faudrait le réarrêter pour le présenter devant le juge mâconnais, lequel saura où le trouver : D. B. est maintenu en détention jusqu’à son jugement, le 7 décembre prochain.
FSA
L’avocate qui substituait le conseil de D. B. a bien sûr demandé la remise en liberté du jeune homme, mais le cumul des faits et du mandat d’arrêt rendait cette hypothèse inimaginable.