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samedi 3 mars 2018 à 07:02

Tribunal –  attouchements sur une enfant de 4 ans à Saint-Vallier

le septuagénaire ira en prison !



 

 

« Ma compagne disait, ‘arrête de les prendre sur tes genoux, ça va finir mal’. » Ça a mal fini….

Pour lui, hier 2 mars devant le tribunal correctionnel du TGI de Chalon-sur-Saône, mais avant lui, pour une petite qui à l’époque avait 4 ans, et qui un jour a fini par rompre, heureusement, « le secret » en rapportant d’abord à ses parents que « Loulou lui avait fait mal », puis fin mars 2015 à un OPJ du commissariat de Montceau-les-Mines, puis ensuite, racontant et mimant les gestes sur des poupées à des membres d’une Unité Médico Judiciaire. Ça s’est passé à Saint-Vallier, chez la nourrice agréée qui avait la responsabilité, entre autres, de la petite et de son frère.

 

Les parents ont cru devenir dingues de culpabilité, de douleur, et de rage

 

« Loulou », 74 ans aujourd’hui, ci-devant magnétiseur, et usant de ses dons, dit-il, pour soigner les enfants, a dérapé, dès avril 2015 il est placé sous contrôle judiciaire. Une petite de 4 ans en a fait les frais. Ses parents ont cru devenir dingues de culpabilité, de douleur, et de rage, d’avoir à affronter cette réalité ignoble : avoir confié la garde de leurs petits à une adulte, professionnelle, qui n’a pas su ni vu ce qui s’est passé sous son toit, aveuglée de confiance en ce compagnon si inoffensif par ailleurs, et c’est sans doute de cet endroit, dans ce dossier, que sont venus les attouchements qui caractérisent l’agression sexuelle. On apprend en effet au cours du jugement que ce monsieur, « pas pervers et pas dangereux » (en général), écrit l’expert psychiatre, n’a plus de vie sexuelle depuis longtemps, et surtout conserve une sorte d’aversion pour la génitalité féminine (une expérience lointaine l’a traumatisé), un dégoût qu’il exprime volontiers à la barre, « à cause de l’odeur », au point que son épouse devait lui rappeler que « ça mord pas ». « Ni libido, ni fantasmes », rappelle maître Vermorel qui intervient pour lui, « on ne touche pas à un enfant » tonne maître Bibard en face, pour les parents et pour l’enfant.

 

 

Il entreprend de « réparer la blessure par imposition des mains »

 

Justement, ce qui distingue une fillette d’une femme, c’est la sexualité génitale : une enfant n’en a pas. C’est peut-être ce qui a attiré ce monsieur, et c’est aussi ce qui caractérise l’extrême violence de son agression. « Loulou » explique que la petite s’était blessée au sexe, à cause d’un jouet cassé qui avait entamé une des lèvres. Soit. Le problème c’est qu’il n’en parle à personne, ni à la nourrice, ni aux parents, et il entreprend de « réparer la blessure par imposition des mains », puis en fait un « secret ». La présidente Therme, peu amène, le conduit par questions successives à reconnaître ce que son geste avait au minimum de déplacé, mais le vieil homme lui renvoie, « le frère est un pervers, un peu, il prenait deux poupées et il faisait comme ça (les poupées se cognent l’une contre l’autre), le petit il voit des choses. » Malaise. Le petit allait sur ses 7 ans, âge auquel la génitalité, ça intéresse beaucoup les enfants, mais pas sur ce mode d’interprétation perverse, elle, pour le coup.

 

 

 

Il excède la présidente

 

D’ailleurs en lui disant « d’arrêter de les prendre sur tes genoux », la nounou avait sans doute pressenti que quelque chose ne tenait pas chez cet homme-là au niveau du cadre qui borde la garde d’enfants. Forcément, elle avait pressenti. Mais « pressentir », c’est diffus, c’est infra. Loulou doit donc répondre d’agression sexuelle sur mineur, et dans la salle d’audience il en répond mal, il en répond à côté, il en répond confusément, au point d’excéder la présidente Céline Therme. Des trois juges qui siègent, elle est la seule à avoir lu tout le dossier, les deux assesseurs, eux, découvrent tout au fur et à mesure. « Je ne sais pas ce que vous êtes en train de faire devant le tribunal, monsieur, mais on va revenir sur vos déclarations, en garde à vue, puis devant le juge d’instruction, où à chaque fois vous étiez assisté d’un avocat. »

 

« Je ne peux pas nier mes gestes »

 

 

En garde à vue : « Je ne peux pas nier mes gestes. Ce sont des gestes fortuits, ça m’est arrivé de mettre ma main sur son sexe, je n’ai pas d’explication », « j’ai passé ma main sur son sexe, et j’ai recommencé, je me sentais coupable ». Devant le juge d’instruction : « il y a eu deux petits attouchements ». Sur le secret : « Elle (l’enfant) aussi, elle disait ‘j’ai un secret à te dire’. » Et cet homme vieillissant nous met dans le malaise, de mettre sur le même plan les secrets d’un enfant, et sa demande d’adulte qui impose le silence à la fillette. Malaise, oui. La prévention court de mars 2012 à mars 2015.

 

Il met mal très à l’aise

 

Ce monsieur ne cesse de mimer à la barre, d’accompagner ses paroles de gestes du bras droit, son avant-bras va et vient, la main passe et repasse, c’est le geste du magnétiseur qui veut « prendre le mal », mais c’est aussi le geste qui a fait du mal à une petite, et on voudrait qu’il arrête de faire ce geste. Geste qu’il dit « machinal », et le vice-procureur Prost se tient face à lui : « Ce n’est pas machinal, monsieur, que de mettre sa main dans le pantalon d’une petite fille, c’est volontaire. Qui commande à la main ? C’est vous. » Le prévenu le regarde : « Si vous le dites… » Malaise. « L’enfant a dans l’idée qu’on l’a agressée et qu’on lui a fait mal, monsieur, pas qu’on l’a soignée », la présidente ne cesse de reprendre l’agresseur, de le replacer dans le cadre de la prévention, dans le cadre des lois qui protègent l’enfance.

 

 

« Et comment on passe des animaux, aux hommes, et aux sexes d’enfants ? »

 

 

Le magnétiseur fut initié « par un sorcier qui soigne les animaux blessés ». « Et comment on passe des animaux, aux hommes, et aux sexes d’enfants ? », la juge est mordante, le prévenu est fuyant, il bredouille, il breloque. « C’est une véritable offense ! plaide Arnaud Bibard. J’admire la dignité des parents. Comment cet homme a-t-il pu faire de l’enfant un objet sexuel ? On sait que bien des choses s’annoncent compliquées pour les enfants victimes d’agression sexuelle. » Le parquet requiert 4 ans de prison assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 3 ans, avec obligation de soins, inscription au FIJAIS. La marge de manœuvre est faible pour Claude Vermorel, avocat de la défense, puisque « on a les éléments de l’agression sexuelle », il discute de l’intention : « il n’a pas de pensées, pas d’attirance, ou alors quelques secondes seulement ».

 

 

2 ans de prison dont 6 mois ferme, et le FIJAIS

 

 

Quelques secondes suffisent à franchir la ligne. Le tribunal condamne monsieur X dit « Loulou », « en raison de la nature des gestes, de leur localisation, de la répétition, de la parole de l’enfant, et de vos déclarations en garde à vue et devant le juge d’instruction » à 2 ans de prison dont 18 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de soins, d’indemniser les victimes, interdiction de paraître au domicile de cette famille, interdiction du moindre contact avec la petite fille. Il sera inscrit au FIJAIS.

 

 

6 mois de prison ferme : cela tient compte de la gravité des faits et de l’âge de l’enfant, « il faudra discuter de l’aménagement possible de cette peine, mais pas obligatoire, et parler aussi de votre positionnement ».

 

 

Au cours de l’audience, il avait répété : « Elle me disait de pas les prendre sur mes genoux, mais ils venaient tous. » Il a dit aussi que sa mère est infirme et vit chez lui, et là, il a pleuré.

 

 

 

FSA

 

 

 

tribunal 2208172

 

 






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