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vendredi 27 avril 2018 à 11:20

Justice – Comparution immédiate : Montceau

 22 ans stup et conduite,  permis suspendu 






 

Errance, déshérence, petite délinquance, puis un cumul d’infractions, et Geoffray X, 22 ans, né à Saint-Vallier, et vivant tantôt à Montceau chez sa mère, tantôt à Sanvignes chez son père, connaît le maelström garde à vue-comparution immédiate.

 

Il se tient assis dans le box, entre deux policiers. Arrive au pas de course un monsieur qui vient s’assoir dans la salle d’audience et le regarde. Une vague d’émotion submerge Geoffray dont le visage crispé semble comme soumis aux décharges du taser. Le monsieur fait une moue, une mimique affectueuse semblant dire : « eh ben dis donc ! », « eh ben t’as vu où tu es ? ». C’est son père. Le fils rend les armes.

 

 

Entre sa vie molle et désœuvrée, sa vie informe soumise au shit, et la violence et la rigueur de ce dans quoi le jeune homme est saisi en ce jeudi 26 avril au TGI de Chalon, il y a de la place pour une galaxie. Le tribunal s’efforce de faire des liens, et Geoffray pourra sans doute se réjouir un jour d’avoir eu deux hommes se tenant pour lui dans la salle : son père, et son avocat.

 

 

« Nos actes ont des conséquences, monsieur, y compris sur les proches »

 

 

On lui reproche 7 délits en trois épisodes dont un refus d’obtempérer qu’il conteste (et sur lequel il sera relaxé). Il reconnaît le reste. Le 5 juillet dernier il reçoit la notification de la suspension de son permis de conduire. Dès ce jour, il est en infraction s’il conduit. Il conduit. Une Clio, celle de sa mère qui, dit-il, la lui laisse en toute connaissance de cause, parce que, pour circuler à Montceau, et alentour (son père vit à Sanvignes, le fils évoque souvent « le divorce », qui semble coincer encore tout le monde dans des enjeux connexes, ressentiment et tout le toutim). « Prendre un scooter, un vélo, un bus, faire du covoiturage ? énumère la présidente Catala. Mais non, vous avez choisi la solution de facilité. Vous preniez le véhicule de votre mère, mais nos actes ont des conséquences, monsieur, y compris sur les proches. »

 

 

« Plus effrayant, on voit que la mère est au courant qu’il roule. Cela interroge sur l’absence de cadre »

 

 

Il conduit et il fume du cannabis. Il ne met pas sa ceinture, il oublie de mettre le clignotant… A chaque contrôle, le 12 février, le 12 avril, puis le 25 avril, c’est la même chanson, à quelques variantes près. De surcroît on le convoque, il ne vient pas, pas davantage qu’il ne s’est rendu au tribunal en 2016… Pour le ministère public c’est la catastrophe, la fuite devant l’autorité et ses responsabilités, et « plus effrayant, on voit que la mère est au courant qu’il roule. Cela interroge sur son milieu de vie, et l’absence de cadre. » La représentante du parquet regarde le jeune homme, sévèrement, et lui explique pourquoi elle requiert un mandat de dépôt à son encontre, « déjà 2 condamnations et vous n’avez déféré à aucune convocation. De plus, vous n’avez rien pour motiver un aménagement de peine. » La dernière analyse sanguine de recherche de stupéfiants était toutefois négative, le garçon assure s’être arrêté.

 

 

L’avocat rétablit la figure paternelle

 

 

Errance, déshérence, la vie vague dans les volutes de fumée de cannabis, et subitement Geoffray est face à des adultes, et à ses responsabilités. Pas d’échappatoire possible : il fait enfin face ou il va en prison. Second coup de taser. On se réveille. Maître Diry se lève. Il va enchaîner dans une cohérence parfaite avec le discours qui a précédé le sien, et, sans le disqualifier (« bien des aspects recueillent mon assentiment »), va l’infléchir dans le sens d’une dynamique éducative, autant dire le retour possible à une vie qui s’était perdue en route. « Le parquet nous dit ‘c’est la fois de trop’, moi je dis que c’est la première fois. Il n’y a pas eu de sommation préalable avant la comparution immédiate, et c’est de sa faute (il n’était pas venu), pas celle de la justice, mais à 22 ans il manque cruellement de maturité et n’a jamais été confronté à un juge. » L’avocat rétablit la figure paternelle, celle dont on dit qu’elle transmet la loi et fonde le principe de rationalité. Le passage est émouvant.

 

 

« Je m’oppose au mandat de dépôt »

 

 

« Dans les geôles du palais, Geoffray ne m’a demandé qu’une chose : appeler son père. Et son père est arrivé. Geoffray m’a dit : ‘c’est la première fois que je suis devant des juges, et la seule personne autre à qui j’ai des comptes à rendre, c’est mon père’. Je suis auxiliaire de justice avant tout, poursuit Benoît Diry, et je partage les éléments de bon sens exposés par le parquet, mais je pense qu’il faut lui remettre le pied à l’étrier. Vous devez le contraindre. Dans la salle, il y a un témoin, un garant. Je m’oppose au mandat de dépôt. »

 

 

« Propriétaire de mauvaise foi », véhicule confisqué

 

 

Le tribunal condamne le jeune homme à 12 mois de prison dont 6 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve. Il ne décerne pas de mandat de dépôt, il remet le garçon entre les mains de la première figure d’autorité : son père.

 

Le tribunal reconnaît la mère comme « propriétaire de mauvaise foi » de son véhicule et le confisque.

 

Geoffray a 6 mois de prison à purger, il devra motiver sa demande d’aménagement. La présidente Catala demande au père de s’assurer que la Clio reste inaccessible au fils, le temps qu’elle soit saisie : « vous inquiétez pas, vous inquiétez pas », assure l’homme d’un ton ferme. Lui aussi, il a le pied à nouveau à l’étrier.

 

 

FSA

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 

 






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