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vendredi 25 mai 2018 à 06:46

Justice (Montceau)

Stups qui fait pschitt



 




 

 

Et la montagne accoucha d’une souris : c’est le sentiment qui vient au sortir d’une très longue audience de CI où comparaissaient trois résidents de Montceau-les-Mines et un de Sanvignes poursuivis à des degrés divers pour trafic de stupéfiants.

 

 

Il faut dire que l’affaire s’était mal emmanchée dès les départ, malgré de volumineux dossiers, fruits de plusieurs mois d’enquête menée par la DIPJ de Dijon. A l’audience de renvoi, dont on peut lire le compte-rendu ici https://montceau-news.com/faits_divers/453635-encore-une-affaire-de-stups-jugee-a-chalon.html, les avocats qui arrivaient en urgence n’avaient pas manqué de s’étonner de l’orientation en comparution immédiate pour un tel dossier.

 

 

 

Tout commence, comme souvent en matière de stups, par une information anonyme : monsieur D., 34 ans, algérien, serait trafiquant de drogues et d’armes. Il est désigné comme « tête de réseau », s’approvisionnerait à Marseille, et écoulerait sa came à Montceau via monsieur P., un albanais de 27 ans, en situation irrégulière mais néanmoins employé dans un salon de coiffure, via monsieur Y., 21 ans, employé dans une pizzeria, et monsieur M., 40 ans, sur Saint-Berain et Sanvignes. Il écoulerait aussi auprès d’un autre homme, gérant d’une pizzeria, actuellement incarcéré pour autre chose, et qui n’est pas poursuivi ce jeudi 24 mai.

 

 

 

Les enquêteurs mettent en place des surveillances physiques et des interceptions téléphoniques, qui établissent des liens entre ces hommes, des transports et transferts de sacs, et puis des échanges dont l’écoute met en évidence que ça trafique. Le mot « drogue » est remplacé par le mot « pull », ou, plus original, par « des albums des Beatles ». Puis vient l’heure des perquisitions. Les enquêteurs récupèrent des balances électroniques, des couteaux aux lames tâchées de traces de cannabis, et un tout petit peu de cannabis. Mais « pas de drogue ni d’argent », vont répéter tour à tour les 4 avocates en défense. Le parquet désigne monsieur D. et monsieur P. comme têtes de réseau. Ces deux-là nient mordicus. Monsieur P. reconnaît trafiquer, des cigarettes, des survêtements, des chaussures, des téléphones, des ordinateurs, mais surtout pas de drogue. Monsieur D. n’a contre lui, en dehors des écoutes qui font référence à ses déplacements à Marseille, que le fait que le chien a marqué sur une roue (les enquêteurs l’ont intercepté alors qu’il revenait de Marseille avec deux jeunes femmes), mais la voiture était vide de stups, et sans caches.

 

 

Le parquet requiert des peines conséquentes : 2 ans de prison et mandats de dépôts pour les têtes présumées (qui ont des casiers vierges en France, dans leurs pays d’origine on ne sait pas), 18 mois ferme avec mandat de dépôt contre monsieur M., et 18 mois dont 12 assortis d’un sursis mis à l’épreuve contre le plus jeune. Les deux derniers ont reconnu à minima consommer et revendre, mais pour payer leur consommation.

 

Des clients, entendus par les enquêteurs, ont clairement désigné messieurs M., Y., et P. comme leurs fournisseurs. P. nie de bout en bout, et ça marche, et le dossier fit en partie « pschitt ». Maître Faure-Révillet, maître Garcia (barreau de Dijon), maître Dijoux et maître Bailly se succèdent à la barre en martelant que ce dossier est vide, ou pas loin : « Les investigations n’ont pas été jusqu’au bout, on n’a pas une seule confrontation dans ce dossier », « la CI ne se justifie pas, vous avez des soupçons et des convictions, c’est tout », « on n’a pas de transport, pas de détention, pas d’offre, rien (pour les deux qui nient) », « le chien a marqué au niveau d’une roue, et c’est une preuve ? », « une instruction aurait été nécessaire pour un prévenu qui ne dit rien », « le contenu des sacs on ne le connaît pas ».

 

 

Résultat : les deux qui ont reconnu acheter et revendre sont condamnés. Monsieur M. (casier déjà chargé) à 18 mois dont 10 assortis d’un SME de 2 ans, monsieur Y. à 12 mois intégralement assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans (travail et soins en obligations pour les deux).

 

Quant aux chefs présumés, ils sont relaxés. Monsieur D. est reconnu coupable d’usage de cannabis et devra payer 300 euros d’amende. Monsieur P. bénéficie d’une relaxe totale, on lui rendra les 115 euros trouvés chez lui.

 

 

FSA

 

 

tribunal 2208172

 

 

 



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