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vendredi 8 juin 2018 à 05:41

Justice : comparution de la jeune montcellienne

.. qui avait été interpellée à la mi-mai dernier !






Megane, 19 ans, avait pris l’habitude de ne pas payer l’essence de sa petite Citroën jaune. Le gérant d’un Leclerc à Paray-le-Monial s’en aperçut, la vidéo surveillance la confondit et la très jeune Megane fut déférée devant un procureur. Accusée d’une grivèlerie, elle en reconnait une quinzaine, le juge des libertés et de la détention la place alors, mi-mai, sous contrôle judiciaire.

 

La première des obligations quand on est sous contrôle judiciaire est de ne pas commettre de nouvelles infractions, c’est même tout le sens de la mesure : vous serez jugé bientôt, on vous a à l’œil. Megane vit à Blanzy chez sa mère avec ses 4 frères et sœurs, la dernière n’a pas trois ans, et à la maison sa charge d’aînée est lourde, « elle doit assumer des responsabilités qui ne sont pas de son âge » explique maître Sarrah Bouflija. C’est lourd à la maison, et des sous, y en n’a pas des masses.

 

 

Sa sœur, 17 ans, vole une carte bancaire

 

 

Megane n’a donc pas d’argent en propre, elle ne travaille pas (le contrôle judiciaire a eu le mérite de la pousser en formation, elle vient de commencer), en attendant (ou pas) elle se débrouille. Responsable des petits à la maison, à l’extérieur, irresponsable. Alors qu’elle était avec sa sœur de 17 ans dans un magasin, le 4 juin dernier, une cliente oublie sa carte bancaire dans l’appareil de transaction, les filles y voient sans doute une aubaine, la plus jeune vole la carte. Elles font quelques achats, Megane est identifiée à nouveau sur les images d’une vidéo surveillance d’un bureau de tabac, et cette fois-ci on va lui faire entrer, ou du moins essayer, le sens des responsabilités citoyennes dans le crâne : garde à vue, présentation au parquet, et comparution immédiate ce jeudi 7 juin. Plus violent comme procédure, y a pas.

 

 

« Je me suis dit, je vais pas avoir de problème puisque c’est ma sœur »

 

 

La gosse pleure, son filet de voix raconte un peu comment elle voyait les choses : « Comme c’est ma sœur qui se servait de la carte bleue, je pensais que c’est elle qui allait prendre. » L’option « arrêter ma petite sœur dans l’exécution d’un acte délictueux » ne lui est pas venue à l’esprit et l’une des juges s’en étonne, la toute jeune fille répète avec une candeur qui confond : « Je me suis dit, je vais pas avoir de problème puisque c’est ma sœur. » Sa franchise éclaire sur la façon dont les choses sont articulées dans sa tête : elle a le sens de son intérêt, mais pas celui des lois. La justice a saisi la petite voiture qu’elle alimentait sans payer, pour la petite c’est un grand dommage. Quand le parquet lui demande ce qui, depuis mai, aurait changé en elle pour qu’elle arrête de voler, la gosse répond : « Ben, déjà j’ai plus de voiture alors… – On ne vous parle pas de la voiture !

 

– Ben, je ne veux pas aller en prison… »

 

 

« Son cadre familial n’est pas idéal pour apprendre les règles »

 

 

A sa décharge, plaidera maître Bouflija, « son cadre familial n’est pas idéal pour apprendre les règles ». Megane était convoquée en CRPC au mois de mars, elle ne s’est pas présentée, « parce que mon père devait m’amener, mais il m’a dit qu’à ma place il n’irait pas, alors je ne suis pas venue ». Du reste, et alors que la gosse arrive directement du commissariat de Montceau au TGI pour comparaître, pas un de ses parents n’est présent.

 

A sa charge, sa majorité et son existence à mener, à prendre en charge donc, dans une société donnée qui interdit le vol, qui impose le respect des affaires des autres. Le ministère public, par la voix de madame Saenz-Cobo, espère bien la mener à ce point, pas forcément en lui communiquant le sens de la loi (pas d’hostie pour ça, ni de pilule, ni rien à effet immédiat), mais au minimum en lui fichant la frousse, une de celle qui vous retient.

 

 

La détention « marque dans l’esprit et dans la chair »

 

 

« La prison c’est la place des délinquants, pas des honnêtes gens, et mademoiselle est une délinquante. Un aménagement de peine, c’est un petit papier de convocation chez le juge d’application des peines, un papier que l’on met dans sa poche et qu’on oublie. Il faut quelque chose qui marque dans l’esprit et dans la chair, comme la détention. C’est une peine utile. » La vice-procureur requiert un mandat de dépôt pour deux mois de prison, et 4 mois assortis d’un SME ainsi qu’une amende de 300 euros, histoire de lui passer le goût de « l’argent facile ».

 

 

« On trime pour 700 euros par mois, mon mari est handicapé » dit la victime

 

 

La femme dépouillée de sa carte bleue est venue demander réparation d’une partie de son préjudice (celui causé par Mégane, sa petite sœur sera jugée comme mineure, et devra répondre des vols commis pour elle-même). Elle manque défaillir à la barre, impressionnée sans doute : « Moi je dors pas les nuits, je ne sais pas ce que ça vaut… On trime pour 700 euros par mois, mon mari est handicapé. » L’effraction de son compte en banque via sa propre carte, un compte peu alimenté et vite à découvert aggrave une fragilité, une précarité dit-on désormais, déjà difficile. La petite voleuse n’en a vraisemblablement aucune conscience, mais assure les juges, d’une voix chevrotante, qu’elle est disposée à rembourser. Elle s’était acheté pour 78 euros de vêtements chez Pimkie, la victime de son côté n’est pas en mesure de payer son loyer.

 

 

La petite ne cesse d’écraser ses larmes du plat de la main. Le tribunal la condamne à 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis TIG (140 heures de travail d’intérêt général). Elle devra indemniser la victime à hauteur de 378 euros (les vêtements, et 300 euros de préjudice moral). Au moindre vol, elle pourrait bien aller en prison.

 

 

FSA

 

Pour mémoire : https://montceau-news.com/faits_divers/462672-faits-divers-une-montcellienne-adepte-de-la-grivelerie-passe-a-labus-de-confiance.html

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 



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