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mardi 18 septembre 2018 à 06:50

Tribunal : Violences conjugales à Montceau

Contrainte pénale de 2 ans, et 10 mois de prison à la clé au cas où…



 




 

Ça faisait un bon moment qu’il tchatchait, qu’il discutait le bout de gras, alors la juge assesseur a enclenché le turbo : « ‘J’ai pris madame, je voulais qu’on me la donne ‘… mais monsieur, ce n’est pas un objet ! – Ah non, c’est ma femme. – Elle n’est pas à vous, monsieur ! »

 

IL a 26 ans, il est né vers Paris mais vit à Montceau-les-Mines, et s’était mis en ménage avec, sa femme, donc. Il arrive du commissariat dûment escorté pour « violences habituelles sur conjoint ».

 

 

Pas d’antécédents judiciaire, il n’est donc pas en état de récidive légale, mais le voici en comparution immédiate ce lundi 17 septembre, parce que les scènes qui ont présidé à son interpellation n’auguraient rien de bon : alors que sa compagne était à l’hôpital pour se faire examiner et, ce faisant, dénonçait des violences, il a trouvé le moyen de l’extirper du box de soins, la tenant par le bras. Ils sont sortis par le sas réservé aux pompiers, et il l’a embarquée dans la voiture, la frappant encore, dit-elle, lui il soutient que non, n’empêche que lorsqu’ils ont croisé un véhicule de police, elle est descendue et est allée se réfugier vers eux.

 

 

Alors, avec ça, il peut raconter ce qu’il veut, étaler son amour et cet accueil généreux qu’il lui fit en lui disant : « je t’ai acceptée, toi, alors que, regarde : personne ne te voulait », son discours passe mal, même si, rappelle maître Diry, nul n’est là pour en juger, de cet amour. Soit. Du box le prévenu décrit, il est vrai, des gens fragiles, instables : sa compagne et lui. Elle, elle n’est pas venue, elle a écrit pour dire qu’elle a peur de lui, y compris de représailles, et qu’elle veut une interdiction de contact. Elle l’aura.

 

 

« Elle me voit comme quelqu’un de méchant, je ne vois pas pourquoi ! » Le vice-procureur Prost va le lui expliquer : peut-être parce que les lésions qu’elle porte sont « compatibles avec ses dires », affirme le médecin légiste. 5 jours d’ITT. Un des procès-verbaux rapporte que selon le personnel de l’hôpital, il l’a fait sortir « de force ». Faux, rétorque le jeune homme qui invoque son droit de préemption. Comment lui apprendre que ce droit là ne s’applique pas aux êtres humains ? Le parquet requiert un mandat de dépôt pour 6 mois ferme suivis d’un sursis de 9 mois mis à l’épreuve pendant 2 ans.

 

 

« Cet homme-là donne l’impression d’avoir eu des difficultés à gérer une relation amoureuse sur des bases pas évidentes pour quelqu’un de 26 ans. On n’est pas tous armés des mêmes moyens psychologiques. » Maître Diry plaide l’immaturité de son client et le principe d’individualisation de la peine (il n’a pas de casier), « les conditions d’un maintien en détention ne sont pas réunies ». Le prévenu travaille un peu, sur les marchés, et perçoit des allocations en compléments de revenus. Il clôt l’audience sur des mots qui indiquent qu’il a esquivé la charge de la juge assesseur : « Moi je l’aimais, c’était ma femme, j’ai jamais voulu lui faire du mal. » Frappe-t-on quelqu’un pour lui faire du bien ?

 

 

Le tribunal rend une décision inhabituelle (que les avocats ne plaident quasiment plus, tant elle est peu utilisée) : contrainte pénale de 2 ans, et 10 mois de prison à la clé au cas où… Interdiction de tout contact avec la victime et de paraître à son domicile. Suivre un stage de sensibilisation aux violences intra-familiales. La peine s’exécute immédiatement, le jeune homme est convoqué dès demain au service pénitentiaire d’insertion et de probation.

 

 

« Prenez bien la mesure de cette peine, l’enjoint le président Therme, car vous allez rentrer chez vous, mais l’incarcération peut arriver vite. » Le garçon acquiesce. C’est la victime qui à cet instant n’a plus de domicile : elle vivait chez lui.

 

 

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

https://montceau-news.com/faits_divers/488405-faits-divers-mari-violent-presente-au-tribunal.html

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 






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