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mardi 12 mars 2019 à 11:09

Tribunal de Chalon : 18 ans, des problèmes intrafamiliaux à Montceau

"Résultat" : 12 mois de prison, dont 5 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans. Obligation de soins, d’indemniser les victimes. Interdiction de paraître au domicile parental






 

On l’aura vu poser les armes une fois, une seule fois, brièvement, lors de l’audience de renvoi*.

 

 

 

 

On était en droit d’espérer que cela ouvrirait une porte en lui mais ça n’a pas marché et l’audience de jugement ce lundi 11 mars s’est close sur un jeune s’accrochant à la provocation, deux majeurs dressés en direction du tribunal. C’est toujours la même histoire : on fait ce qu’on peut et on tient comme on peut.

 

 

 

 

« Il ne ressent pas le besoin de soins, or il est violent »

 

 

Placé en détention provisoire le 31 janvier dernier, ce jeune garçon, âgé de 19 ans depuis environ 10 jours, n’a pas su ou pu, comme la présidente Delatronchette l’y invitait, mettre ce temps à profit pour lui. Pour lui. Du coup il donne raison à Aline Saenz-Cobo, vice-procureur : « On connaît ce jeune homme depuis des années et toujours pour les mêmes types de faits. Tout le travail avec lui se résume à un pas en avant, dix pas en arrière, car à l’extérieur il ne ressent pas le besoin de soins, et même il les rejette, or il est dangereux parce qu’il est violent. »

 

 

Une famille pathogène

 

 

Elle nous apprend que le 29 janvier, jour des faits, il était attendu pour une deuxième journée de découverte en vue d’une formation, mais il n’y est pas allé, et à la maison s’est déclenché une crise (« Ce type de crises est assez régulier au domicile familial, le tribunal pour enfants connaît bien la situation », rappelle la présidente Delatronchette au prévenu). Tout serait parti d’un verre d’eau : la mère l’apporte à sa fille de 16 ans qui l’a demandé mais la fille le jette au sol… ça s’est terminé avec la police. Le gamin était comme un fou, ivre de colère et de nerfs à vif. Menaces de mort à l’encontre de sa sœur et de sa mère, menaces de crimes à l’encontre des policiers qui ont dû embarquer un chat enragé.

 

 

Un système intrafamilial qui rend fou

 

 

Maître Trajkowski plaide les violences intrafamilales qui ont produit ce jeune homme là, dans cet état là, avec des carences que les divers placements en foyer puis en centres éducatifs n’ont pas comblées. « On voudrait qu’il verbalise, dit l’avocate, on voudrait qu’il en soit capable, mais l’histoire familiale est si difficile. Les comportements inappropriés sont le propre de cette famille, et son comportement est la conséquence de ça. La difficulté pour lui : trouver un lien de confiance. Il est si jeune encore, on doit lui donner la possibilité d’avoir ce cadre et cette aide. » Le prévenu avait dit ne plus jamais vouloir revoir sa sœur et sa mère qui « ne savent que mentir », et il a vu une assistante sociale pour changer de ville. Sa famille n’est pas venue au jugement.

 

 

Menaces de crime contre les familles des policiers ?

 

 

Ça se paie à tous les coups

 

 

Maître Marceau intervient pour les 3 policiers qui se constituent parties civiles, dont le commissaire de Montceau. L’avocat entend bien que le jeune homme a dit des mots qui au final ne seraient restés « que des mots », « mais les menaces de crime contre les familles des policiers, on donnant des détails circonstanciés sur leurs vies personnelles, ça a une portée différente, ça résonne autrement dans les esprits, et dans le contexte général, ´égorger’, ´décapiter’, ça porte bien au-delà des outrages les plus courants. »

 

 

« Une personnalité déjà marquée par… »

 

 

L’expert psychiatre n’a pas manqué de relever « une forte impulsivité » et « une personnalité déjà marquée par les foyers, les placements, les incarcérations, sans qu’il ait pu construire une relation de résilience ». Le garçon n’a pas voulu évoquer la nature des faits… « J’ai pas envie de raconter ma vie à des personnes qui viennent comme ça », explique-t-il à la présidente. Dommage ça aurait pu l’aider, mais il n’est pas prêt. Le psychiatre pense que l’éloignement de sa famille et de ses fréquentations peut être une bonne chose.

 

 

Prison puis interdiction de retourner au domicile parental

 

 

Aussi le tribunal le condamne à (il baisse la tête, pour encaisser la décision sans en manifester quoi que ce soit) 12 mois de prison, dont 5 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans. Obligation de soins, d’indemniser les victimes. Interdiction de paraître au domicile parental. Le tribunal ordonne son maintien en détention.

 

 

Il devra verser 250 euros à chaque policier et une somme pour leurs frais de justice. « Il reste du chemin à parcourir », lui signifie la présidente alors que l’escorte va le remmener au centre pénitentiaire. L’ado lui donne immédiatement raison. Il se penche vers le micro : « Pour les policiers, je paierai pas un euro, je vous le dis. » Il dresse alors ses majeurs, lui qui l’est si peu.

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

*Lire le récit de l’audience de renvoi ici :

 

 

https://montceau-news.com/faits_divers/517799-justice-comparution-immediate.html

 

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 

 

 

 



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