Tribunal – Violences conjugales à Blanzy
le conjoint violent maintenu en détention ! Un "dossier" dont nous avons parlé récemment...
L’ADN extrait du sang trouvé sur la porte a parlé : c’est le sien. R. X, 35 ans, partage son temps entre Paris, où il travaille, et Blanzy, où il voit sa fille, âgée de 5 ans, un week-end pour deux. Dimanche, il est passé devant le domicile de son ex et a fendu la porte d’entrée à coups de poing (il en a saigné), puis a brisé les vitres de sa voiture.
S’ajoutent à ces faits, des violences datant du 17 novembre dernier à Montceau. Il ramenait sa fille, devant le commissariat par mesure de sûreté, à la maman. Celle-ci était venue avec son nouveau compagnon. L’ex les aurait suivis en voiture, puis les aurait doublés, puis les aurait percutés à trois reprises. Il le conteste, fermement. Les faits de dimanche dernier, en revanche, il ne peut que les reconnaître et le voici en comparution immédiate ce jeudi 5 décembre, alors que le long cortège de manifestants traverse lentement la ville. Les avocats du barreau sont en grève eux aussi. Le tribunal va renvoyer tous les dossiers, c’est-à-dire qu’il ne va pas juger aujourd’hui mais il doit statuer sur le sort des prévenus en attendant le jugement : les placer ou les maintenir en détention provisoire ou les placer sous contrôle judiciaire. Les prévenus n’ont pas d’avocats à leurs côtés.
Ambiance toxique
Ces deux-là se sont mariés en 2012, ont accueilli leur fille en 2014, se sont séparés début 2016. Le divorce est prononcé en février 2017. Le 23 novembre 2017, R. X est condamné à 8 mois de prison entièrement assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, pour des violences sur son épouse ou ex-épouse. Le 14 mai 2018, il est condamné à 2 mois de prison pour des menaces de crime et des appels malveillants contre… son ex-épouse. Ça la fiche super mal et en plus ça le met en état de récidive légale, ce qui double la peine encourue. Hier il a été placé en détention provisoire, alors que sa période de sursis mis à l’épreuve venait juste de se terminer. Il n’a finalement pas retrouvé son entière liberté que le voici en prison. Son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation, en lequel le prévenu semble avoir bien confiance, écrit que « l’approche de fin de mesure semble cristalliser les tensions dans cet ancien couple ».
« Jusqu’où êtes-vous capable d’aller par amour pour la récupérer ? »
Le mot « tensions » est faible au regard des passages à l’acte, et le paquet de nœuds entre ces deux-là semble solide. Madame dit qu’elle a cédé à quelques relations avec lui, « pour qu’il me laisse tranquille ». De son point de vue à lui, il la fréquente à nouveau depuis avril dernier, et du box ne retient pas un sourire entendu. En audition, il déclare : « C’est dur pour moi, j’aime Y, et j’arrive pas à l’oublier. Je ferais tout pour la récupérer. » Question suivante du policier : « Jusqu’où êtes-vous capable d’aller par amour pour la récupérer ? » Réponse : « Par amour, je ferais tout pour la récupérer. » Le tribunal semble vouloir entendre cette phrase au pied de la lettre. « Je ne veux pas perdre mon travail, intervient le prévenu. J’ai un CDI et j’ai des dettes. Je voudrais m’éloigner, quitter Blanzy complètement, je peux vivre à Paris. » Il a écrit, dit-il, au juge des affaires familiales pour faire modifier les horaires de son droit de visite, car, travaillant à Paris, il ne peut pas être à Blanzy à 16h30 les vendredis, et son ex jouerait là-dessus pour l’empêcher de voir sa fille.
« Risque de fuite » estime le parquet
La substitut du procureur estime opportun de rappeler qu’on peut toujours révoquer le sursis antérieur « c’est possible pendant un délai d’un mois après la fin de la mesure », qu’il encourt une peine doublée, et qu’il est tunisien, « on ne peut donc écarter un risque de fuite ». Elle rappelle que madame est victime, qu’il faut la protéger. « Vous avez face à vous quelqu’un qui ne supporte pas que son ex ait refait sa vie, qui est en situation de déni et qui minimise ses actes. » Elle requiert son maintien en détention. Il n’y a pas d’avocat pour plaider la possibilité d’un contrôle judiciaire à Paris, avec un travail en CDI, une interdiction de paraître en Saône-et-Loire, etc. Le président demande au prévenu ce qu’il a à dire. « Entre elle et moi, c’est fini, c’est définitif. Je vais rester sur Paris et refaire ma vie, comme ma famille me conseille de faire. »
Le tribunal renvoie son jugement au 30 décembre et ordonne son maintien en détention. Risque de réitération, risque de pressions sur la victime.
Florence Saint-Arroman
Une affaire dont nous avons déjà parlé? Pour mémoire : https://montceau-news.com/faits_divers/581446-faits-divers-interpellation-dun-homme-harcelant-son-ex-compagne-a-montceau.html