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lundi 24 février 2020 à 20:05

Tribunal correctionnel

Abandon d"animal à Montceau Cela lui vaut 40 jours-amende....



 



Il devait partir pour Lille, deux ou trois jours. Le chien resterait à l’appartement. Son maître lui laisse donc deux ou trois jours de nourriture et d’eau. C’était fin août 2019. Le maître n’est pas revenu.

L’animal a rapidement souffert. Une voisine parvenait à lui glisser un peu de quoi survivre par l’interstice d’un volet. Pour finir elle a appelé la police. Le 14 septembre, la SPA récupérait un jeune border collie d’environ 3 ans, très amaigri, assoiffé, et certainement très inquiet.

Le propriétaire du chien est à la barre de tribunal correctionnel ce lundi 24 février. Il n’a pas pris d’avocat, il argumente lui-même son souci pour son animal, le fait qu’il a réglé les frais de garderie de la SPA, en négligeant un détail : ce n’était pas une garderie décidée, c’est que le chien fut sorti de son domicile alors qu’il était seul depuis deux semaines. Bref. Le prévenu est âgé de 32 ans. Il est né à Saint-Vallier, il y vit toujours.

Il a son chien depuis début janvier, mais en tant que « famille d’accueil »

La SPA lui a écrit pour le prévenir que s’il ne se manifestait pas auprès d’elle, son animal serait considéré comme remis à l’adoption. Il n’a pas bougé. « Je ne savais pas que ça se passait comme ça, c’est la police qui me l’a dit. D’ailleurs la SPA m’a redonné mon chien, preuve qu’on a compris que je m’en occupe bien. Simplement je suis considéré comme famille d’accueil, et moi je veux qu’il soit à nouveau à mon nom. »

Abandon volontaire 

Il s’en occupe bien… Pas de maltraitances avérées, il est vrai, en dehors de cet abandon, mais la présidente Caporali s’efforce de mener monsieur vers la conscience que les deux semaines passées seul, enfermé, à vivre dans ses excréments, sans boire ni manger, et sauvé de la mort par une voisine, s’apparente à… L’homme dit « oui, bien sûr, mais ». Mais il a payé les frais de la SPA, mais il est allé voir son chien (tardivement), mais on le lui a rendu, mais il n’avait pas l’intention de le laisser si longtemps, mais non, non personne ne pouvait venir le nourrir et le sortir.

« Il laisse un animal en souffrance et ignore cette souffrance »

Son père ? Non, « il n’a pas mon numéro de téléphone ». « Pourtant il vous a prévenu, objecte la présidente. – C’est la police qui lui avait donné mon numéro. » Pas de connaissances, d’amis, pour prendre soin de son chien ? Non, pas confiance. Donc le chien aurait pu crever ainsi enfermé mais « j’ai pas pu faire autrement ». Le ministère public ne le trouve « pas très convaincant ». « Même s’il fait état de son attachement à son chien, il a mis plus d’un mois à s’en préoccuper », « comportement irresponsable et égoïste », « il laisse un animal en souffrance et ignore cette souffrance ».

Un casier judiciaire, 8 condamnations

Ce qui a retenu monsieur à Lille si impérieusement qu’il n’ait pu redescendre pour son animal ? Mystère et boule de gomme. Le prévenu revendique une assez bonne situation matérielle, en tant que commercial ou vendeur-conseil, nonobstant 8 condamnations pénales, pour dégradations, stups, vol, vol aggravé, vol en réunion, escroquerie. Entre deux emplois il perçoit « un peu plus de 2 000 euros » d’allocations de retour à l’emploi. Du coup, c’est pas les 500 euros d’amende requis qui l’impressionnent.

« Je ne savais pas que », « je n’ai pas pu faire autrement »

« Je ne savais pas qu’il fallait que j’aille à la SPA dans un délai d’un mois et que sinon le chien ne serait plus à mon nom. Moi je veux bien payer une amende mais je veux que le chien soit à mon nom. » Il dit qu’il a déménagé, et qu’il a une cour adaptée au chien.

Jours-amende

Le tribunal le condamne à 40 jours/amende* à 10 euros. Il doit payer 400 euros dans les 40 jours, tout jour impayé est convertible en jour de prison. 9ème condamnation à son casier. Mais monsieur n’est plus là pour l’entendre, il est déjà parti.

Florence Saint-Arroman

*Qu’est-ce qu’une peine de jours-amende ? Prévu à l’article 131-5 du Code pénal, le jours-amende est une peine correctionnelle qui ne s’applique qu’aux personnes physiques, aux majeurs et à l’égard des délits punis d’emprisonnement. Cette peine consiste « pour le condamné à verser au Trésor une somme dont le montant global résulte de la fixation par le juge d’une contribution quotidienne pendant un certain nombre de jours ».

 

 

 



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Un commentaire sur “Tribunal correctionnel”

  1. Dd dit :

    ….et 400 euros ne fera pas de lui un être humain .