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mardi 3 mars 2020 à 06:24

TRIBUNAL DE CHALON : Violences conjugales à Montceau

9 mois de prison avec sursis.....



 



 

Le 11 novembre dernier, elle a appelé la police. Il avait commencé par l’insulter, et, alors qu’elle emmenait leur fils de 5 ans dans sa chambre parce que ça chauffait, son conjoint l’a frappée. Des coups de poing derrière la tête, des claques. Elle a appelé la police.

Il avait plus de 2 grammes d’alcool par litre de sang, ce qui fait qu’il a oublié avoir donné des coups à sa femme. Avoir jeté son téléphone portable, ça oui, mais les coups ? Il ne conteste pas pour autant parce que ça faisait plusieurs années qu’ils ne se traitaient pas bien, ces deux-là. « Comme si c’était une conversation, mais avec des coups à la place des mots », dit leur avocat, maître Marceau. L’avocat des deux, auteur et victime, car entretemps un signalement du comportement de leur fils, « très speed, au comportement facilement violent », a déclenché des interventions. Or, le couple a refusé une mesure administrative d’assistance éducative, alors « ça s’est judiciarisé » explique le président Grandel. Résultat des courses : les enfants ont été provisoirement placés. L’audience avec le juge des enfants est ce jeudi, ils ont le même avocat.

« Oh je ne comptais pas en verres ! Plutôt en bouteilles »

Voilà pourquoi, à l’audience des comparutions immédiates de ce lundi 2 mars où ce conjoint alcoolo est jugé, le couple est uni, plus uni que jamais finalement. Que dire de lui ? Il est né en 86 à Saint-Vallier, il vit à Montceau avec sa compagne. Voilà 8 ans qu’ils sont ensemble, ils ont deux enfants petits, et puis ils accueillent de temps en temps les deux enfants qu’il a eu avant. Encore avant il est allé à l’école, « mais c’était pas votre truc », expose le président, alors SEGPA, et voilà. Il a travaillé, mais il s’est aussi mis à boire plus que de raison. Le week-end avec les copains. Soit. Alors qu’il bossait comme ripeur, un lundi à l’aube il est venu rond comme une queue de pelle, s’est endormi dans le camion. Les collègues n’ont pas réussi à le réveiller, il s’est fait lourder. Il a bu alors davantage, et les dialogues se faisaient de plus en plus avec les mains. Le président voudrait « quantifier » sa conso d’alcool, pour se faire une idée. « Oh je ne comptais pas en verres ! Plutôt en bouteilles. »

« Parler, ça fait du bien »

Le prévenu n’est ni roublard, ni frondeur, ni rien. Les magistrats craignent qu’il ne prenne pas la mesure de ses actes. Lui, il les mesure à la hauteur de la catastrophe qui s’est abattue sur son foyer : « Je ne vois plus du tout mes enfants en ce moment. » Placé sous contrôle judiciaire avec un suivi AIR (pour Accompagnement Individuel Renforcé, mené par l’association Enquête et médiation – l’AEM), il a consenti à tout et s’est même investi. Rendez-vous hebdomadaires, suivi à l’ANPAA – il ne boit plus d’alcool ! Sauf le 14 février : il a fait le galant pour la Saint-Valentin et a sorti sa femme au restau… Il l’a dit, n’a pas cherché à dissimuler quoi que ce soit, le président se fait grave et direct : « Monsieur, pour en voir presque tous les jours devant ce tribunal : l’abstinence c’est zéro, zéro, zéro, si vous ne voulez pas replonger. » Il ne veut pas replonger. Il a demandé à l’ANPA et à l’AEM de ne pas le lâcher maintenant : « J’ai demandé à continuer, parce que parler, ça fait du bien, même si c’est qu’une fois par semaine. »

« Au jour d’aujourd’hui, c’est de ma faute si on n’a plus les enfants »

Les juges assesseurs interviennent tour à tour pour insister auprès du couple (c’est lui qui est jugé, mais elle écoute) de ce que représentent les violences intrafamiliales pour des enfants, et des conséquences à long terme sur eux. L’audience devient presque un cours d’éducation aux règles de base. Et le père de reconnaître : « Au jour d’aujourd’hui, c’est de ma faute si on n’a plus les enfants. » Il n’a pas caché être férocement jaloux, d’où les sorties de route. Et maintenant il fait comment ? « Maintenant je prends mes cliques et mes claques. » Quand il sent la moutarde lui monter au nez, il sort. Le tribunal demande « solennellement » à la victime d’alerter immédiatement la police si d’aventure son homme zappait les cliques pour lui coller des claques. Le parquet requiert 12 mois de prison dont 4 mois seraient assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans. Maître Marceau plaide pour un suivi et uniquement du sursis.

2 ans de probation

Le tribunal condamne cet homme à 9 mois de prison entièrement assortis de sursis. Il sera en probation pendant 2 années. Obligation de soins (addicto et psychologiques), de travailler, et poursuite de l’accompagnement individuel renforcé.
Le couple reviendra jeudi au tribunal pour l’audience juge des enfants. Bien résolu à les récupérer et à faire ce qu’il faut pour les garder. Tout s’apprend. Presque tout.

 

Florence Saint-Arroman

 



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