L’homme qui le 8 juillet a causé des victimes, civiles et militaires, à Montchanin puis a été présenté au procureur de la République ce lundi 9. La parquetière de permanence a décidé de l’envoyer immédiatement à l’audience de comparution immédiate qui se tenait au rez-de-chaussée du tribunal judiciaire.

Le prévenu rentre dans le box. Il est né en Australie. Il en a gardé un léger accent. Depuis 2013 il est en France, sa mère vit à Montchanin, il est domicilié chez elle, il a 34 ans. Il voudrait être jugé de suite, il ne demande pas de délai pour préparer sa défense, « mais le dossier est arrivé en cours d’audience, je n’ai pas eu le temps de le lire, et le rôle est déjà très chargé » annonce d’emblée la présidente Catala. Le tribunal va donc ordonner le renvoi du dossier à une audience ultérieure.

Refus d’obtempérer exposant autrui à un risque de mort

L’escogriffe se retrouve en comparution immédiate d’une part parce qu’il est en état de récidive légale (jugement de 2015), d’autre part parce qu’il a renouvelé des infractions pour lesquelles on l’avait déjà arrêté le 5 juillet (il avait reçu le 7 une convocation pour passer devant le tribunal correctionnel), et enfin parce que le 8, il a blessé des personnes, mis en danger les vies de gendarmes (refus d’obtempérer, et il percute leur véhicule). Des faits graves auxquels s’ajoutent la conduite sans permis, le défaut d’assurance, et violences contre un gendarme, des outrages contre 6 autres.

Menace de mort dans les geôles du palais

L’outrage contient une menace de mort, « je vais te crever ». Dans la salle, deux femmes victimes de l’accident de voiture, et plusieurs gendarmes qui souhaitent se constituer parties civiles également. L’un d’eux intervient, il dit à la présidente que le prévenu vient de le menacer de mort, alors qu’ils se trouvaient dans les geôles. « Montchanin c’est petit, je prétexterai une crise, la voiture dérapera, ça sera comme involontaire et ça fera une victime de plus dans la gendarmerie. » Le militaire a acté les propos auprès du parquet.

« Problème sanitaire et social important »

8 mentions au casier judiciaire du prévenu. Défaut d’assurance, conduite sans permis (3 fois), vol (2 fois), violences aggravées, destruction par moyen dangereux, infraction à une interdiction de séjour. Il est actuellement en période probatoire, en réalité il a 3 sursis mis à l’épreuve en cours… Un CPIP de l’Ain qui le suivait avait écrit : « problème sanitaire et social important ». Une expertise psychiatrique dit qu’il a besoin d’un suivi et de soins. Des soins, l’homme dit en suivre, au CMP du Creusot. Le psychiatre pensait peut-être bien à un cadre plus strict et plus contenant, plus opérant également, car l’attitude du prévenu pendant cette audience de renvoi est plutôt éloquente.

« Les procédures parlent pour moi : la détention est nécessaire »

Il passe d’une attitude sans expression particulière à des instants de nervosité forte, et aux pleurs. A plusieurs reprises, il est submergé par un gros chagrin, on dirait alors un enfant. Quand il se lève, on voit qu’il peut être impressionnant. « Les procédures parlent pour moi : la détention est nécessaire. On lui donne une convocation le 7, il réitère le 8, il a vraiment un problème avec l’autorité publique. » Mathilde Kara-Mitcho représente le ministère public. Pendant qu’elle développe sa position, le grand gars se ronge les ongles, ses mains tremblent.

« Sur le plan psychologique, il a de gros problèmes »

Maître Maréchal rappelle qu’il vit avec sa mère, qu’on sait où le trouver, « l’obligation de soins est essentielle dans ce dossier. Il a été dépassé par les évènements, il respectait ses obligations. » Le prévenu pleure. Il n’écrase pas furtivement ses larmes, comme il arrive souvent à cette place, non, il a le visage tout déformé par la puissance de ce qui l’étreint, son front se plisse, il se fait implorant. « Sur le plan psychologique, il a de gros problèmes », conclut l’avocat.

Être victime, c’est violent

« Je veux juste dire que je suis vraiment désolé », déclare le prévenu. Il désigne les victimes du bras, son front se plisse à nouveau, « j’ai fait énormément de mal à mes victimes ». L’une d’elle, qui porte une minerve, retient un sanglot. Être victime, c’est violent. L’accident, la peur, les blessures, le choc, et puis les procédures judiciaires, les préjudices, tout cela va vite, et extrêmement vite en ce cas précis puisque dès le lendemain elle voit l’auteur, celui qui a fait effraction dans sa vie à elle, entrer menotté sous bonne escorte, faire face à un tribunal. Elle apprend qu’il est dangereux, ce qu’elle sait dans sa chair, elle voit aussi les bascules importantes en lui, ses pleurs, son repentir. Pas vis-à-vis des gendarmes, toutefois.

Mandat de dépôt

Il ne veut pas aller en prison, et plaide pour lui-même un « couvre-feu qui m’évitera d’être tenté d’aller à droite et à gauche ». Le tribunal délibère, renvoie le jugement au 23 juillet, et décerve un mandat de dépôt : il sera incarcéré d’ici là. Il demande à avoir un avocat commis d’office.

 

 

 

Florence Saint-Arroman

 

Réactualisé – Faits divers – la course poursuite se termine avenue du Maréchal Leclerc