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mardi 25 août 2020 à 05:57

Dealer et « fournisseur » interpellés à Montceau et Saint-Vallier

21 et 10 mois de prison ferme plus...



 



 

 

 

Les dealers seraient déjà dans le monde d’après la Covid 19. C’est ce qu’explique longuement un des deux hommes arrêtés le 19 août dernier à Montceau et à Saint-Vallier. Ils sont accusés de trafic de drogue, ils ont été jugés ce lundi 24 août selon la procédure de comparution immédiate.

Un contrôle, une perquisition, de la drogue et des espèces

 

Il est environ 14 heures, le mercredi 19 août, quand des policiers de la BAC de Montceau-les-Mines contrôlent un conducteur rue de Saint-Vallier. Forte odeur de cannabis dans la voiture, palpation de sécurité, le conducteur remet aux policiers sa sacoche, elle contient pour 800 euros d’herbe et de résine de cannabis conditionnées en petits sachets. L’homme, un mahorais âgé de 29 ans, dit qu’il est allé chercher la drogue chez G. X., au domicile duquel la perquisition sera positive : 2005 euros d’argent en espèces, 175 grammes d’héroïne, 36 grammes de résine de cannabis en 3 morceaux,  42 petits sachets de résine également, un carnet de comptes.

 

Il vole 20 000 euros, se retrouve séquestré dans une cave et mis en dette

 

L’audience va durer plus de 3 heures 30… Evidemment la machine à baratiner tourne à plein régime, mais pas que. Le prévenu principal veut dire au tribunal dans quelle histoire il s’est trouvé pris, il dit être soulagé, presque, d’avoir été arrêté. « Presque » parce qu’au domicile il a une femme et des enfants, il a peur pour eux. « Tout a commencé quand je suis sorti de prison, le 18 décembre 2019. Je voulais recommencer ma vie, moi, ma femme, mes enfants. J’ai eu une idée. Je suis allé cambrioler quelqu’un. C’était pas la bonne idée. » Il vole 20 000 euros en cash. « Le gars m’a retrouvé au bout d’une semaine, il m’a séquestré dans un cave, c’était un dealer. Pour le rembourser, il fallait travailler pour lui. Il a doublé ma dette et a mis des intérêts. »

 

Un traquenard ?

 

« Ça ressemble à un traquenard, plaide Damien Varlet. C’est un tiers qui lui a donné le nom et le prénom de l’occupant de cette maison, en lui disant qu’il y avait toujours de l’argent. Les enquêteurs n’ont pas vérifié. Nous n’avons aucune preuve que c’est vrai, mais nous n’avons aucune preuve que c’est faux. » L’avocat relève que non seulement le tribunal n’a aucun, mais alors vraiment aucun signe d’enrichissement personnel, mais il observe que son client a fait une telle crise de manque pendant son audition que l’OPJ y a mis fin, précisant que lorsqu’un toxicomane est dans un tel état, il peut s’accuser de n’importe quel crime, parce qu’il n’en peut plus.

 

Montceau, Creusot, la ZUP : trois sacoches de drogue chaque jour

 

Voilà le tableau : un toxicomane, sous main de justice puisqu’en sursis mis à l’épreuve, très confus et très écorché, récupérait chaque jour vers midi 3 sacoches contenant de la drogue en sachets. Une pour le Creusot, une pour Montceau, une pour la ZUP. Il les remettait aux revendeurs, et le soir récupérait les enveloppes d’argent, pour un total de 4000 à 4500 euros par jour, dit-il. Il tenait la comptabilité et chaque « trou » lui était imputé. A ce rythme il restera en dette jusqu’à la nuit des temps. En attendant, les enquêteurs ont trouvé le logement dans un état terrible, des excréments de chiens jonchant le sol autour des lits des enfants : signalement. Chaque jour, dit-il, chaque revendeur prélevait 20 euros pour l’essence, « 10 euros de manger », et « 50 euros de paie ». Il devait bien le spécifier dans le carnet de compta.

 

Si la drogue est conditionnée ainsi, « c’est à cause du Covid »…

 

Sous le siège conducteur du co-prévenu, la police a trouvé deux sachets vides, l’un portait l’inscription d’une somme, sur l’autre était écrit « ZUP », mais pas du tout, se défend l’homme, âgé de 29 ans, du tout du tout, lui il est seulement consommateur, de shit. Et s’il en a pris pour 800 euros, c’est parce que c’était l’argent pour ses vacances qu’il a dû annuler, « j’ai pris un coup de déprime et voilà ». Le conditionnement en petits sachets ? Alors, ça, c’est vraiment lié au Covid, soutient-il. « Depuis le confinement, les prix ont changé, et les quantités aussi, c’est plus comme avant. » Tout de même, 800 euros de came alors qu’il dit fumer 2 à 4 joints par jour… doute le président Madignier. « Je fais la fête, je fais des barbeuques l’été, et j’aime partager. » Il fournit ses amis ? Oui, mais pas trop, « je ne suis pas la mère de tout le monde ». Oui mais il fournit, et c’est un délit, lui oppose le procureur, et puis « une centaine de sachets, c’est plus cher qu’un morceau ». « Je vous comprends super bien » répond le prévenu qui repart sur ses barbeuques.

 

Des noms circulent à l’audience, il y a du monde d’impliqué

 

De barbeuque en barbeuque, il dit consommer depuis 16 ans. Il a un casier judiciaire (5 mentions, dont 2 du tribunal pour enfants). Il végète plus ou moins de formations non validées, en histoires de cœur qui prennent l’eau, il est dépendant du cannabis, et il sait baratiner son public. Le prévenu principal a 7 condamnations dont 4 pour usage de stupéfiants, ce qui conforte son avocat dans l’idée qu’il n’est pas devenu nourrice pour le plaisir, mais qu’il y fut contraint.

 

 Tout au long de l’audience il est question d’un certain Mourad, d’un homme à la C3, d’un « Monop’ », il y a du monde d’impliqué c’est certain, mais ce sont ces deux-là qui sont jugés. Le procureur requiert des peines de prison ferme. 18 mois plus 10 mois de révocation de sursis contre G. X. , 10 mois contre F. Y., maintien en détention pour les deux.

 

Maître Sarikan plaide « l’absence d’éléments matériels en faveur d’un trafic », même si son client a reconnu l’usage, la détention de drogue et la cession à des amis. Maître Varlet pense qu’une peine mixte, avec une période de sursis probatoire, serait plus adaptée à ce client qui veut quitter Saint-Vallier, « la justice peut l’y contraindre ».

 

Maintiens en détention

 

Le tribunal déclare les deux hommes coupables. Condamne G. X. à 15 mois de prison et révoque de 6 mois son sursis, ordonne son maintien en détention pour le tout, soit 21 mois.

 

F. Y. est condamné à 16 mois dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans : obligation de soins, de travailler, interdiction de paraître à Montceau-les-Mines, interdiction de contact avec son co-prévenu. Une amende de 150 euros pour avoir conduit sans avoir prorogé son permis de conduire qui fut suspendu pendant 6 mois.

 

Le prévenu principal a donc une peine sèche. « Il gardait toutes les preuves à son domicile. Qui garde toutes les preuves ? Celui qu’on tient à la gorge », rappelait maître Varlet. « La police m’a dit que si j’en disais trop, je mettrais en danger ma femme et mes enfants. S’il leur arrivait quelque chose, je m’en voudrais toute ma vie » a dit le prévenu.

 

Florence Saint-Arroman

 

Pour mémoire : https://montceau-news.com/faits_divers/615082-faits-divers-dealer-et-fournisseur-en-prison.html

 



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