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vendredi 4 décembre 2020 à 05:37

Faits divers – coups de couteau à Saint-Vallier

14 mois ferme puis sursis probatoire renforcé



 



« Nous sommes le 25 août 2020, à Saint-Vallier. Les policiers reçoivent un appel de monsieur X à 5h30 : il vient de prendre plusieurs coups de couteau à l’épaule. Il connaît l’auteur des coups. » Le président Dufour expose les faits pour lesquels un prévenu âgé de 45 ans est jugé ce jeudi 3 décembre, à l’audience de comparutions immédiates. Arrêté le jour même, il est en détention provisoire depuis.

La vie déglinguée

L’audience retrace à grands traits comment la vie de cet homme s’est déglinguée, par à-coups, jusqu’à finir par s’ancrer dans un rythme de croisière plutôt végétatif et abondamment arrosé. Lorsque la police a mis la main dessus, le 25 août en fin d’après-midi, il avait plus de 2 grammes d’alcool par litre de sang dans le corps, mais à l’aube il n’était pas à jeun non plus, loin s’en faut puisqu’il dit ne se souvenir de rien. Sa mère avait des problèmes psychiatriques, dit maître Vermorel. Cette femme se donne la mort par le feu alors que son fils a 30 ans. Il date de là, le moment où il a chaviré dans la dépression puis sombré dans l’alcool.

 

Tenir un couteau est une chose, le rentrer dans un corps en est un autre

Son propre père, lui explique Clémence Perreau, substitut du procureur, a peur de lui, car il n’est plus le même lorsqu’il a trop bu. Rien ne tient plus dans la vie du fils. Famille, travail, logement, tout a pris l’eau – façon de dire. Au petit matin du 25 août dernier, quand monsieur X a fini par ouvrir sa porte tant l’autre insistait, il dit n’avoir vu que le couteau déjà prêt à frapper. Deux fois, deux plaies à l’épaule. Pas des éraflures, non, la lame s’est enfoncée dans sa chair. Ce n’est pas un geste anodin. Tenir un couteau est une chose, le rentrer dans un corps en est un autre, même si la première précède nécessairement la seconde. L’alcool qui favorise le passage à l’acte, est un facteur aggravant selon la loi.

 

Il exprime « regrets et culpabilité »

Le prévenu offre un visage gentil et repentant. L’expert psychiatre qui l’a vu au centre pénitentiaire dit qu’il exprime qu’il exprime « regrets et culpabilité ». De février à mai derniers, le prévenu fut hospitalisé au CHS de Sevrey. Il y reçut un traitement pour l’aider à ne plus boire. A sa sortie il a tenu un mois… Le président lui répète, posément et clairement, ce qui lui est manifestement nécessaire pour qu’il tienne : être encadré et surveillé. Livré à lui-même, ses dérives l’emportent, et l’emportent loin. « Il aurait pu tuer monsieur X. » rappelle le parquet. Il en convient, même s’il a tendance à minimiser la force avec laquelle l’alcool a emprise sur lui. « Au moment des faits, j’avais pas beaucoup bu. » Le président ne s’étrangle pas, mais pourrait : « Trois litres de bière ? C’est beaucoup , ça fait beaucoup. Donc, vous voyez bien, vous ne pouvez pas vous en passer comme ça. »

 

Un boit-sans-soif qui tape l’incruste partout où il peut

Le visage masqué semble s’animer un peu quand on l’interroge sur son avenir, comment il le voit, ce qu’il aimerait faire : brocanter, acheter et revendre, ça semble lui plaire vraiment. Et pour lui-même, que voudrait-il ? « Me faire soigner » répond-il gentiment, il a bien compris ce que la justice exige. Dans sa veste, lors de la perquisition, la police a trouvé un couteau à cran d’arrêt, lame ouverte. Les témoins et son entourage le décrivent comme un boit-sans-soif qui tape l’incruste partout où il peut vider des godets, au point que plus personne ne veut l’héberger : il ne part plus. En détention il est mal, « je me sens angoissé, je ne suis pas bien ». Son avocat va plaider les facteurs qui ont fait de lui un homme à la « personnalité déstructurée » comme écrit le psychiatre. « Il n’a pas la ressource pour surmonter l’immolation de sa maman. L’expert écrit que son discernement était altéré lors des faits. Il est empli de remords, et, dit maître Vermorel, on ne sait pas vraiment comment a commencé la scène de violence. » Pour l’avocat il relève davantage de la psychiatrie, le visage du président indique qu’il n’est pas de cet avis.

 

14 mois ferme puis sursis probatoire renforcé

Le tribunal déclare ce malheureux*, coupable, écarte l’altération du discernement, et le condamne à 2 ans de prison dont 10 mois sont assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans. Obligations de soins, interdiction de contact avec la victime et de paraître à son domicile, obligation de l’indemniser. L’aspect « renforcé » du suivi explorera tous les pans de la vie sociale, et l’aidera, s’il y consent, à remettre un pied à l’étrier, histoire de trotter sur un sol plus ferme.

 

FSA

 

Il devra verser 1000 euros à monsieur X de provision sur les indemnités à venir, renvoi sur intérêt civil l’année prochaine.

 

* « Malheureux » ne signifie pas « innocent », on peut être coupable et malheureux.

 

 

 






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