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mardi 22 décembre 2020 à 04:41

Faits divers – Coup de feu tiré, vendredi soir, au Lac eu Plessis

« La balle est partie toute seule », plaidait le grand pour son compte



 



 

Dans la nuit tôt arrivée, ce vendredi 18 décembre en fin d’après-midi, a retenti le bruit d’une détonation, d’un coup de feu, du côté des berges du lac du Plessis. Branle-bas de combat. Les auteurs sont arrêtés le lendemain à Digoin et sont jugés ce lundi 21 décembre en comparution immédiate. Sans surprise, les faits sont liés au trafic de stupéfiants.

 

Rendez-vous était pris sur le parking de Jardiland pour vendre 100 grammes de cannabis

Dans le box des prévenus sont introduits un petit et un grand, tous deux aux minois bien juvéniles. Le grand a 25 ans, il est sans domicile fixe, il n’est pas de la région, et précisément il était hébergé depuis peu par l’autre, le petit, à Digoin. Né en 2002. Ces deux-là avaient fumé un peu de shit, puis ont pris la voiture du petit pour venir sur Montceau, vendre 100 grammes de cannabis, pour 2000 euros. Rendez-vous était pris sur le parking de Jardiland. Mais l’acheteur leur a volé les 100 grammes de came ainsi qu’un sac, puis a filé en courant. Le grand est parti à sa poursuite, le petit a essayé de les rattraper avec sa voiture. Direction le lac.

 

Les deux branquignols, hors d’eux

Pendant ce temps-là, une petite dizaine de lycéens s’entraînait pour le basket, c’était le temps du jogging. Les deux branquignols, hors d’eux, en colère, ont pris l’un des lycéens pour leur voleur. Le garçon est dans la salle, accompagné de sa mère. Il a 15 ans, 2 jours d’ITT, un état anxieux généralisé bien compréhensible après cette scène aussi loufoque que violente. Le jeune homme semble parfaitement réglo dans ses déclarations, il ne majore rien : il n’a pas été frappé (juste heurté par la portière de la voiture), il n’a pas été visé par le revolver, mais il a eu la peur de sa vie.

 

Le gouffre entre deux mondes qui finissent par ne plus avoir de repères communs

Il y a un gouffre difficile à combler entre le préjudice (considérable) causé aux victimes, ainsi qu’à tous ceux qui ont pu entendre la détonation et s’en inquiéter comme le soulignent la présidente Caporali et Marie-Lucie Hooker, la procureur, et les situations des deux prévenus. Situations compliquées, consommateurs de stupéfiants. Le petit travaille en CDI, il a un vrai métier entre les mains, mais il consomme entre 10 et 20 douilles de cannabis par jour (un usage « dur » qui augmente la nocivité de la drogue), une juge assesseur s’inquiète de son avenir professionnel, à ce rythme. Son casier est néant. Maître Sarah Bouflija, qui le défend, pense également qu’il doit arrêter au plus vite. Il est pris dans un cercle vicieux : il deale, il se fait voler, donc il s’endette, et pour payer ses dettes il recommence, et se fait voler, et donc s’endette… Il a acheté le pistolet de défense il y a peu, il l’a payé 100 euros, dit-il, parce qu’il a des ennuis.

 

Sûr que s’il avait su qu’il se trompait de cible, il n’aurait jamais…

Vendredi dernier le revolver était chargé à blanc. Qu’il soit chargé à blanc ne change rien au regard du code pénal, dit l’autre juge assesseur au grand, puisque c’est lui qui tenait l’arme, bras le long du corps quand le lycéen l’a vu. Le prévenu se lance dans des explications qu’il appuie de gestes repentants des bras et des mains. Sûr que s’il avait su qu’il se trompait de cible, il n’aurait jamais… On croit rêver. La perquisition au domicile du petit a déclenché une autre procédure, ils auront à répondre d’autres faits, centrés sur la drogue.

 

L’entraîneur des jeunes basketteurs a pris la plaque d’immatriculation en photo

« Le trafic, c’est pas de mon milieu », dit le grand. On croit rêver, oui. C’est pas son milieu, ça se peut, mais tout de même, une arme, mais tout de même de la route pour vendre 100 grammes, mais tout de même ils étaient partis en règlement de compte, tout de même. Le deal de shit a mal tourné, ils s’en sont pris à deux lycéens (le deuxième n’est pas présent et ne se constitue pas partie civile) qui s’entraînaient, avec d’autres, pour le basket. D’ailleurs c’est l’entraîneur qui a pu s’interposer et a eu la présence d’esprit de photographier la plaque de la voiture.

 

« La balle est partie toute seule », plaidait le grand pour son compte

Dans ces conditions, on se demande à partir de quel moment ça peut devenir « son milieu » ? Maître Diry plaide contre son incarcération. La procureur a demandé un mandat de dépôt, l’avocat suggère la semi-liberté. Le jeune homme est sans domicile, il a 3 condamnations (deux pour usage de stups, une pour violence), mais il un parcours difficile, a dû se débrouiller jeune, a beaucoup travaillé. Le garçon en question a dit : « Je comptais vraiment reprendre ma vie d’aplomb. » Il a besoin d’un cadre et d’un suivi, la procureur l’a requis, l’avocat est d’accord. « C’est le dossier de la méprise », dit-il. Certes, mais enfin se dire qu’au mieux on avait un règlement de comptes entre dealers n’est pas franchement préférable : peut-on mesurer le coût des trafics de drogue qui pèse sur la société ? Il est considérable.

 

« Mais on vit où ? »

« La balle est partie toute seule », plaidait le grand pour son compte. On croit rêver, et l’on rejoint la mère du lycéen qui est à l’audience : « Mais on vit où ? » Voilà, ce vendredi à Montceau, un deal de shit a mal tourné et deux mondes sans relation entre eux se sont percutés. En bons gars du milieu, ne leur en déplaisent, les prévenus voulaient embarquer le lycéen dans leur voiture. Les méthodes sont partout les mêmes, et quand on les rencontre, elles font effraction.

 

Interdiction de paraître à Montceau

Le tribunal condamne le petit dont le casier est vierge à 8 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans (obligations de soins en addicto et de travailler ; interdiction de porter une arme, de paraître à Montceau, interdiction de contact avec le co-auteur, il devra indemniser la victime : ces mesures entrent en vigueur dès maintenant).

 

12 mois ferme

Quant au grand, inquiet vraiment de son avenir proche, il est condamné à 8 mois de prison, le tribunal décerne un mandat de dépôt, révoque un sursis antérieur à hauteur de 4 mois, avec incarcération immédiate. Ça fait 12 mois ferme. Le tribunal ordonne l’aménagement ab initio de ces deux peines en semi-liberté : il dort dès ce soir en prison, puis un juge d’application des peines fixera les horaires de sortie en journée, pour qu’il puisse chercher du travail, un logement. Il est condamné solidairement avec son copain à indemniser la victime.

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

police

 



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3 commentaires sur “Faits divers – Coup de feu tiré, vendredi soir, au Lac eu Plessis”

  1. cntrbbl71 dit :

    Chargé à blanc mais avec une balle ?
    Condamné à l’interdiction de porter une arme ? Ah bon, le citoyen lambda aurait donc le droit de porter une arme ?

  2. schb dit :

    Encore un article qui nous en dit long sur la sévérité de la justice !! Écoeurant !!

  3. gilbert71 dit :

    comme toujours le laxisme de la justice