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mardi 9 mars 2021 à 05:53

Assises de Saône et Loire : Retour sur le moment du verdict

Louis M. condamné : 18 ans de réclusion criminelle, et 10 ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille



 



« Toi tu vas crever. » Ce n’est pas une exclamation, c’est une affirmation, elle n’en est que plus forte.

Auguste M. s’est tourné et désigne David S. du doigt. Le jeune homme est debout, au premier rang, celui des parties civiles. Le verdict de la Cour d’assises de Saône-et-Loire est tombé, après 10 heures d’attente pour tout le monde. Il y a une trentaine de policiers dans la salle, pour contenir les passions et éviter tout passage à l’acte.
Mission réussie pour les forces de l’ordre, du moins pour ce soir, car sur les suites, tout le monde s’interroge et s’inquiète. Au terme d’un procès qui a duré toute la semaine dernière, où l’on jugeait deux frères âgés d’une soixantaine d’années pour l’assassinat, en août 2015, d’Alain S., membre lui aussi de la communauté que l’administration française appelle »les gens du voyage », la Cour et le jury ont rendu un verdict.

Auguste M. acquitté, Louis M. coupable
Et ce verdict est tranchant : Auguste M. est acquitté, Louis M. est déclaré coupable d’avoir tué Alain S., il est en conséquence condamné à une peine de 18 ans de réclusion criminelle, et à 10 ans d’interdiction des droits civiques*, civils et de famille. La veuve, les enfants, le frère d’Alain S. applaudissent, l’un d’eux claque de la main sur le bois des bancs, le fils se lève et provoque verbalement. A la barre, Louis M. ne bronche pas, mais le visage de son frère, acquitté, manifeste une émotion forte.

Le commissaire de police et le procureur de la République sont présents
« La décision vaut titre de détention », dit la présidente. Louis M. va être incarcéré. Des policiers s’approchent de lui. Au fond de la salle, une ligne de policiers, on note la présence du commissaire Bertrand Pic, ainsi que celle de Damien Savarzeix, procureur de la République. La salle d’audience comporte deux parties, à gauche et à droite, des bancs. Les parties civiles sont à gauche, du côté de leur avocat, du même côté que l’avocat général. Les proches des accusés sont à droite, du côté des avocats de la défense. Au centre, une allée permet de traverser la salle jusqu’à la barre. Des policiers se sont placés en colonne tout le long de cette allée centrale, ils sont par deux, et dressent une séparation entre les deux familles.

30 policiers ont sécurisé l’espace de la salle d’audience
Elle était nécessaire. Tout au long de la journée on a vu arriver les renforts, venant de Mâcon, de Montceau, du Creusot. Tout le département a participé à cette présence extra-ordinaire. Il y avait jusqu’à 5 véhicules garés face aux marches, 3 véhicules sur le trottoir d’en face, celui du service d’ordre de la Cour était sur le parking latéral, et cela faisait beaucoup de monde, au moins 40 personnes, dont 30 au moment du verdict ont sécurisé l’espace de la salle d’audience. Si les policiers n’avaient pas, par leur nombre, rendu impossible tout passage à l’acte, les familles se seraient affrontées.

Provocations verbales, invectives, insultes
« Salope », « pédé ». Invectives, insultes, velléités d’en découdre, et cette promesse : « toi tu vas crever ». Le moment fut bref mais intense. Pendant ce temps, deux escortes avaient très rapidement embarqué le condamné et l’acquitté en passant par l’estrade où se tient la Cour. Le premier pour être incarcéré, le second pour rejoindre les siens, une fois les parties civiles et leurs soutiens à l’extérieur, repartis. Leur avocat, William Rollet, était allé leur parler, et leur demander de ne pas rester aux environs du palais de justice après avoir entendu le verdict.

Renvoi sur intérêts civils en avril prochain (sous réserve de la possibilité d’appel)
La famille de Louis M. choquée, en larmes pour certains, et très en colère pour son fils, est restée quelques minutes à l’audience sur les intérêts civils qui a eu lieu après une suspension d’audience. Le temps de comprendre que les proches de la victime étaient en droit de demander des indemnités en réparation de leurs préjudices, et ils ont quitté la salle, puis le palais.

Ajouter du malheur au malheur, encore ?
« Sans haine et sans crainte »… c’est, hélas, raté. On redoute que cette pauvre histoire (on parle de celle qui est à l’origine du décès par mort violente d’Alain S. et non de son décès lui-même, évidemment), au lieu de se clore sur une vérité judiciaire, continue de pousser tout le monde à « ajouter du malheur au malheur », comme disait la présidente Caroline Podevin.

 

Florence Saint-Arroman

 


*https://fr.wikipedia.org/wiki/Interdiction_des_droits_civiques,_civils_et_de_famille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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