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mardi 25 mai 2021 à 21:06

Faits divers – Montceau : Un jeune homme inséré, mais alcoolique, au comportement criminel

Une peine clémente pour un jeune homme alcoolique qui a roulé sur un policier dans la nuit de jeudi dernier



 



 

Il est né à Saint-Vallier en 1996, il vit à Montceau-les-Mines où jeudi dernier, le 20 mai, il conduisait de nuit avec pas loin de 2 grammes d’alcool par litre de sang. À l’audience de comparution immédiate de ce lundi 25 mai le jeune homme comparaît détenu. Quatre policiers se constituent parties civiles. Il a roulé sur l’un d’entre eux.

Le président Marchand choisit, pour rapporter les faits, de lire l’un des procès-verbaux établis par les policiers concernés, l’estimant particulièrement complet et précis. Deux policiers étaient en patrouille de nuit, en assistance d’une autre patrouille, recherchant un conducteur en fuite. Ils remarquent un véhicule à l’arrêt à un STOP, tous feux éteints, son conducteur portant téléphone à la main. Ils décident de le contrôler. Celui qui rédige ce PV va vers le côté conducteur, son collègue marche en direction de la voiture pour aller vers la portière côté passager, mais le conducteur enclenche la première vitesse et prend la fuite en percutant l’agent qui s’approchait.

 

Un policier aux réflexes physiques qui l’ont sauvé

« Heureusement que celui-ci est entraîné par les moniteurs GTPI (gestes techniques professionnels d’intervention) de la police et qu’il est sportif. Il ne l’aurait pas été, vous l’auriez écrasé et vous seriez aux Assises » dit gravement maître Bibard, pour les policiers, au prévenu. Le policier a sauté sur le capot pour ne pas être renversé, il s’en sort avec une douleur à la jambe droite et trois jours d’ITT. Mais la scène ne s’arrête pas là car le prévenu, ivre, poursuit sa route, « il va percuter 12 mètres de rambarde de sécurité et finit sa course en dévalant un talus » (à vitesse lente, pour le coup) raconte Marie-Lucie Hooker, substitut du procureur.

 

« Une addiction a remplacé l’autre »

Ensuite, outrages et menaces de mort, un comportement infernal même au poste. Maître Bibard demande de la sévérité au tribunal, la procureur requiert une peine de 15 mois de prison dont 5 mois seraient assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, et le maintien en détention du jeune homme pour la partie ferme. Maître Charbonnel plaide que son client fut condamné deux fois, une fois pour usage de stups au volant, puis pour conduite sous l’empire de l’alcool, « une addiction a remplacé l’autre. Il est en effet temps de régler ce problème ». L’avocate demande que la peine de prison soit aménagée ab initio.

 

Des situations « apparemment anodines » peuvent « dégénérer en une fraction de seconde »

Maître Charbonnel plaide également le fait que ce dossier n’est pas représentatif de violences contre les policiers, dans la mesure où son client n’a certes jamais eu l’intention de blesser quiconque. C’est possible, mais d’un autre côté, le parquet rappelle comment des situations « apparemment anodines » peuvent « dégénérer en une fraction de seconde ». Et tout ça pourquoi, en l’occurrence ? Parce que ce jeune homme, qui travaille depuis 5 ans, dont les parents travaillent, a « sombré dans l’alcool » comme le lui dit une juge assesseur, et qu’il est encore, malgré un sursis mis à l’épreuve avec obligation de soins, « dans le déni ».

 

Le déni

Une obligation de soins qu’il résume ainsi : il allait au rendez-vous, restait dix minutes, et repartait avec son papier. « Je ne me rendais pas compte de cette maladie, en quelque sorte. » Le tribunal insiste : « Cet état de déni est pénible, parce qu’on ne peut pas faire grand-chose. » Le fait est que dans ces cas-là, les soins ne sont pas investis, les peines sont vécues comme injustes, et les gens continuent à boire tout en s’efforçant de le dissimuler à leur entourage.

 

9 mois de prison puis deux ans de probation

Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à une peine de 15 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de soins psychologiques et d’indemniser les parties civiles. Pour la partie ferme, le tribunal ordonne l’aménagement ab initio en détention à domicile sous surveillance électronique. Soulagement des parents, leur fils ne bronche pas. Il va repartir en détention, un juge de l’application des peines le verra dans les cinq jours, pour décider des modalités de sa détention.
Le tribunal constate en outre l’annulation de son permis de conduire, et lui interdit de conduire, lorsqu’il aura repassé son permis, sans utiliser un dispositif EAD (éthylotest anti-démarrage) pendant 1 an. Ordonne la confiscation du véhicule.

 

Comportement irresponsable et dangereux, aucune émotion perceptible

Le jeune homme, peu expressif, avait d’emblée présenté des excuses aux policiers, et aussi « à mes parents ». Vive émotion de son père, assis dans la salle avec sa femme, mais rien du côté du prévenu dont le comportement irresponsable et dangereux, pour ne pas dire criminel, aurait pu blesser gravement voire coûter la vie à un policier, juste pour éviter un contrôle. Il dit ne pas savoir pourquoi il boit autant. C’est un problème dramatique. Le tribunal n’a pas donné la parole aux parents, nous ne savons pas s’ils étaient conscients ou pas de l’état de leur fils, mais en tout état de cause cet aménagement en détention à domicile indique que l’on compte sur eux pour s’investir, dans la mesure du possible.

 

 

FSA

 

 

 



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