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mardi 1 juin 2021 à 09:20

Faits divers – Montceau

« L’alcool prend le contrôle de moi » ... Il se saisit d’un couteau, pas celui pour le beurre



 



 

Le 16 février dernier, il s’est emporté violemment. Elle a commencé à lui faire son sac pour qu’il dégage, comme souvent. Ce soir-là, une différence de taille : sa grossesse. La police de Montceau-les-Mines est intervenue. Il est jugé ce lundi 31 mai. Il vit sous contrôle judiciaire depuis.

« Un bébé, c’est parfait pour fragiliser un couple », dit la présidente Verger. Elle veut dire au prévenu que les cris, les pleurs, les nuits sans sommeil continu, tout cela pousse n’importe qui au bord de sa fatigue et de ses nerfs, alors, quand on est déjà fragile et à vif en temps normal, un bébé, c’est risqué. Le prévenu se tient à la barre. 37 ans sans un gramme de gras, 37 ans dont une partie sous le joug de l’alcool, 37 ans et il vit encore chez sa mère, mais, et même s’il pouvait avoir un doute sur sa paternité, 37 ans et papa depuis une dizaine de jours.

Elle achète une baignoire pour bébé sans lui en parler avant…

Le 16 février, sa copine (ils sont ensemble depuis 6 ans) passait un moment chez ses voisins, il les a rejoints. Il a apporté une bouteille de blanc, ils ont sifflé la bouteille. Elle était contente, elle avait trouvé à acheter une baignoire pour bébé sur Le bon coin, pour 4 euros. Il en a pris ombrage : déjà, ce doute sur sa paternité et en plus être écarté des achats les plus importants ? Pourquoi elle ne lui en avait pas parlé ? Pourquoi elle a fait ça toute seule dans son coin ? Pourquoi elle le met encore sur la touche ?

« J’ai eu peur », dit-il à l’audience

Elle, elle voit qu’il a trop bu, qu’il dit n’importe quoi, alors elle va se coucher. C’est quand il lui reproche de ne pas lui avoir fait à manger qu’elle se relève et lui intime de partir, de rentrer chez sa mère. Elle commence à lui faire son sac. « J’ai eu peur », dit-il à l’audience. Il était en sursis mis à l’épreuve, à cause d’une 3ème conduite sous l’empire de l’alcool. L’addictologue lui avait appris à ne plus conduire quand il avait bu, pour commencer, et là elle le passait dehors alors qu’il était grammé (1,4 g alcool/litre de sang) ! Il se saisit d’un couteau, pas celui pour le beurre, celui dont la lame fait 20 cm, il l’en menace en proférant des horreurs, elle s’échappe chez le voisin. Celui-ci appelle la police.

« Il est courageux, travailleur. Je veux qu’il se fasse soigner »

L’équipage qui débarque sur les chapeaux de roues s’en voit pour interpeller l’excité, mort de trouille à l’idée de remettre le couvert en justice. Il est poursuivi également pour rébellion, « mais pas pour outrage ni pour violence » souligne maître Leray. « Il a besoin de soins, écrit la jeune maman au tribunal. Il se dévalorise et en veut aux autres, mais il est courageux, travailleur. Je veux qu’il se fasse soigner. » Elle veut qu’il revienne près d’elle, « j’ai besoin de lui ». Son contrôle judiciaire lui interdisait les contacts avec elle, sauf pour les rendez-vous médicaux et l’accouchement. Il était là ! Il a vu naître cette petite fille, il l’a reconnue. C’est sa fille, leur fille.

Parquet et avocat actent le chemin parcouru

Le parquet s’inquiète tout de même de la fragilité de ce couple. Madame avait enregistré monsieur alors qu’il lui lançait des propos épouvantables, d’une violence terrifiante. « De mauvaises paroles » dit-il à l’audience. Très mauvaises. Mais la substitut du procureur prend acte du chemin parcouru pendant la période de contrôle, des deux analyses sanguines qui signent son abstinence. Elle requiert une peine entièrement assortie d’un sursis probatoire, maître Leray agrée. Son client a endossé la paternité comme un cadeau, et « ça a décanté les choses ». « Une femme qui vient d’accoucher est encore plus fragile qu’une femme enceinte, elle a besoin de lui, et si ça se tend, il peut toujours aller chez sa mère, pour revenir ensuite. Ses propos violents ne ressemblent pas à sa personnalité. » « Je ne veux plus avoir ce problème d’alcool, disait son client. Il prend le contrôle de moi. »

Deux ans de sursis probatoire

Le tribunal condamne le jeune père à une peine de 10 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec obligation de travailler, de se soigner, de suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales, et d’indemniser les trois policiers qui étaient intervenus.
« Il a privilégié le fait d’être père. » Son avocate veut y voir un signe favorable, le parquet également qui toutefois le mettait en garde : s’il récidivait, il serait incarcéré.

 

FSA

 

Maître Ronfard intervenait pour les policiers qui se sont constitués parties civiles, le tribunal a baissé le montant des indemnités demandées. Le prévenu a présenté des excuses « dès le lendemain. Je n’ai rien contre la police. J’ai eu peur. »

 

 

 

 



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