Autres journaux


mardi 18 janvier 2022 à 05:34

Faits divers à Montceau



 



 

Le 14 janvier dernier, des policiers trouvent impasse Jacques Brel à Montceau, une Citroën C3 signalée volée par la communauté de brigades de Cluny. Les policiers décident de surveiller, et coup de bol, dix minutes plus tard, voient arriver « deux individus ».

Deux garçons. L’un s’installe au volant, l’autre est passager. Le véhicule de police se positionne en travers, un agent lance une herse face aux roues de la C3. Illico le passager s’enfuit à toutes jambes, le conducteur est arrêté mais pas sans mal, à tel point qu’un équipage vient prêter main forte. Résultat des courses : un jeune homme encore âgé de 18 ans est jugé ce lundi 17 janvier selon la procédure de comparution immédiate et deux policiers sont victimes. L’un d’eux a 3 jours d’ITT.

« Comment comptiez-vous vous échapper de là sans commettre de violences ? »

Le prévenu reconnaît qu’il savait que la Citroën était volée, que son pote serait l’auteur du vol mais qu’il ne devait conduire (sans permis) que quelques minutes pour « aller faire un foot ». « Que de risques pris pour aller jouer au foot », souligne la présidente. Le prévenu avait perdu sa carte d’identité sur place : dommage de s’être rebellé et d’être poursuivi pour cela alors que « de toute façon, on vous aurait retrouvé et interpellé ».
Le garçon doit passer en CRPC fin février pour vols de voitures, vols qui sont reconnus vu que cette procédure n’est possible que s’il l’on a reconnu les faits. Hum, c’est donc habituel que de vivre avec des voitures volées ? « Non. » Mais encore ? (inaudible) « Les policiers quand ils vous interpellent ils sont comment ? – Ben… énervés. – Armes sorties ? – Oui. – Alors comment comptiez-vous vous échapper de là sans commettre de violences ? – C’était pas possible. »

« Vous mettez les pieds dans quelque chose dont il peut être difficile de sortir »

« Vous commencez mal, dans la vie d’adulte. Vous attendez quoi de nous ? Qu’on vous gronde ? Ça va mal se finir, hein. Vous dites que c’est pas vous le voleur, mais on n’a pas d’éléments, donc on va dire que c’est pas vous. Mais vous reconnaissez le recel et c’est pareil, donc bon. Alors il faut faire quoi pour ne pas vous revoir ? Vous êtes un danger pour les policiers et vos actions génèrent une nuisance pour la société. Là, vous êtes tout calme, mais… » Le garçon : « J’ai passé une nuit en prison, et je peux vous assurer que je suis prêt à tout pour m’en sortir. » Le juge : « Oui parce que vous voyez, vous mettez les pieds dans quelque chose dont il peut être difficile de sortir. Et la prison, ça abîme. »

Condamné la semaine dernière par le tribunal pour enfant

Des conduites sans permis, une dégradation, et un vol (voiture)avec destruction. Son casier ne porte aucune mention mais la police de Montceau le connaît. Le tribunal pour enfant l’a condamné la semaine dernière pour des faits de violences conjugales (une gifle à sa copine lors d’une dispute) commis fin 2020. 5 mois de prison assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. « C’est d’autant plus grave, ce que vous avez fait, le 14 janvier. » Aïe, aïe, aïe, on part comme en roue libre car on apprend qu’il ne respectait pas vraiment le cadre du contrôle judiciaire. Rendez-vous trop espacés, pas assez contenant pour lui, et puis, il reprend la relation avec sa copine. Aïe.

« C’est à vous de vous démener, monsieur, pour travailler »

D’où les questions « comment vous faire confiance ? », « que faire pour que vous ayez peur de la justice et que vous vous teniez à carreau ? ». Il dit qu’une nuit en prison, c’était suffisant pour qu’il comprenne. Ses parents sont séparés, il vit tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, il est à la recherche d’un emploi. Il a eu un CAP puis quelques missions très courtes d’intérim. « Je suis motivé mais sans permis, à Montceau, c’est compliqué, il faut pouvoir se déplacer. » Il a dit que lorsqu’il est désœuvré il fait n’importe quoi. « C’est à vous de vous démener, monsieur, pour travailler. » Pas d’alcool, un peu de cannabis.

« J’attends de la sévérité, pour les policiers que je représente »

L’AEM écrit que la détention à domicile n’est pas possible (pas eu le consentement de la mère), la semi-liberté n’est pas possible vu que pas de permis pour faire des trajets, les jours-amendes ne sont pas possibles vu que pas de situation financière. …
Maître Bibard parle pour les policiers : « Il est parfois difficile de se rendre compte, dans le confort de la salle d’audience, de ce que vivent les policiers. Celui-ci était déchaîné, déterminé, a dit un des fonctionnaires. » Dossier « désagréable » d’« atteinte physique », sur « une scène qui dure dix minutes ». « J’attends de la sévérité, pour les policiers que je représente. »

« Il ne respecte pas la force publique, ni les biens d’autrui »

Le procureur requiert une peine de 6 mois de prison avec maintien en détention : « Oui, il est violent. Il ne respecte pas la force publique, ni les biens d’autrui. » En plus, avec une condamnation toute récente… « Monsieur n’a rien compris, il ne veut rien comprendre. Le fait qu’il soit si jeune n’est pas un élément en sa faveur, il faut un coup d’arrêt. » Maître Faure-Revillet : « Il a collaboré avec les forces de police, puisqu’il a reconnu savoir que le véhicule était volé, il était facile de le nier. » Sur la rébellion, l’avocate plaide « l’instinct de survie », « il se débat ». Mais en audition il répète avoir voulu s’enfuir, comme son copain, mais n’a pas voulu faire mal. « Il présente ses excuses plusieurs fois en auditions. »

Son avocate plaide pour « une peine éducative »

« Il n’aime pas sa vie, il s’ennuie, il traine et fait de mauvaises rencontres. Il a dit : Moi tout ce que je veux, c’est travailler. Son objectif : avoir une vie comme tout le monde. Mais à 18 ans il est confronté à la violence des réalités de la vie, comme trouver du travail. Ce n’est pas facile. » L’avocate plaide toutes les possibilités alternatives à la prison, comme le travail d’intérêt général, et/ou le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé). « Une peine éducative. » « Quand on arrive en prison, il faut se mettre tout nu, et psychologiquement c’est très violent. » Le prévenu réitère ses excuses auprès des policiers.

Incarcéré 6 mois puis un suivi renforcé

Comme le lui ont dit les magistrats : le tribunal pour enfant, c’est terminé. Le jeune prévenu est condamné à une peine de 12 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans. Obligations de travailler, de suivre des soins, de réparer les dommages causés, d’intégrer le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé), et d’effectuer 105 heures de travail d’intérêt général. Il est maintenu en détention pour les 6 mois ferme. Ensuite il bénéficiera d’un suivi pluridisciplinaire pour l’aider à accrocher les wagons, ceux qui permettent d’aller de l’avant, mais il faudra compter avec le jugement à venir fin février. Aïe, aïe, aïe.

 

Florence Saint-Arroman

 

 






Le commentaires sont fermés.