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jeudi 5 janvier 2023 à 19:59

Faits divers à Montceau-les-Mines

Menace de mort par geste, deux adolescentes effrayées



 

 

 

Ce jeudi 5 janvier, s’achève, au tribunal, sur les tristes faits commis un homme, syrien, âgé de 32 ans, sous le coup d’une OQTF*, assigné à résidence à Dijon le 9 novembre, arrêté à Montceau-les-Mines le 13.

Il errait de ville en ville, un coup ici, un coup-là, dormant dehors. Un quotidien errant arrosé de Vodka. Errant mais tout de même fixé principalement sur Montceau où il connaît des gens et peut travailler un peu sur les marchés, dit son avocat, Pierre Ndong Ndong qui s’agace : « Pourquoi on l’assigne à Dijon où il n’est jamais ? » Bonne question, parce que sans papiers administratifs en règles qu’il soit, cet homme n’en a pas moins besoin de pouvoir dormir, manger, se doucher. Depuis ses 27 ans il vit ainsi. Alors, pour tenir le coup, l’alcool. L’alcool à en être saoul, à en perdre la mémoire : il ne sait plus ce qu’il a fait le 13, dit-il, sauf dans un restaurant qu’il a quitté, plantant son coupe papier au manche jaune dans un des fauteuils, furieux qu’on lui refuse une seconde vodka.

Saoul, une journée d’errance et des gestes déplacés

Peu de temps auparavant, il était passé à la boulangerie la Mie Câline où deux adolescentes boivent alors un chocolat et voient cet homme les fixer en passant son pouce de gauche à droite sur son cou, puis ils se dirigera vers elle, lame le long de la jambe pour leur dire qu’avec lui, elles sont en sécurité. Elles s’enfuient à toutes jambes, il en fait autant de son côté. Ensuite, épisode du restaurant, puis, signalé de partout, il n’échappe pas à la police et il est arrêté, portant une baguette de pain sous le bras. Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique, il est placé en détention provisoire le 14 novembre dernier, il est jugé ce jeudi 5 janvier selon la procédure de comparution à délai différé. 

« Vu sa situation administrative, il n’a aucun avenir en France »

« Vu sa situation administrative, il n’a aucun avenir en France », assène le substitut du procureur qui ne voit absolument pas quelle autre peine réclamer que de la prison ferme. Alexandre Marey requiert une peine de 12 mois avec maintien en détention. Avant lui maître Seriot plaidait à charge, pour une des victimes, parlant de « mémoire sélective » et de la gravité d’un geste qui est une menace de mort. En garde à vue, l’homme a refusé de se soumettre à l’éthylomètre.

La défense atténue la portée du geste, tout en comprenant qu’il ait fait peur

Maître Ndong Ndong, en défense, répète qu’il est bien choqué que cet homme comparaisse dans ces conditions puisqu’il ne comprend pas tout et qu’il est par conséquent difficile de savoir ce dont il se souvient. Sur le geste odieux, dit-il, il faut une intention de causer un trouble à la victime, or si on comprend que ce geste ait pu effrayer les jeunes filles, il n’en reste pas moins que le prévenu ensuite, revient vers elle et leur parle : « Pourquoi t’es énervée ? ». « Il n’y a pas d’intimidation » insiste l’avocat. « Donc il n’y a pas ‘des menaces’, il y a un geste. Pourquoi, je ne sais pas. Pas de tentative ne fusse que de toucher l’épaule d’une des filles. La menace n’est pas réitérée, donc dans les termes de la loi, on a une difficulté. »

« Cela fait 5 ans qu’il vit ici sans aide, sans toit, en vagabondage »

« Je rappelle que des monsieur X, il y en aura de plus en plus. Suite au meurtre horrible sur Paris, je lui ai dit que les gens dans sa situation seront plus sévèrement réprimées. Or, suite à l’OQTF, il est conduit en centre de rétention administrative d’où il sortira puisqu’on doit alors libérer des places pour des gens réputés dangereux. On l’assigne ensuite dans une ville où il ne vit pas. Cela fait 5 ans qu’il vit ici sans aide, sans toit, qu’il vit en vagabondage et développe une addiction à l’alcool : c’est comme ça qu’on développe des troubles. » Sur la peine de prison : « Je suis bien embêté, il n’a pas d’endroit où aller. S’il va en prison et qu’ensuite on le renvoie… où ? En Lybie ? On n’y renvoie plus grand monde, ce pays ne délivre pas les laisser passer consulaires. La situation de cette homme-ci est un casse-tête administratif juridique et judiciaire ».

« Il est curable et réadaptable », oui, mais dans d’autres conditions de vie

L’expert psychiatre dit que le prévenu ne souffre d’aucun trouble mental, qu’il est accessible à une sanction pénale, mais qu’il a « des troubles de la personnalité qui se traduisent par des addictions conséquentes », « il est curable et réadaptable ». Oui, mais dans d’autres conditions de vie.

6 mois ferme

Le tribunal déclare l’homme coupable de menaces de mort et de dégradation (le fauteuil du restaurant), le condamne à la peine de 6 mois de prison, ordonne son maintien en détention. Les victimes sont reconnues parties civiles, il devrait indemniser chacune pour les frayeurs dont il est la cause.
Pourquoi a-t-il fui son pays ? « J’ai des problèmes en Lybie. Ici, c’est calme, j’aime bien. »

Florence Saint-Arroman

*OQTF : obligation de quitter le territoire français

 

 



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