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mardi 16 mai 2023 à 07:10

Faits divers : Montceau-les-Mines

 S'aimer sans se frapper



 

 

Ils sont assis côte à côte comme deux moineaux sur un fil. Si jeunes. Or le garçon est convoqué pour être jugé et il y a une interdiction de contact entre lui et la fille. « Ça commence bien », dit le président. 

Ce lundi 15 mai, un jeune homme âgé de 22 ans tout juste s’est présenté libre devant les juges. Il est poursuivi pour des violences avec ITT de 3 jours sur sa copine. Elle n’a que 19 ans. Ils sont pas croyables, ils parlent de leurs « ex » comme s’ils avaient déjà vécu longtemps. La scène qui a requis l’intervention de la police s’est passée jeudi dernier, le 11, à Montceau-les-Mines. Elle voulait le quitter, à tout le moins faire une pause « le temps qu’on se rende compte de nos erreurs et qu’on se fait la guerre pour rien ». 

Il lui a serré le cou, y a mis « de la force », dit-elle

Alors ils se sont disputés et une tornade s’est levée dans le logis. Ils sont ensemble depuis 2 mois, se sont mis en ménage un mois après, mais se disputaient déjà et en venaient parfois aux mains. Jeudi dernier, ce fut une scène en plusieurs actes. Retenons-en le cœur, celui qui intéresse le parquet : il lui a serré le cou, y a mis « de la force », dit-elle. Elle n’arrivait plus à respirer, elle a eu peur. D’ailleurs Charles Prost, vice-procureur, ramène le prévenu sur le déséquilibre entre eux : elle a eu peur et pas lui, et il a plus de force qu’elle. Le prévenu lui renvoie qu’il a lui aussi trois jours d’ITT puisque la jeune fille lui a rendu « la pareille ». 

La victime ne semble pas savoir nommer la violence

Elle rend « la pareille ». Il jette son nouvel iPhone au sol, elle lui éclate sa tondeuse. Les magistrats essaient de trier le contenu de ce sac rempli de bric à vrac, pour voir s’il y a une limite qui marquerait la dangerosité du prévenu (ou pas). La victime est interrogée longtemps. Elle paraît spontanée et de bonne foi mais ne semble pas savoir nommer la violence, ni savoir, elle non plus, qu’il y a des limites à ne pas franchir. Par exemple, s’il l’a prise à la gorge il y a 15 jours, c’était un peu de sa faute à elle, parce qu’elle faisait « une crise d’angoisse », dit-elle aux juges avec une ingénuité qui pose problème. 

« Serrer le cou » est un geste très violent et pas anodin du tout

Alors, ce problème-là, celui d’une victime qui minimise la portée de ce qu’elle a vécu, le procureur s’en charge : « Madame a été étranglée 3 fois. Elle reconnaît des actes de violence aussi, mais elle décrit 3 scènes. Lorsque les services d’urgence arrivent, elle est en pleurs, elle n’a plus de voix. Serrer le cou est un acte d’agression, parce que le cou, c’est une zone vitale du corps. Monsieur est impulsif, d’une impulsivité dangereuse. La violence qu’on lui reproche n’est ni réciproque, ni légitime. » Le magistrat requiert la peine de 6 mois de prison avec sursis (le prévenu n’a pas de casier) et une interdiction de contact pendant 3 ans (que le temps fasse son œuvre, ndla).

« De telles sanctions, je trouve ça un peu fort »

Ni le jeune homme ni la jeune fille n’ont d’avocats… C’est au garçon de parler pour sa défense : « Alors moi, je trouve un peu injuste d’avoir de telles sanctions. Mes actes sont conséquents, mais de telles sanctions, je trouve ça un peu fort. » Il redit ce que son père a écrit à l’intention du tribunal : « En aucun cas je ne suis agressif ou violent avec d’autres. » Il a pu déclarer qu’il n’avait pas de chance, qu’il tombe sur des filles impulsives.

Interdiction de contact pendant 18 mois

Le tribunal le déclare coupable et le condamne à la peine de 4 mois de prison avec sursis, à l’obligation de suivre un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales et sexistes, à indemniser la jeune femme à hauteur de 100 euros pour son préjudice moral, et à l’interdiction de tout contact avec elle pendant 18 mois.
Les deux jeunes repartent, côte à côte, puis leurs chemins se séparent. Elle ne devra plus essayer de le joindre, et lui non plus. C’est sans doute la peine la plus difficile à respecter, mais il a 4 mois de prison qui sont révocables si jamais…

FSA

 



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