Autres journaux



vendredi 16 juin 2023 à 07:03

Faits divers : Montceau-les-Mines

Son suivi psy s’arrête, il s’exhibe en public



 

 

Il est tout perdu d’avoir à comparaître devant un tribunal, escorté par la police. Il n’a pas de casier, « c’est la première fois ». Pas de casier mais des difficultés, ça oui ! Et des faits d’exhibition sexuelle récents.

Ce monsieur corpulent s’est exhibé récemment « dans un parc », précisera la procureur, de Montceau-les-Mines, parce qu’il vit à Montceau, qu’il est seul depuis 2010 et que ça doit lui peser. Or il avait déjà déballé son bazar en septembre 2022, « à l’arrière du magasin Darty » explique la présidente Milvia Barbut. Il devait passer en CRPC mais la réitération des faits l’envoie en comparution immédiate. 

 

Le prévenu voudrait être assisté par l’avocat qui était vers lui pendant sa garde à vue. Maître Leray doit l’aider à le dire, à oser le dire, parce qu’en dépit du calme avec lequel la présidente s’adresse à lui, il répond « je ne sais pas quoi dire, je suis pas bien, je suis stressé ». La présidente rebondit sur sa difficulté à décider pour mettre la question d’une nouvelle expertise psychiatrique dans les débats. Le prévenu est placé sous curatelle renforcée. La procureur ne s’y oppose pas, « même si on a beaucoup de difficulté à avoir des experts psychiatres ». 

 

Décidément il y a des difficultés partout. Maître Leray estime qu’une nouvelle expertise s’impose puisque l’ancienne, de 2021, ne fait pas état de la dégradation manifeste de l’état général de ce monsieur. Il est reconnu handicapé depuis ses 22 ans. Il a fréquenté un IME mais ne sait ni lire, ni écrire, ni calculer. Il prend « 4 médicaments midi et soir et 1 à midi » : épilepsie, diabète et beaucoup d’angoisse et de stress. La difficulté d’exister, la douleur de vivre, est un mal répandu, mais pour certains c’est plus difficile que pour d’autres, surtout dans une société qui n’offre plus de places parmi les autres à ceux-ci, à celles et ceux qui sont comme lui. 

 

Alors, prison ou contrôle judiciaire en attendant le jugement ? « Prison », dit le parquet, « dans l’intérêt de la société ». « Contrôle judiciaire » plaide l’avocate, dans l’intérêt de son client (qui, franchement, porte assez peu atteinte aux intérêts de la société) : monsieur a une adresse stable, il est suivi par le juge des tutelles, il s’est toujours présenté aux diverses convocations, il a une curatrice qui peut l’accompagner. Sur le risque de réitération, Mathilde Leray observe : « Monsieur a été suivi dans le cadre de soins jusqu’en 2019. En 2019, les soins s’arrêtent et les faits commencent. Vous pourriez vous saisir d’un contrôle judiciaire pour astreindre monsieur a une obligation de soins. »

 

Le tribunal joint les deux procédures, renvoie le jugement au 27 juillet prochain, ordonne une expertise psychiatrique et le placement de monsieur sous contrôle judiciaire. « Monsieur, vous aurez surtout une obligation de soins. Votre curatrice sera avisée de la date de l’audience. Contactez votre avocat. »

 

FSA 

 

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer