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vendredi 29 mars 2024 à 12:32

Faits divers : Montceau-les-Mines

La violence du vol à l’arraché et ses conséquences



 

 

La femme âgée de 86 ans ne s’est pas remise du choc. Alors qu’elle venait de retirer de l’argent à un distributeur et qu’elle avançait lentement, tirant son caddie, un homme lui a arraché son sac à main. Il n’imaginait pas trouver de résistance, il pensait que vu la fragilité liée à l’âge ça se ferait tout seul, ce ne fut pas le cas.

Il a dû tirer fort. La dame est tombée. C’était place de l’Eglise à Montceau, le 2 décembre dernier au matin. Un témoin est intervenu, il a maîtrisé le voleur. C’est ainsi que la police a pu le coffrer direct et que la dame au visage ensanglantée est emmenée à l’hôpital. Elle a eu 12 jours d’ITT.

La dame ne veut plus sortir faire ses courses. « Les actes commis ont des conséquences sur madame et sa famille », plaide maître Renoux (barreau de Dijon). L’avocate développe les effets de l’agression sur l’état physique et mental de la victime, « choisie parce qu’elle était vulnérable ».

Les faits sont donc graves. Au-delà du vol crapuleux, il y a eu violence, effraction dans le quotidien d’une femme déjà âgée qui cependant menait son quotidien. L’avocat du prévenu rejoint la partie civile dans ce qu’elle dit : l’âge, le choc, la chute, les blessures, « c’est ce que redoutent les familles », parce que ça donne un coup d’arrêt. Il y a un avant et un après.

Pourtant, le prévenu donne à voir sa propre faiblesse, et sa propre souffrance. Il est en détention provisoire depuis début décembre et il en souffre. Ses premiers mots à l’audience de jugement, ce jeudi 28 mars : « Je regrette le mal que j’ai fait à cette dame, et je m’en veux beaucoup, et je culpabilise, et ça me donne une mauvaise image de moi. » Rien que ça et on voit que cet homme ne va pas bien du tout.

Il aurait pu faire un autre choix que l’agression (?)

La présidente Barbut en appelle à la raison (c’est le propre de l’institution judiciaire : on n’a pas ouvert le bal de n’importe quoi, sinon pas de vie sociale possible), genre : s’il avait vraiment faim, comme il le prétend (il dit que l’UDAF ne lui avait viré son argent hebdomadaire), pourquoi ne pas avoir simplement volé un sandwich, au lieu de blesser quelqu’un, quelqu’un de fragile en plus ?

[Ça fait 14 ans qu’on assiste à des audiences pénales, on se permet ici de souligner l’art de la présidente qui parvient à tenir sa position de juge, dans le cadre rigoureux de sa fonction, et le respect de la personne dans le box. « Je ne veux pas contredire votre détresse mais le premier réflexe quand on a faim c’est peut-être de… » – N’en déplaise, cette qualité n’est pas donnée, ou acquise, à tous les professionnels – ndla.]

« Il a besoin de soins ! »

Le prévenu n’est pas accessible à ce discours, piégé entre sa part de mauvaise foi (pour éviter ce qui lui est le plus désagréable, comme tout le monde) et sa façon d’être au monde, si difficile qu’il est régulièrement hospitalisé, de son fait ou sous contrainte. A sa sortie, il joue à chat avec les soins, et pourtant, vient dire la curatrice de l’UDAF, présente à l’audience (maître Diry salue cet effort, qui met du lien entre tous) : « Il a besoin de soins ! »

La demande sociale est puissante…

Déjà condamné, cet homme. « Pour vol de sac à main » lui dit la présidente. Il le reconnaît mais ajoute « j’ai été gracié » … Il avait eu une condamnation avec sursis, sursis révoqué plus tard. Y a rien qui va. Comment juger quelqu’un qui est dans cet état ?
On se réfère à l’expertise psychiatrique. Il se trouve que l’expert qui a vu monsieur est un des meilleurs (parmi ceux qui restent… carence d’experts psy). Il est honnête : « le jour de l’examen », le psychiatre n’a pas observé de symptômes de psychose. C’est d’une honnêteté qu’il faut saluer.
La demande sociale est si forte et si insistante, on veut « savoir », en avoir le cœur net : fou ou pas fou ?, que bien des médecins ou des psychologues répondent à la demande, à la pression. Cet expert ne peut pas le dire sur un temps d’entretien si court. Voilà. Que veut-on ? Des cliniciens honnêtes et consciencieux ou de l’abattage à des fins de gestion ?

Il projette la cause de ses maux, ça lui permet de les expliquer (moyen répandu également !)

Pas d’altération du discernement, pas d’abolition, a fortiori. Le prévenu aurait évoqué qu’il entendait des voix ? La présidente l’interroge, l’homme répond, honnêtement semble-t-il : « Non… Non… C’est des instincts sur le moment, quand je suis mal. » Il tâte parfois de la cocaïne.
Le prévenu projette sur l’UDAF la cause de ses maux. Un juge lui répond que sans l’UDAF il serait criblé de dettes, qu’il est sous curatelle renforcée pour être protégé. On ajoute que l’UDAF aimerait bien qu’il soit en outre soigné ! (Ainsi il serait mieux protégé, et les passants dans la rue aussi, ndla)

Sur la crête

Le procureur dit que « la vie n’a pas été tendre avec lui », mais qu’il « s’en est pris à plus faible que lui », « il a toujours reconnu les faits, a exprimé les faits », mais « pathologie de type état-limite », passages à l’acte « hétéro agressif » : il requiert une peine de 20 mois de prison dont 12 mois ferme en détention et 8 mois assortis d’un sursis probatoire.

« Mon appartement me cause beaucoup d’inquiétudes en prison »

Maître Diry plaide avec finesse, revient sur « les troubles du jugement » que relève l’expert psychiatre, insiste lui aussi sur le cadre thérapeutique indispensable.
Le prévenu a la parole en dernier : « Si y a une peine à prolonger (il a déjà fait 3 mois de prison, ndla), il faut revoir mes soins. Pour que je m’occupe de ma mère, de mon appartement. Mon appartement me cause beaucoup d’inquiétudes en prison. Si possible, il faudrait un aménagement. »

12 mois en prison puis sursis probatoire renforcé

Le tribunal le dit coupable, le condamne à la peine de 24 mois dont 12 mois assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant deux ans. Obligations de soins en addictologie et en psychiatrie, obligation de réparer les dommages causés, obligation de payer le droit fixe de procédure. Interdiction de porter une arme pendant 5 ans.

La présidente lui explique tout. Il ne cille pas.

FSA

 

Faits divers à Montceau-les-Mines

 






2 commentaires sur “Faits divers : Montceau-les-Mines”

  1. marius dit :

    A lire cet article, on va finir par s’apitoyer pour ce pauvre délinquant à qui on trouve des circonstances plus qu’atténuantes!!!! Ce genre d’individus sont toujours bien conseillés par leur avocat à dire ce qu’il faut pour s’en sortir, par exemple l’esprit de repentance. Bientôt on dira que les victimes n’avaient rien à faire à cet endroit et qu’elles l’ont bien cherché. Lamentable!!!!! A méditer.

  2. 5 ans d ‘interdiction de porter une arme ??????? mais c’est quoi ces lois a la con. donc apres 5 ans il a le droit de porter une arme et agresser une personne ??????