Faits divers : Montceau-les-Mines
Violences sur conjoint, « Etes-vous conscient de la violence de vos gestes ? »
Le prévenu décrit une femme hors d’elle, qui menace de se suicider : « J’ai dit, j’appelle la police, ça va trop loin. » Et il appelle la police lui-même. Pour autant il comparaît ce jeudi 30 mai pour répondre de violence sur sa compagne.
Quand la police arrive au domicile de madame, à Montceau, dans la nuit du 28 au 29 mai, elle constate que la porte vitrée de la cuisine est brisée, que l’appartement est comme retourné, que monsieur a une marque sur le nez mais que madame, elle, en a plein le visage, outre des traces de doigt autour du cou et une plaie à la jambe droite (coupée par les bouts de verre de la porte).
La femme a 5 jours d’ITT. Monsieur, 32 ans, avait une alcoolémie d’1,78 gramme. « On avait bu les deux bouteilles de vin blanc et on allait prendre le gin. »
Un prévenu qui ne s’arrête plus de parler
Voilà, une altercation violente alors que les deux ont trop bu, une de plus. Mais le prévenu se défend, longuement et volubilement d’avoir été franchement violent. Il s’appuie sur le fait que c’est lui qui a appelé les forces de l’ordre pour tâcher de convaincre le tribunal que sa compagne avait perdu tout contrôle d’elle-même et qu’il voulait « la calmer ». Ce qui revient souvent, dans le fleuve de parole qu’il déverse, c’est l’expression : « je me suis dit, ça va trop loin ».
Une relation toute récente qui tourne au vinaigre sans attendre
Ces deux-là se sont rencontrés dans un bar, début février. Au début, c’était « génial », et il s’installe très rapidement chez elle. La femme, entendue, dit que très vite (cela ne fait au total que 4 mois de relation) il l’insulte, la menace, et, à chaque fois qu’il boit, la frappe. D’ailleurs elle a encore un hématome à l’œil, il date de 15 jours. Le prévenu le reconnaît.
A la charge de l’homme, le témoignage de son ex qui parle, elle, de « relation toxique ». Ils ont vécu ensemble de mai à septembre 2023. « C’est quelqu’un de gentil mais rabaissant. Il me fait toujours peur. »
Avec les soins, ça va mieux, sauf ce soir-là, j’ai fait une rechute, je m’en excuse
L’impression qu’on garde de l’audience, c’est que ce prévenu a le baratin assuré. Pour autant, et son avocate le plaidera avec intelligence, c’est aussi un homme que sa mère frappait quand il était petit et qui est devenu dépendant de l’alcool. « L’alcool, oui, mais avant je me mettais sur le dos tous les jours, maintenant, avec les soins, ça va mieux, sauf ce soir-là, j’ai fait une rechute, je m’en excuse. »
La présidente Noirot, admirable de calme, en cette sixième heure d’audience, lui dit que le tribunal a l’impression qu’il ne fait rien dans le bon ordre, à se mettre en ménage à toute vitesse, sans prendre le temps de régler ses problèmes, de se poser, de structurer sa vie.
« Etes-vous conscient de la violence de vos gestes ? »
Là-dessus, une juge assesseur synthétise le problème : « Madame décrit des gestes incroyablement violents mais vous ne reconnaissez qu’a minima, alors que vous lui avez marqué le cou de l’empreinte de vos doigts. Etes-vous conscient de la violence de vos gestes ? – Oui, oui. – Vous avez pourtant été condamné en décembre… – Pourtant un gros travail a été fait dessus. »
Ce que le prévenu dit de ce gros travail qui lui a été proposé (en sus des soins imposés décision de justice) : sophrologie, musicothérapie.
Deux condamnations, pour des violences
A son casier, deux condamnations : en 2015, 4 mois avec sursis, pour vol avec violence, en décembre 2023, 5 mois assortis d’un sursis probatoire pour violence sur ascendant, cette condamnation le met en état de récidive légale, et les faits récents sont commis pendant sa période de probation. « Des faits graves » dit la représentante du ministère public qui s’appuie sur les photos du visage de la victime, le certificat médical, le témoignage de l’ex-compagne pour requérir une peine de 15 mois de prison avec maintien en détention, et la révocation de 3 mois du sursis de 2023 (ça ferait 18 mois ferme) et l’interdiction de contact et de paraître au domicile de la victime pendant 3 ans.
« Tout seul, il n’y arrivera pas »
« Les faits sont caractérisés et vous condamnerez, commence maître Andali, mais… » L’avocate plaide la peine : entre le sursis probatoire et la prison ferme, il existe la peine mixte.
« L’alcool, c’est un vrai problème pour lui et pour tous les gens qui l’entourent. Mais il faut du temps, ce n’est pas en 5 mois qu’on vient à bout de cette addiction. Monsieur n’est pas seul, il est accompagné par une association, il a déjà travaillé, il retrouvera du travail. Ça compte, quand même. Dans son enfance il a été victime de violences. Ça n’excuse pas son comportement mais quand on a connu ça, on peut le reproduire et pour en sortir, ça prend du temps. Et tout seul, il n’y arrivera pas. »
8 mois ferme, incarcéré, puis deux ans de probation
Le tribunal dit le prévenu coupable, et le condamne à la peine de 12 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de soins et de travailler, interdictions de contact avec la victime ainsi que d’aller chez elle. Le tribunal révoque en outre 2 mois du sursis antérieur, avec incarcération immédiate. Ça fait 8 mois ferme. Le jeune homme intarissable ne dit plus rien depuis que son avocate a pris la parole, il reste muet à l’annonce de sa peine.
FSA