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vendredi 4 juillet 2025 à 06:13

Montceau-les-Mines

5 ans de prison pour un geste ivre de violence, une violence meurtrière



 

 

Le prévenu parle d’une voix traînante. La juge est rapidement sèche : « Vous aviez une arme à la main et vous menaciez de la tuer. – Euhhhh… moi je pense avoir dit, honnêtement : ‘Tu veux que tes enfants, ils perdent leur mère ?’ – MAIS VOUS AVIEZ UNE ARME CHARGÉE À LA MAIN, MONSIEUR ! »

Dans le box, ce jeudi 3 juillet, un homme né en France en 1983. Il sortait depuis un an avec une femme de Montceau et vivait chez elle depuis 6 mois. Mais le 4 mai dernier en soirée : alcool, jalousie, dispute. Des faits incroyablement violents. Ça commence par des gifles dans la rue, la mettre au sol, l’étrangler, la traîner en la tirant par les cheveux. Puis une fois à l’appartement, l’homme sort une arme de dessous un coussin. La femme ne sait pas qu’il y a une arme chez elle. L’arme est chargée.

A l’audience le prévenu soutient que « quelqu’un » lui a « confié » cette arme, mais qu’il ne peut pas en dire plus. Dans l’appartement il a visé la femme et il a appuyé sur la détente. La détente d’un pistolet 22LR, « LR » pour « long rifle ». Les policiers mettront la main, en outre, sur 32 cartouches.
« Vous êtes conscient que vous auriez pu comparaître devant une cour d’assises pour tentative de meurtre ou d’assassinat ? »

La terreur

Il reconnaît avoir voulu tirer ! Il avait 1,3 gramme d’alcool par litre de sang mais ça ne change rien, ça reste un geste fou. Un geste ivre de violence, d’une violence à ce stade, meurtrière.
Et, à quoi tiennent les choses ? Le pistolet était armé, la sécurité ôtée, mais « le percuteur était bloqué par le chargeur mal engagé ». Il a tiré. Trois fois. Mais rien ne s’est passé à part un coup de crosse sur le crâne, pour finir, et la terreur de la victime qui parvient à prendre l’arme, à repousser l’homme en lui donnant des coups et à appeler une amie pour qu’elle alerte la police.

La femme est présente à l’audience. Un certificat médical constate des hématomes divers sur tout son corps, la femme a un épanchement de sang sous le crâne, du côté gauche et un état de stress pas enviable. Le médecin fixe une incapacité de 30 jours.

Déjà condamné 2 fois pour des violences sur ses compagnes précédentes

Le prévenu commence, en garde à vue, par tout contester. C’est madame qui a été violente, etc. Il est en détention provisoire depuis le 5 mai, et le 9 mai il a demandé un délai pour préparer sa défense. Ce jeudi 3 juillet, il reconnaît, du bout des lèvres, du bout de sa lenteur à dire quoi que ce soit.

Les juges de l’application des peines qui siègent, cuisinent l’homme parce que, voyez-vous, il est sous le coup de deux sursis probatoires. A son casier, 9 condamnations pour des outrages, des infractions liées aux stupéfiants, des délits routiers et puis 3 peines pour des violences dont 2 sur des femmes avec qui il sortait avant. Il est en état de récidive légale.

« Et il ne fait pas semblant de tirer ! Trois fois, il a essayé ! »

« La réalité de ce dossier, c’est une scène apocalyptique. On a froid dans le dos. » La procureur recense « les gifles multiples », la femme « traînée à terre », « l’étranglement », « le coup de crosse au visage » et enfin, « les menaces de mort avec une arme réelle pointée sur elle ». « Et il ne fait pas semblant de tirer ! Madame ne soit sa survie qu’au fait que le chargeur était mal engagé. Trois fois, il a essayé ! C’est ça, la monstruosité de ce dossier. »

La procureur requiert une peine de 4 ans avec maintien en détention et des révocations des sursis en cours à hauteur de 19 mois en tout. Soit une peine de prison de 5 ans et demi.
Maître Andali plaide « une véritable prise de conscience », « il s’est excusé plusieurs fois, il faut le prendre en compte », « il est seul, sa famille lui tourne le dos ».

Décision : 5 ans, en tout, de prison ferme

Le tribunal déclare l’homme coupable, le condamne à la peine de 5 ans de prison dont 1 an est assorti d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de travailler, de suivre des soins, de réparer le préjudice causé (dont il est dit entièrement responsable), de payer le droit fixe de procédure. Interdiction de tout contact avec la victime ainsi que de paraître à son domicile. Maintien en détention pour les 4 ans ferme.
A quoi s’ajoute la révocation du sursis de 2023 à hauteur de 12 mois, avec incarcération immédiate.

Peines complémentaires :

Interdiction de contact avec la victime pendant 3 ans (au cas où l’interdiction contenue dans le sursis probatoire sauterait, si les 12 mois en sursis étaient révoqués, la peine complémentaire subsiste, c’est un verrou de sûreté).
Interdiction de porter une arme pendant 5ans, privation du droit d’éligibilité pendant 5 ans.
Le tribunal ordonne une mesure d’expertise médicale de la victime, renvoie sur intérêt civil.

L’homme écoute l’énoncé de la décision, debout, les bras croisés. « Pas de contact pendant la détention, ni après » insiste la présidente. Puis l’homme semble un peu tendu. 5 ans, c’est long.

FSA 

 



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