Celui-ci buvait la tasse, jusqu’à ce que le 7 avril dernier, à Montceau, il commette 4 infractions en même temps. Ce 27 novembre, il est passé devant le procureur de la République. Il se tient face à la juge chargée de l’homologation de la peine, elle lui demande de s’expliquer un peu.

Le prévenu a une trentaine d’années. Il est natif de la région. Ça faisait 15 ans qu’il travaillait comme boucher mais en novembre 2024, il démissionne, dit-il, sans s’avancer sur ses raisons. En revanche, « c’était compliqué ». Petit à petit, au fil des mois, le « compliqué » le grignote jusqu’à ce que, en avril : « je suis arrivé dans la rue de mes parents et j’ai percuté le véhicule en stationnement ».

Il était positif au cannabis, sa voiture n’était pas assurée, et il affichait une alcoolémie importante : 2,64 grammes d’alcool par litre de sang. Énorme. Spontanément il dit à la juge : « J’avais pas à boire comme ça ! C’est n’importe quoi. » Plus de 2 grammes atteints à coups de 8.6… cette bière pas chère qui murge pas mal de monde vu qu’on en entend parler tout le temps aux audiences.

La santé psychique, cette grande inconnue

Pour vivre sans sombrer, il faut avoir le pied marin : tout bouge tout le temps, et chaque jour il faut trouver son point d’équilibre. C’est bien pour ça qu’il y a des gens qui n’aiment pas les changements, on ne sait jamais … On ne sait jamais parce qu’en réalité, sur terre, ce n’est pas une question de pied marin, c’est plutôt une affaire de psychisme, or la santé psychique de chacun est toujours une inconnue pour chacun. On l’éprouve au gré des épreuves qu’on rencontre, et bien souvent malgré les complications qu’on observe et qui nous encombrent, on préfère l’ignorer, et on s’en défend, et parfois ça conduit loin, ou nulle part au contraire, c’est selon. Avec, toujours, cette question lancinante : « Pourquoi ? »
Voilà qui interroge, ou devrait, la question de la « réadaptation sociale » que la société appelle de ses vœux, pour des raisons globalement légitimes (il faut bien qu’une société « tienne ») mais qui, voyez-vous, se heurte à la question psychique : un être humain n’est ni une pendule qu’on règle selon ses besoins, ou un Lego qu’on démonte, qu’on remonte, pour lui donner la forme qui semble convenable. Il y a une erreur d’aiguillage dans les moyens que choisit le corps social.

« Ça vous place devant vos responsabilités »

Ce prévenu dit qu’il a arrêté de boire, aidé par son entourage, sa famille, ses amis. Les stups, c’était occasionnel. La voiture emboutie ? « C’est celle d’une voisine, j’ai commencé à l’indemniser. »
Le travail ? Il en cherche mais sans permis de conduire et sans voiture, « c’est très compliqué ».
« C’est intéressant, ça vous place devant vos responsabilités » observe la juge.
Et le défaut d’assurance, alors ? « J’avais acheté la voiture le vendredi, je devais l’assurer le mardi. » Soit.
A son casier, une condamnation pour conduite sous l’empire de l’alcool (déjà) en 2018.

Deux ans sous main de justice et pas mal d’argent à sortir

Le procureur de la République lui a proposé une peine de 10 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation de soins en addicto, de travailler, de réparer les dommages causés, de payer le droit fixe de procédure (majoré de 210 euros en cas de conduite en ayant fait usage de stupéfiants : ça double presque le droit fixe, de 254 euros à la base). Enfin, il devra suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière et payer une amende de 40 euros.

En gros il devra sortir 700 euros (464 euros de droit fixe, environ 200 euros de stage, et l’amende), en dehors de ce qu’il va donner en réparation des dommages causés au véhicule embouti, et puis il faudra trouver du travail, repasser son permis, acheter une voiture. Rien d’impossible mais il faut un mental de sportif pour y parvenir, pour ne pas flancher par houle forte.

FSA