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mardi 13 avril 2021 à 15:55

Métallurgie des poudres et lancement de Calhipso

  Un projet d'envergure nationale voire davantage !



 



 

Initialement prévue en visioconférence, le lancement de Calhipso ce mardi matin au Château de la Verrerie au Creusot a donc eu lieu en présentiel. Si le comité a été réduit au strict minimum, l’enthousiasme de ce lancement ne l’était pas, loin s’en faut !

Et c’est David Marti qui indiquera plus tard dans le déroulé de la matinée sa volonté du rassemblement de ce mardi matin pour lancer Calhipso, un projet qui a bien failli ne pas voir le jour.

 

En premier lieu, c’est un binôme qui débute la présentation de ce mardi matin, un duo composé de Frédéric Bernard, universitaire et chercheur, spécialiste en métallurgie des poudres et Frédéric Debleds, directeur général de la SEMCIB (agence de développement de la communauté urbaine).

 

La métallurgie des poudres, pour allier réduction des quantités des matériaux et plus grande qualité

 

Frédéric Bernard est chercheur à l’université de Bourgogne Franche-Comté et spécialiste de la métallurgie. Il s’est intéressé très tôt aux alliages de fer au cours de sa carrière. Fin des années 1980, il part aux Etats-Unis et y développe une technologie en utilisant des poudres. Il explique : « On apportait de la température et de la pression. » Ces deux éléments simultanés permettent la création d’une pièce dense en quelques minutes.

Le procédé ainsi présenté permet de réduire la quantité de matériau nécessaire et une meilleure qualité du produit.

« On va vers de nouveaux alliages » précise le chercheur.

Et de poursuivre sur l’amélioration du procédé : « Dans le temps, on est venu à développer la compression à chaud isostatique (une pression qui a lieu dans toutes les directions de l’espace). »

 

Ces travaux ont débuté avec le ministère de l’industrie, des travaux qui ont l’intérêt par exemple de réduire les soudures.

Le travail d’usinage de finition reste toutefois nécessaire, mais le produit ainsi réalisé semble plus proche des côtes attendues selon le chercheur.

 

D’Excalibur à Calhipso en passant par Cicéron

 

Il aura fallu 8 ans et 4 noms pour que le projet trouve son chemin et « mette le feu au poudre » selon l’expression employée par David Marti en fin de matinée.

 

Frédéric Bernard rappelle l’historique du projet et les différents noms qu’il a pu revêtir Excalibur avec et sans e, Cicéron puis Calhipso.

Et c’est le premier confinement de l’an dernier qui a aidé le chercheur à y voir plus clair dans le projet, donnant naissance à Calhipso : C pour compression, A pour assemblage, L pour l’alliage métallique, I pour isostatique et So pour solution innovante.

 

Calhipso constitue le projet d’une plateforme de recherche en France, plateforme destinée à travailler sur la métallurgie des poudres. L’idée de cette plateforme est de pouvoir accompagner et répondre à des besoins d’industriels.

Cette plateforme va réaliser deux investissements. Le premier a lieu sur le site de Grenoble, afin de mieux comprendre cette technologie (installation de capteurs pour mesurer les phénomènes). L’outil ainsi mis en place sera mis à disposition des industriels. La machine de Grenoble sera complémentaire de celle existante à Dijon. Le deuxième investissement consistera à installer une machine au Creusot pour gérer les changements d’échelle (passage de la maquette à la pièce en taille réelle). La machine ainsi conçue aura tout l’environnement existant dans le milieu industriel, ce qui constitue une vraie prise de risque. Actuellement, une telle machine peut être conçue aux Etats-Unis ou en Suède.

 

Et c’est d’ailleurs au Creusot que sera installé le siège de Calhipso.

 

Frédéric Bernard a achevé sa présentation en indiquant les ambitions européennes du projet, afin de faire du Creusot le centre de l’Europe, rappelant au passage que les pièces les plus importantes en métallurgie sont fabriquées en métallurgie des poudres.

 

L’objectif du projet est donc d’avoir une machine industrielle pour produire. Et c’est aussi l’occasion d’offrir un outil performant de recherche et développement pour soutenir les entreprises dans leur développement.

 

Calhipso, la métallurgie d’avenir

 

Pour Frédéric Debleds, directeur général de la SEMCIB, « on est sur la métallurgie d’avenir. On va être sur un centre de recherche et de développement qui fera le lien avec le monde industriel. On a d’ailleurs prévu d’accompagner les partenaires pour ce développement. »

 

La SEMCIB a ainsi 4 missions :

  • la promotion de la technologie dans le monde industriel. Un livre blanc est en cours de rédaction.
  • Fédérer les industriels autour de cette technologie
  • la structuration : structurer juridiquement les liens
  • la formation professionnelle : à terme créer une vraie filière de formation, y compris pour les opérateurs de production.

 

David Marti, Président de la CUCM, s’est réjoui pour sa part, revenant sur le fait que les élus étaient à deux doigts de renoncer au projet quand celui-ci a été labellisé par l’État en décembre dernier. « Un cadeau de Noël » selon les mots de Jean-Claude Lagrange.

 

David Marti rappelle aussi que la métallurgie des poudres avait été développée en Lorraine aussi, sous l’impulsion de François Hollande, alors Président de la République et pour relancer l’activité économique de la région.

« Est-ce qu’on allait en concurrence ou en complémentarité ? On a souhaité la complémentarité » a-t-il expliqué.

 

Et de poursuivre : « On est plutôt sur un centre d’excellence de recherche. Il n’y a pas d’avancée de recherche sans industriel. La réindustrialisation du bassin est passée par l’innovation de la recherche. Nous pouvons être fier de tout ce travail réalisé collectivement, même si la technologie n’est pas nouvelle. L’entreprise Evamet travaille dessus depuis la fin des années 1970, début1980. Nous sommes là sur des productions d’avenir et durables. Ce territoire va devenir un centre d’excellence national voire international sur la métallurgie des poudres. »

 

Et de conclure : « Il faut toujours avoir des objectifs. Ce n’est pas une fin en soi ».

 

Calhipso s’appuiera sur le site Technopolitain

 

Jean-Claude Lagrange, Vice-président à la Région Bourgogne Franche-Comté a rappelé le rôle de l’agence Ecosphère dans le développement économique de la CUCM : développement de la filière Mecateam et aujourd’hui Calhipso.

 

Et de poursuivre sur les difficultés rencontrées pour le Mecateamcluster et ces dernières années pour le projet portant sur la métallurgie des poudres : « Ce n’est pas toujours simple d’expliquer le projet. On pourra en plus d’appuyer sur le site Technopolitain. Tout est lié. On doit réfléchir sur une approche globale. C’est ce qu’on fait ». En effet, le site Technopolitain accueillera notamment des élèves de l’école d’ingénieur Esirem, des start-up etc.

 

Jean-Claude Lagrange a ajouté que la thématique des matériaux ouvre la porte des financements européens : « Dans la Région Bourgogne Franche-Comté, il y a des pépites. Il y a des laboratoires qui peuvent donner de l’espoir. ».

La SEMCIB constitue aujourd’hui un acteur solide pour le développement économique de la CUCM puisque son capital a augmenté récemment d’un million d’euros.

 

Jean-Claude Lagrange a aussi indiqué qu’il serait temps que l’État et la Région conjointement mettent plus de poids dans ce type de recherche. Satisfait, il souligne que l’association va prendre son rythme de croisière. Et il positionne déjà les projets portant sur l’hydrogène, la spécialisation industrielle paraissant cruciale aux yeux de l’élu.

 

Le résultat de l’Europe du savoir et de la recherche

 

Ce mardi matin, Vincent Thomas, Président de l’Université de Bourgogne, était aussi présent pour le lancement de Calhipso. Rappelant la place du Creusot en tant que site de l’Université de Bourgogne, le Président s’est ensuite concentré sur un projet « qui nous tient en haleine depuis 8 ans ».

 

« C’est sur trois mandats de Président d’université que le Projet s’est développé. Quand je vois cette pièce (montrant une pièce réalisée avec cette technologie), je me dis qu’il y a des savoir-faire incroyables. C’est le résultat de l’Europe du savoir et de la recherche qui se construit sur la durée. » a-t-il déclaré.

 

L’université a souhaité positionner le siège de Calhipso au Creusot. « Il est important de capitaliser sur l’histoire. Nous allons connaître deux années d’installation et six années de développement. Plus qu’une plateforme, c’est un véritable centre de recherche qui bénéficie du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique). Il y a beaucoup d’excellence dans ce projet, beaucoup d’avenir aussi. » a ajouté Vincent Thomas avant de développer les atouts du projet :

  • la capacité de transfert en direction des industriels,
  • des formations de qualité répondant aux besoins des entreprises.

 

Et de conclure : « Sur cette base solide, c’est en s’unissant que nous pourrons nous appuyer pour faire aboutir ce projet. Calhipso, c’est la préfiguration d’une industrie au Creusot. Recherche, partenariat, renforcement, quelques mots clés que je retiens ».

 

Le projet prendra forme dès septembre prochain avec la pose de la première pierre au Creusot de la plateforme annoncée ce mardi matin.

 

EM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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