Cinémas Les Plessis (Montceau-les-Mines) – Voir la bande annonce !
« Une nouvelle amie » une histoire entre thriller, émotion et incrédulité
L’histoire
À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie…
« Et c’est tout ? » nous direz-vous. Oui, car si votre serviteur vous donnait des précisions, ce serait déflorer le synopsis de ce magnifique film. « Spoiler » comme disent les férus de cinéma… On va juste vous donner un petit indice : Romain Duris part du principe que les garçons naissent dans les choux et les filles dans les fleurs. Le héros de l’histoire prétend être né dans un chou-fleur.
Secrets de tournage
Une nouvelle amie, adaptation libre de l’œuvre de Ruth Rendell, est un projet que François Ozon avait depuis longtemps en tête. Il explique : « J’avais lu cette nouvelle à l’époque d’Une robe d’été, il y a une vingtaine d’années et j’en avais écrit une adaptation très fidèle pour un court métrage, mais je n’avais trouvé ni le financement, ni le casting idéal et j’avais donc abandonné ce projet. »
François Ozon a choisi d’adapter librement The New Girl Friend. Ainsi, la mort de Laura, au début du film, élément déclencheur de toute l’histoire, n’existe pas dans la nouvelle de Ruth Rendell : « J’ai eu cette idée grâce à une conversation avec Chantal Poupaud, qui a réalisé crossdresser, un documentaire sur les transgenres (…). Elle m’a parlé de l’un d’eux, dont l’épouse était très malade, elle savait qu’elle allait mourir et avait choisi de disparaître de la vie de son mari. Pour la faire revivre, il avait alors eu le désir de s’habiller avec les vêtements de sa femme et avait commencé à se travestir régulièrement. Cette idée m’a tout de suite fasciné et ému ». Ce fut l’élément déclencheur pour Ozon qui selon lui, « permet au spectateur et à Claire de comprendre le comportement de David avant de l’accepter. »
Raphaël Personnaz a d’abord été casté pour le rôle-titre de David/Virginia. Mais aux essais, le réalisateur François Ozon n’était pas convaincu et il décida, à la place, de lui proposer le personnage de Gilles, le mari de Claire.
« J’ai vu plusieurs acteurs, avec lesquels j’ai fait des essais de maquillage et de perruques, pour voir à quoi ils ressemblaient en femme, si ça fonctionnait », explique François Ozon. C’est donc un casting un peu particulier qui a été organisé pour trouver l’interprète de David/Virginia. « Romain (Duris) s’est imposé, (…). Il y avait une évidence, une incarnation, un plaisir fétichiste d’enfiler les bas, les robes, sans ironie ou distance. J’avais déjà repéré dans 17 fois Cécile Cassard de Christophe Honoré, sa manière gracieuse et ludique de chanter la chanson de Lola de Jacques Demy. »
Pour entrer dans le rôle de David, mais surtout de Virginia, François Ozon a conseillé à Romain Duris de regarder Crossdresser de Chantal Poupaud et Bambi de Sébastien Lifshitz.
Dans ce dernier film, Duris se souvient que la « féminité ne joue pas uniquement sur le côté sexuel, la drague, le désir. Elle est plus large et intérieure, voire même maternelle. Sa plénitude et sa douceur m’ont beaucoup inspiré pour mon rôle ». A part cette approche par les documentaires, le comédien a préféré de pas rencontrer de travestis mais en a tout de même croisé par hasard quelques jours avant le début du tournage. « J’étais très heureux. Elle avait de belles jambes, elle aurait vraiment pu être une Virginia dans sa façon libérée d’être femme ! »
Quand François m’a demandé quel était mon meilleur profil », commence Romain Duris, « impossible de lui répondre ». Dans ce nouveau rôle, l’acteur a complètement remis en question sa façon de se percevoir. « Je frôlais des questionnements que se posent peut-être plus facilement des actrices, mais qui font entièrement partie de notre métier, même quand on est un homme ». Un changement qui lui a beaucoup plu : « Depuis vingt ans que je fais ce métier, j’essaie de décaler ma part masculine, mais là, d’un coup, j’ai poussé franchement la porte ! » Heureux de pouvoir assumer sa part de féminité et même de réussir à la contrôler, Romain Duris va même jusqu’à affirmer que « Virginia est l’un des rôles qui (l’a) le plus marqué », avant de conclure : « Elle va me manquer ! »