Au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines…
Vois ce qui arrive quand tu bois !
… vois ce qui arrive quand tu bois !
Vendredi 10h les pompiers arrivent toutes sirènes hurlantes, la foule assemblée qui se tient à l’écart d’une voiture accidentée avec un conducteur incarcéré, sent des frissons la parcourir.
La scène se met en place, les équipes jaillissent des véhicules, chacun sait ce qu’il doit faire, et il le fait dans le calme avec un professionnalisme imposant. S’il n’y avait pas le pompier speaker on se croirait témoin d’un vrai accident. Mais voilà nous sommes dans la cour du lycée Henri Parriat à Montceau les mines et la victime de l’accident est un élève de 1ère. Les curieux qui se massent toujours autour des accidents spectaculaires sont en fait 140 élèves très attentifs, enchantés de la démonstration. 140 au parterre, mais un bon nombre aussi aux fenêtres. C’est studieux mais l’on ressent en plus de l’engouement, pas seulement de la curiosité. Et le réalisme est au rendez-vous. Le public assiste en « vrai », sur le vif, a ce qui se produit malheureusement trop souvent sur nos routes. Mais pourquoi ici et maintenant avec ce public ?
En fait il s’agit d’un projet très lourd et très ambitieux porté par 6 jeunes élèves infirmières dans le cadre de travaux d’une unité d’enseignement. La démonstration des pompiers n’est qu’un des éléments de ce qui se décline sur le thème « l’alcool et les jeunes » et comporte des ateliers tous plus intéressants les uns que les autres.
« C’est un projet ambitieux, très pédagogique, amenant des retours très positifs des élèves ! » C’est Madame Bartolomeo, la proviseure adjointe qui s’exprime ainsi. Elle a été impressionnée par les hurlements des sirènes et le réalisme de la désincarcération, tout autant d’ailleurs que par les épreuves des autres ateliers.
« Cela s’inscrit dans notre programme des ‘journées autrement’. Notre comité éducation, santé, citoyenneté conduit un projet de prévention concernant l’alcool, la sexualité, etc. et travaillant sur le partage, les dons d’organes, sur le respect de soi et des autres. Le projet de l’école d’infirmières et de ce groupe de 6 élèves infirmières s’intégrait parfaitement dans le nôtre par son côté très pédagogique. Nos élèves sont très intéressés»
Les 6 jeunes et charmantes élèves de deuxième année de l’école d’infirmière ont mis la barre haut. Elles ont de l’ambition et se donnent visiblement les moyens de cette dernière. Sur place outre un aéropage valeureux de pompiers nous trouvons la police qui dirige un atelier, la sécurité routière, l’administration du Lycée. Il faut fédérer ce monde de professionnels, elles y ont réussi avec succès.
Au début, ce projet qui a nécessité pas moins de 6 semaines pour être élaboré, mis en œuvre et finalisé, devait s’intéressé au binge drinking, puis il est allé vers un plus grand universalisme, une plus grande ouverture au monde de la jeunesse. Et le résultat est là.
Elles n’ont pas hésité à mettre les petits verres dans les grands et à monter une opération ambitieuse de choc. Ces six jeunes femmes ont vu grand et ça marche.
Les ateliers sont les suivants :
– atelier dose : (hic !). Chaque élève doit verser ce qui lui parait la bonne dose en GEt27, champagne et divers autres alcools forts. Leur ration d’apéritif est ensuite comparée avec une dose type comme celles délivrées dans les bars. Et là voili et voiça, hips ! Z’est boucaup drop du tout, hips derechef !
– Les doses sont en moyenne trois fois supérieures à la dose témoin. Ces jeunes ne sont pas des alcooliques, non, ils ont comme la majorité d’entre nous la main lourde sans aucune arrière-pensée. Je m’y serais sans doute laissé prendre aussi.
– Atelier police : (aïe). Les fonctionnaires expliquent avec une réelle pédagogie et une palpable empathie l’éthylotest, ou éthylomètre ou l’alcooltest chez nos cousins du Québec, la notion d’infraction, les mesures de prévention, le tout illustré d’exemples.
– Le parcours avec lunettes floues : (beurk). Ces lunettes sont très spéciales. Au travers vous voyez comme si vous aviez un taux d’alcoolémie maousse, jusqu’à 1,2 et 1,5 gramme par litre de sang. Rien que de les mettre le cœur vous monte aux lèvres.
Alors faire un parcours en trottinette avec ces trucs sur le nez et c’est la sortie de route assurée. Mais pourquoi des trottinettes ? Parce que c’est ce qui se rapproche le plus des deux roues qui sont les véhicules habituels de nos jeunes. Rire assuré quand même.
– Atelier PLS (position latérale de sécurité) : (bonne nuit). Geste de base de tout secouriste si important dans certaines situations comme le malaise vagal.
– La voiture test au choc : (wahou !). Là ça dépote, ça vous scotche (enfin vaut mieux). Le choc simulé se produit en fait à 4 et 7 kilomètres heure, mais comme c’est fait vous avez l’impression qu’il se produit à 30 ou 50 Km/h. Aux vitesses courantes d’un véhicule deux roues.
– Pierre Pacaud de la sécurité routière ne se contente pas de vous faire prendre conscience du danger, et vous faire peur en même temps, il vous en raconte de belles. Comme cet accident où un bébé mal attaché vole contre le parebrise dans un accident à 50 Km/h, rebondit et va s’écraser sur sa mère au volant et la tue. (vive l’atelier dose que l’on boive un petit coup là-dessus… nous plaisantons bien sûr). Et en plus ce drame est authentique, et ça fait réfléchir après le frisson de l’accident simulé.
Là-dessus vous ajoutez la désincarcération et vous avez la chaine complète : Vois ce qui arrive quand tu bois !
Ces jeunes femmes font œuvre de salut public. Souhaitons que ce projet apporte longue vie aux jeunes, réussite aux élèves infirmière et à tous les intervenants de ce jour. Madame Bartolomeo ne peut que tirer un bilan positif de cette initiative.
Gilles Desnoix